vendredi 10 avril 2015

Traversée indochinoise (34) : Hanoï, la capitale du Vietnam


Nous ne sommes plus qu'à 2 jours du Nouvel An. Partout on affiche Happy New Year 2015 ou bien en vietnamien Chúc Mừng Năm Mới (Bonne An !). Maintenant, nous sommes habitués à le prononcer à peu près comme il faut. Partout comme à Hoi An que nous quittons ce matin on vend des milliers de pots de fleurs jaunes. Le jaune est la couleur de la richesse, de la prospérité. Apparemment, les Vietnamiens en manquent parce qu'ils la recherchent avec frénésie ...
Nous refaisons à l'envers la route faite il y a 2 jours jusqu'à Da Nang.
Au moment de nous quitter à l'aéroport de Da Nang, Cung nous fait la bise et un grand sourire. Elle aura été une guide très sympathique mais pas très empressée de nous donner des explications. Et au passage, elle a "oublié" de nous faire visiter un musée à Hoi An. C'était pour nous éviter trop de fatigue, explique-t-elle ...
Au départ de Da Nang, les anciens hangars de protection de l'aviation américaine.
 Arrivée à Hanoï sous un plafond nuageux très bas. Les rizières de la plaine de Fleuve Rouge.
Une fois débarqués à Hanoï en provenance de Da Nang, nous sommes pris en charge par Hung, notre guide dans la capitale, la quarantaine. Il parle avec un accent absolument épouvantable, si bien qu'il faut faire un énorme effort pour tenter de le comprendre.
Hung aime la plaisanterie. Ils nous en fait une sur les Vietnamiens et les chiens. Ici, au Nord, on aime bien manger du chien, du chien d'élevage s'entend ... Un jeune bonze est en apprentissage auprès d'un vieux bonze. Bien qu'il lui soit interdit de manger de la viande, le vieux aime ce plat raffiné qu'est le chien et il en mange en cachette. Le jeune, intrigué, lui pose la question : "Maître, je ne sais pas ce que vous mangez.". Le vieux bonze lui répond :"je mange du tofu". Quelque temps plus tard, un chien errant pénètre dans le temple et vient se battre avec le chien des moines. Le jeune bonze dit alors à son aîné ': "Maître, maître, le tofu de la rue vient d'attaquer le tofu de notre pagode". Et Hung conclut : "Ici, au Vietnam, le Parti communiste parle comme le vieux bonze" (il pratique la langue de bois). 
Hung nous pose des devinettes sur les mots de la langue française, et aussi une devinette mathématique "2 chats sont derrière 2 chats. 2 chats sont entre 2 chats. 2 chats sont devant 2 chats. Combien y a-t-il de chats ?" Réponse 4 chats. Cherchez pourquoi !
Et encore des histoires de jeux de mots en français; l'élève vietnamienne qui dit à sa prof de français, une religieuse catholique : "aujourd'hui, je suis en chaleur", au lieu de dire "j'ai chaud" . Cela le fait beaucoup rire ... C'est sa manière à lui, un peu naïve et touchante, de nous montrer qu'il maîtrise notre langue. Mais, malheureusement, sa prononciation est vraiment trop horrible ! 
Lorsque nous visitons une pagode, Hung nous parle tout d'un coup très bas, et regarde d'un œil furtif autour de lui si personne n'écoute. Il veut nous dire que les Vietnamiens ne sont pas contents du régime politique. Le Parti communiste utilise depuis quelque temps la religion bouddhiste pour faire passer ses messages qui sont désormais inaudibles par la plupart des gens. Les'Vietnamiens ne s'intéressent pas à la politique, nous avait déjà dit Lung à Saigon et Cung a Hué, puisqu'on ne peut pas changer le système. Mais Hung va plus loin. Il dit qu'au sein des pagodes, de jeunes bonzes sont en fait des membres de la police politique chargée de traquer les opposants. 
Ce qui apparaît aussi, c'est que les Vietnamiens essaient au maximum de profiter de la vie. Les Fêtes du Têt en sont la meilleure illustration. Pour ces fêtes, on dépense beaucoup d'argent en achetant des fleurs, des arbres, et des cadeaux pour les amis et la famille. Les enfants reçoivent de nouveaux habits. La consommation bat son plein dans ce pays où on a manqué souvent de tout - la famine à sévi au Nord dans les années 60 et 70 - et où on peut désormais acheter à la mesure de ses moyens qui augmentent lentement mais sûrement. Et on fait la fête le soir ... 
Hung nous parle aussi d'un problème qui semble le toucher beaucoup. Il s'agit du cas des jeunes filles vietnamiennes qui sont kidnappées par des trafiquants pour en faire les femmes forcées de Chinois en mal de partenaire. En Chine, à cause de la politique de l'enfant unique et des interruptions de grossesse si on sait que l'enfant à naître est une fille - il faut avoir un fils, seul apte à pratiquer le culte des ancêtres et à subvenir aux besoins des parents âgés - , il n'y a pas assez de filles à marier. Alors, on vient les prendre de force au Vietnam. D'après Hung, certaines de ces filles seraient même des esclaves sexuelles assujetties à une famille entière. 
A part ça, Hung nous fait visiter le Musée Ethnographique consacré aux ethnies minoritaires dont beaucoup habitent le Nord du Vietnam. Nous en rencontrerons certaines pendant les 3 jours que nous allons passer dans les montagnes. C'est un très beau musée, mais que nous devons parcourir au pas de course, car nous avons décidément peu, trop peu de temps à Hanoï ... Costumes, ustensiles de la vie courante, habitations.
Nous allons ensuite au Temple de la Littérature dédié à Confucius, un chinois dont la philosophie a beaucoup servi les puissants et les féodaux puisqu'elle prône l'obéissance. Une école a formé des lettrés jusqu'au XVIIème Siècle. Les noms des lauréats sont inscrits sur de grandes tables en pierre placées a l'entrée du temple.
On passe devant le Mausolée d'Ho Chi Minh. Lui qui avait souhaité être inhumé à un endroit discret, il  a été exhaucé !
La pagode Tran Quoc est la plus ancienne de Hanoi. C'est le témoin-même du syncrétisme religieux qui règne au Vietnam : culte des ancêtres, confucianisme, taoïsme, bouddhisme entremêlés.
Avant de nous quitter, Hung nous accompagne au Théâtre de marionnettes sur l'eau. Un beau spectacle comme savent en faire les Asiatiques : l'histoire des malheurs et des bonheurs des paysans des rizières, une chorégraphie très originale, avec une scène dans l'eau et des marionnettistes qui actionnent leurs tiges derrière un paravent de bambou, en étant eux-mêmes dans l'eau jusqu'à la taille, un orchestre avec des instruments de musique traditionnels et des chanteuses qui accompagnent le visuel.
Une petite promenade apéritive autour du Lac Hoan Kiem où on pratique habituellement le tai-chi, avec une belle vue sur une petite pagode au centre du lac. Mais ce soir, c'est veille de fêtes et il y a fort peu de gymnastes ...
Dîner dans un restaurant qui sert des spécialités nordistes : rouleaux de printemps au porc et aux crevettes, aromatisés aux herbes de Hanoï, porc grillé, saumon mariné dans le jus de fruits de la passion.
En revenant à l'hôtel, on découvre les soirées trépidantes de la capitale. Ce sont les soldes avant le Réveillon de demain soir et un nombre incroyable de motos se pressent pour gagner le centre-ville où il y a sans doute de bonnes affaires à faire ! C'est impressionnant de voir comment s'écoule le trafic à un feu rouge ... que personne ne respecte.

Aucun commentaire: