Depuis Sfax, cap plein Sud en direction de Gabès. La température - moins de 30°C - monte tout en restant encore très supportable. Un ralentisseur semblable à tous ceux qui sont systématiquement installés à l'entrée des villages - attention aux amortisseurs quand ils ne sont pas signalés - permet d'observer le trafic local; avec un pick-up on peut transporter tout le cheptel : âne, moutons et même dromadaires !
Et puis, on peut se désaltérer en buvant un bon thé à la menthe sans quitter son itinéraire
Nous choisissons d'éviter Gabès pour nous diriger directement vers le Dahar (en arabe "dahar" veut dire "dos"), une région montagneuse qui sépare en deux le grand Sud tunisien. A l'est une plaine qui s'étend jusqu'à la Méditerranée et la frontière libyenne; nous n'en sommes désormais distants que de 150 kilomètres. A l'ouest, s'étend le désert de dunes du Grand Erg Oriental. Les paysages de moyenne montagne se font de plus en plus secs sans être totalement désertiques.
La région de Matmata est truffée de maisons troglodytiques habitées depuis des lustres par les Berbères. Chaque maison est située au fond d'une sorte de cratère profond de 10 mètres environ. De loin, on dirait que le village vient tout juste d'être bombardé.
Les enfants de Matmata nous accueillent avec des rapaces en laisse qu'ils nous prêtent pour la photo moyennant quelques dinars. Mais c'est la zizanie que nous semons en leur donnant un billet de 10 dinars qu'ils doivent se partager à trois !
Le fond du trou constitue une sorte de patio autour duquel ont été creusées dans la roche des cavités qui sont les pièces de l'habitation ou des greniers. Au centre du patio, on trouve un puits et souvent un arbre.
En nous promenant dans le village, nous rencontrons un petit garçon qui revient de l'école. Il nous propose tout de suite dans un français approximatif de visiter sa maison. Voici sa chambre à coucher.
Le patron du petit restaurant dans lequel nous mangeons - le "menu complet" est obligatoire - nous indique un guide "gratuit" ("tu donnes ce que tu veux, tu donnes rien si t'es pas content, plus si ça t'a plu") qui nous emmène dans une maison très bien aménagée, dans laquelle se retrouvent sûrement tous les groupes qui visitent Matmata ... Mais, c'est très beau, très propre et très calme. Comme partout en Tunisie, on attend avec impatience que les touristes reviennent ... surtout les individuels comme nous car "les bus qui viennent de Djerba sont pressés d'arriver à Douz pour déverser leur cargaison de touristes qui y feront 10 minutes de dromadaire ... Ils n'ont qu'une petite demi-heure à consacrer à Matmata" dixit à peu près notre jeune guide qui le regrette. Et c'est vrai que Matmata mérite qu'on y flâne un peu.
Notre hôtesse a revêtu l'habit traditionnel; elle nous sert le thé à la menthe traditionnel, et nous montre comment les femmes berbères moulaient autrefois le blé. "Dur, dur" dit Michèle. Ici, c'est un peu l'annexe de l'office de tourisme local, mais tout est fait avec tellement de gentillesse et avec un large sourire qu'il est impossible de ne pas glisser un petit billet à la sortie.
Nous voici transformés en Berbères. Il me manque cependant la "djellaba climatisée" comme ils disent ici car la chaleur devient plus lourde, sauf dans les pièces enterrées de l'habitation qui gardent un peu de fraîcheur.
Poursuivant notre chemin dans le Dahar en direction de Tataouine, nous voici maintenant à Toujane, un village accroché à mi-pente et dans lequel on peut acheter des kilims, des tapis berbères noués. La plupart des maisons sont abandonnées. Ce n'est pas la richesse par ici.
A Ksar Joumâa, un ancien grenier à grain en cours de restauration, on peut encore voir de très beaux tapis berbères.
Le long des routes, habillées avec des couleurs chatoyantes, les femmes berbères vont et viennent, vaquant à leurs occupations.
Et que font les hommes ? je me le demande. A part un ou deux bergers et quelques vieillards qui cheminent en s'appuyant sur une canne tordue, j'en ai vu bien peu ... sauf au café en train de siroter un café et de jouer aux cartes ou aux dominos, comme partout ailleurs ... Comme disaient les lycéens du Collège Sadiki, "il va maintenant falloir travailler comme des Chinois" . Le mot d'ordre n'a semble-t-il pas atteint les contrées du Sud tunisien !
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