Voilà un voyage que j'étais particulièrement impatient de commencer. 4 jours passés à Tunis avec Papi, Annie, Gérard et Victor sur les lieux qu'avaient fréquenté mes parents et en partie moi-même il y a plus de 60 ans, entre 1948 et 1953; suivi d'un tour du pays réalisé en 10 jours.
Dès l'arrivée, je suis plongé dans le passé puisque notre avion survole très exactement le quartier du Kram où je suis né. Je reconnais parfaitement l'endroit de ma naissance que j'avais auparavant identifié grâce à Google Earth (voir la petite croix rouge).
En sortant de l'aéroport, des chauffeurs de taxis "indépendants" nous sautent dessus, nous faisant miroiter un tarif intéressant (20 dinars soit 10 euros) et une prise en charge accélérée; avec eux, pas de file d'attente comme chez les "taxis jaunes" ... Nous montons dans une voiture particulière qui se dirige vers la sortie du parking. Au moment de régler le montant de son stationnement, notre chauffeur est interpelé par un policier qui lui demande ses papiers; le ton monte, le policier nous demande nos passeports, et sans que nous ayions le temps de dire ouf, notre chauffeur pseudo-taxi donne un grand coup d'accélérateur. Un policier qui était devant le capot a juste le temps de s'écarter et la barrière de péage est pulvérisée. Notre chauffeur continue d'accélérer et se faufile à grands coups de klaxon au milieu d'une circulation intense, dans le but d'échapper à la poursuite des policiers je suppose. Il me donne quelques expications sommaires en français. Flash back : le policier a tout de suite vu qu'il avait affaire à un faux-taxi et en a semble-t-il profité pour demander un bakchich, que notre conducteur a refusé de donner. Le policier s'en est alors pris à nous pour exercer une sorte de chantage. "La police elle fout toujours la m... " maugrée notre conducteur. Nous sommes atterrés et inquiets de la suite des évènements. Allons-nous finir au poste avec notre homme ? Après 20 minutes, nous atteignons notre hôtel, mais notre "taxi" prend soin de nous déposer de l'autre côté de l'avenue. Il nous demande ses 20 dinars, c'est-à-dire le double du prix d'un transport avec les taxis jaunes. Drôle d'arrivée ! Petites combines pour survivre, détestation d'une police corrompue , voici un petit résumé "in vivo" de quelques unes des causes de la Révolution de Jasmin auquel nous ne attendions pas !
Notre hôtel, l'Africa, est le seul palace du centre de Tunis. Sa tour domine toute la ville et en particulier l'Avenue Habib-Bourguiba, le centre de la ville "européenne".
L'Avenue Bourguiba, c'est un peu les Ramblas de Barcelone. Le soir venu, les Tunisois chics viennent y déambuler ou bien y boire un café dans les multiples établissements qui y tiennent terrasse. C'est aussi le seul endroit de Tunisie où nous ayions vu des femmes au café.
De l'Hôtel Africa, la vue porte au delà du Lac de Tunis sur la banlieue du Nord-Est baignée par la Mer Méditerranée : La Goulette, Le Kram, Carthage, Sidi Bou Saïd. Les lieux de notre première journée de ballade avec Papi.
En attendant, nous faisons une petite incursion dans la ville arabe, la Médina. Dès notre sortie de l'hôtel, nous avons été abordés par un homme assez jeune et bien habillé qui s'exprime dans un excellent français. Il est, dit-il, barman à l'Hôtel Africa, et rentre justement chez lui dans la Médina. Il se propose de nous accompagner dans ce lacis de ruelles dans lequel un étranger risque de se perdre. Nous avons de la chance, aujourd'hui, c'est justement le dernier jour de la fête des femmes berbères mais il faut se hâter car les commerces de la Médina doivent fermer très tôt, justement à cause de cette fête. Nous voici donc en train de nous presser jusqu'à tomber sur un Centre Artisanal qui dispose d'une terrasse avec une vue imprenable sur la Mosquée Zitouna et toute la Médina. Effectivement.
En redescendant, nous sommes invités à admirer les tapis qu'on déroule, les uns après les autres, à nos pieds. Un vendeur du Centre Artisanal nous donne les explications sur les différents types de tapis: le kilim (brodé), le mergoum (tissé ras), le kairouan (noué, épais). On nous demande si nous les trouvons beaux. Bien sûr ! On nous demande quels sont ceux que nous préférons, puis, sans nous engager nullement, de dire combien nous en donnerions. Il y a justement des promotions car les affaires ne vont pas fort avec le manque de touristes.
Michèle dit que nous ne voulons rien acheter, s'impatiente, s'emporte. Nos interlocuteurs redoublent de propositions commerciales et d'invitations à marchander. Michèle se fâche, et nous quittons les lieux. Notre accompagnateur (le barman de l'hôtel) est très embêté. Il me dit que nous sommes trop durs car beaucoup de gens ont ici un niveau de vie extrêmement bas. Il me demande d'ailleurs si je n'ai pas quelques dinars à lui donner pour l'aider à faire bouillir sa marmite. Le fiasco de notre visite au Centre Artisanal, dont je comprends qu'il est un des rabatteurs, lui a fait perdre son petit pourcentage ... Il nous quitte après que je lui aie donné un billet de 20 dinars. Plus tard, nous nous apercevrons qu'il n'y a pas de fête berbère, que la Médina ne ferme pas si vite que ça et que notre homme n'est pas non plus barman de l'hôtel ... En ce premier jour passé en Tunisie, nous apprenons décidément très vite.
Frappée par la crise économique mondiale, soumise elle-aussi à la concurrence des pays d'Asie (Chine, Bangla Desh, Philippines, ...) qui produisent des vêtements à des coûts horaires plus bas (!!), raquettée par la famille Ben Ali ("le voleur Ben Ali") et celle de sa femme Leila Trabelsi, la Tunisie déjà mal en point en 2011 l'est encore plus après la Révolution de Jasmin. Les touristes, principale ressource du pays, ont déserté le pays depuis plus d'un an. Les pays riches, eux même soumis à la crise, avaient promis leur aide mais ils se font maintenant tirer l'oreille, inquiets de l'instabilité politique et sociale tunisienne. D'après un taxi qui nous transporte à Tunis, le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté dépasse le quart de la population ... Chacun cherche donc à s'en sortir comme il le peut et le touriste occidental est une cible de choix pour obtenir quelques dinars. Partout en Tunisie, nous serons abordés, avec plus ou moins d'empressement ou d'habilité, avec plus ou moins de liberté prise avec la vérité, mais toujours gentiment, pour nous faire "visiter" "gratuitement" les lieux de nos visites. C'est le prix que doit ici accepter de payer le visiteur muni de ses euros sonnants et trébuchants qui représentent souvent plusieurs mois de revenus d'un tunisien moyen.
Le soir même, Papi, Annie, Gérard et Victor arrivent de Lyon. Comme nous, ils ont pris un taxi clandestin; mais celui-ci tente de leur extorquer 70 dinars, soit 7 fois le prix habituel. Le personnel de l'hôtel, choqué, intervient pour rétablir les choses : le tarif normal, c'est 10 dinars !
Allant dîner dans un restaurant du centre-ville, plusieurs d'entre nous qui ont déjà mangé dans l'avion, ne veulent manger qu'une entrée et à la rigueur un dessert. Le patron refuse, c'est tout ou rien. En regardant la carte, nous comprenons mieux sa réaction, le prix d'une entrée c'est 5 dinars, soit 2,5 euros ... Nous n'avons pas les mêmes repères.
Michèle dit que nous ne voulons rien acheter, s'impatiente, s'emporte. Nos interlocuteurs redoublent de propositions commerciales et d'invitations à marchander. Michèle se fâche, et nous quittons les lieux. Notre accompagnateur (le barman de l'hôtel) est très embêté. Il me dit que nous sommes trop durs car beaucoup de gens ont ici un niveau de vie extrêmement bas. Il me demande d'ailleurs si je n'ai pas quelques dinars à lui donner pour l'aider à faire bouillir sa marmite. Le fiasco de notre visite au Centre Artisanal, dont je comprends qu'il est un des rabatteurs, lui a fait perdre son petit pourcentage ... Il nous quitte après que je lui aie donné un billet de 20 dinars. Plus tard, nous nous apercevrons qu'il n'y a pas de fête berbère, que la Médina ne ferme pas si vite que ça et que notre homme n'est pas non plus barman de l'hôtel ... En ce premier jour passé en Tunisie, nous apprenons décidément très vite.
Frappée par la crise économique mondiale, soumise elle-aussi à la concurrence des pays d'Asie (Chine, Bangla Desh, Philippines, ...) qui produisent des vêtements à des coûts horaires plus bas (!!), raquettée par la famille Ben Ali ("le voleur Ben Ali") et celle de sa femme Leila Trabelsi, la Tunisie déjà mal en point en 2011 l'est encore plus après la Révolution de Jasmin. Les touristes, principale ressource du pays, ont déserté le pays depuis plus d'un an. Les pays riches, eux même soumis à la crise, avaient promis leur aide mais ils se font maintenant tirer l'oreille, inquiets de l'instabilité politique et sociale tunisienne. D'après un taxi qui nous transporte à Tunis, le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté dépasse le quart de la population ... Chacun cherche donc à s'en sortir comme il le peut et le touriste occidental est une cible de choix pour obtenir quelques dinars. Partout en Tunisie, nous serons abordés, avec plus ou moins d'empressement ou d'habilité, avec plus ou moins de liberté prise avec la vérité, mais toujours gentiment, pour nous faire "visiter" "gratuitement" les lieux de nos visites. C'est le prix que doit ici accepter de payer le visiteur muni de ses euros sonnants et trébuchants qui représentent souvent plusieurs mois de revenus d'un tunisien moyen.
Le soir même, Papi, Annie, Gérard et Victor arrivent de Lyon. Comme nous, ils ont pris un taxi clandestin; mais celui-ci tente de leur extorquer 70 dinars, soit 7 fois le prix habituel. Le personnel de l'hôtel, choqué, intervient pour rétablir les choses : le tarif normal, c'est 10 dinars !
Allant dîner dans un restaurant du centre-ville, plusieurs d'entre nous qui ont déjà mangé dans l'avion, ne veulent manger qu'une entrée et à la rigueur un dessert. Le patron refuse, c'est tout ou rien. En regardant la carte, nous comprenons mieux sa réaction, le prix d'une entrée c'est 5 dinars, soit 2,5 euros ... Nous n'avons pas les mêmes repères.
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