Départ un vendredi 13 sur Ethiopian
Airlines, c'est dire si nous ne sommes pas superstitieux. Escale à
Addis Abeba, la capitale de l'Ethiopie. Dans cet aéroport, c'est un
peu le «happening» perpétuel. On y change les portes
d'embarquement au dernier moment, et des employés parcourent
l'aérogare en criant à la recherche des passagers qui ne s'y retrouvent pas et se sont perdus. On se voit remettre
une carte d'embarquement qui remplace l'ancienne que nous avions déjà
: changement de nos places d'avion au dernier moment. Après ce jeu de piste, nous
finissons par monter dans notre dernier avion et atterrir 2 heures plus tard à Nairobi, la capitale du Kenya, où l'aéroport a été réduit en cendres il y a 2 mois. La nouvelle aérogare se trouve
provisoirement hébergée dans un ancien parking pour les voitures.
Nos bagages sont bien là cependant. Tout de suite, nous apprenons 2
mots de swahili qui nous entendrons tous les jours: «Hakuna
matata» : pas de problème, no problem ! Et aussi "Jambo" : Bonjour ! et encore "Karibu" : Bienvenue ! Bienvenue en Afrique !
Le Kenya est pauvre. Dès les premiers kilomètres que nous parcourons entre l'aéroport et notre hôtel de Nairobi, cela saute aux yeux. Bidonvilles, habitations sommaires.
A la campagne, c'est encore plus
flagrant. Comme dans beaucoup de pays du Tiers-Monde, les causes en
sont connues: sous-développement économique après la colonisation,
en particulier dans le secteur industriel, bas niveau d'éducation,
fuite des cerveaux vers les pays développés, corruption et surtout
croissance vertigineuse de la population : le Kenya qui comptait 8
millions d'habitants au moment de son indépendance en 1963 en compte
maintenant 32 millions ! Avec la crise économique mondiale, 50% de
la population n'a pas d'emploi mais, à la différence de chez nous,
il n'y a pas d'indemnités de chômage...
Il y a cependant à
Nairobi de grands buildings qui n'existaient pas quand j'y suis venu
il y a 25 ans, preuve que les choses changent malgré tout; et aussi des bâtiments bien entretenus.
D'ailleurs, on continue de construire, mais à la méthode
africaine: les échafaudages en bois n'auraient aucune chance d'être
agréés par un inspecteur du travail français !
Le secteur industriel du Kenya est très
faible, mais l'agriculture est bien développée alors qu'une grande
partie du pays est très désertique. Nous avons vu de
grandes exploitations agricoles, privées, produisant des légumes et
fleurs cultivés sous serres, ensuite exportés en Europe, du thé, du blé, du maïs, qui
disposent de moyens modernes : tracteurs, silos à céréales, ce qui
est exemplaire pour un pays africain.
Blé
Thé et immenses serres
En parallèle, de petits
producteurs exploitant des cultures vivrières vendent leurs petites
productions le long des routes : pommes de terre, tomates, oignons,
carottes, …
Transport de pommes de terre en vélo
Le tourisme est évidemment très développé puisque
le Kenya a été un précurseur dans la politique de protection des
animaux sauvages et dans la création de lodges et de «tented camps»
construits pour accueillir des touristes du monde entier qui viennent y faire des safaris photos.
On remarque aussi dans les grandes villes, comme Nairobi ou Nakuru, un embryon de classe moyenne, avec des gens plutôt bien habillés,
et même quelques Kenyans riches qui
seront d'ailleurs visés en même temps que les Occidentaux dans l'attaque
terroriste du très chic Westgate Mall par les intégristes musulmans
somaliens d'Al Shabab. Cette attaque brutale a eu lieu 2 jours seulement après notre passage à Nairobi.
Circulation d'enfer dans les villes, particulièrement à Nairobi, paralysée par les embouteillages.
Les
Kenyans utilisent pourtant beaucoup les moyens de transport
collectifs : le bus, le taxi de brousse (14 clients), le triporteur
ou touk-touk (3 clients), et même les motos taxis (2 clients).
Le VTT c'est uniquement le dimanche et pour les Kenyans " de la haute" !
Un collègue de Total
Les campagnes sont souvent misérables.
Dans les villages, des bâtiments de plain pied construits à la hâte
abritent une multitude de petits commerces et de services, dont
«l'hôtel» local qui n'est qu'une vulgaire pièce équipée d'un
matelas à même le sol.
De temps à autre, sur les routes qui mènent
aux Parcs Nationaux, on trouve un magasin de souvenirs («Curio
Shop») rempli de milliers de petites statues et autres objets d'art proposés à la vente
et âprement marchandées. On dirait qu'existent au Kenya des bataillons entiers d'artistes anonymes ! Et là, c'est sûr que ce n'est pas "made in China" parce que c'est du fait main !
Masques traditionnels
Les troupes coloniales
C'est là aussi qu'on trouve des toilettes
gratuites et des tables pour manger son picnic ! On remarque aussi
les petits magasins qui proposent les réalisations artisanales de
groupes locaux de femmes désirant améliorer leur niveau de vie ou
bien se réinsérer dans la société.
Tout au long de la route, une multitude
d'Eglises (ou de sectes) chrétiennes se manifestent par des panneaux
signalant leurs lieux de culte, leurs écoles
confessionnelles ou leurs lieux de soins.
Quelques mosquées, mais elles sont peu nombreuses dans les régions que nous avons traversées : les musulmans sont surtout concentrés sur la côte de l'Océan Indien qui a été soumise à l'influence arabe depuis 13 siècles et ne représentent guère plus de 10% de la population kenyane.
L'école primaire gratuite est théoriquement obligatoire depuis 2003 et la plupart des enfants vont à l'école, sauf dans les régions agricoles où ils sont occupés aux travaux des champs. Ancienne colonie britannique, le Kenya a adopté les codes vestimentaires de l'ancienne métropole: uniformes obligatoires. Et pour les petites filles musulmanes, port du voile islamique dès le plus jeune âge.
Beaucoup d'écoles primaires et secondaires disposent d'un internat et chacune d'entre elle a sa devise. Celle de cette école est "Striving for perfection", c'est-à-dire "Recherche de la perfection". Tout un programme, et une sacrée ambition !
Parmi les principaux problèmes de santé du Kenya, on trouve le paludisme, le SIDA et les infections dues à l'eau non potable. Des campagnes sont lancées pour généraliser l'utilisation des moustiquaires pour les enfants. Nous avons aussi vu de grands panneaux promouvant les moyens de lutte contre le SIDA (qui touche 25% de la population dans certains districts) et des mises à disposition gratuites de préservatifs dans certaines toilettes, comme dans le Parc d'Amboseli.
Quelques mosquées, mais elles sont peu nombreuses dans les régions que nous avons traversées : les musulmans sont surtout concentrés sur la côte de l'Océan Indien qui a été soumise à l'influence arabe depuis 13 siècles et ne représentent guère plus de 10% de la population kenyane.
L'école primaire gratuite est théoriquement obligatoire depuis 2003 et la plupart des enfants vont à l'école, sauf dans les régions agricoles où ils sont occupés aux travaux des champs. Ancienne colonie britannique, le Kenya a adopté les codes vestimentaires de l'ancienne métropole: uniformes obligatoires. Et pour les petites filles musulmanes, port du voile islamique dès le plus jeune âge.
Beaucoup d'écoles primaires et secondaires disposent d'un internat et chacune d'entre elle a sa devise. Celle de cette école est "Striving for perfection", c'est-à-dire "Recherche de la perfection". Tout un programme, et une sacrée ambition !
Parmi les principaux problèmes de santé du Kenya, on trouve le paludisme, le SIDA et les infections dues à l'eau non potable. Des campagnes sont lancées pour généraliser l'utilisation des moustiquaires pour les enfants. Nous avons aussi vu de grands panneaux promouvant les moyens de lutte contre le SIDA (qui touche 25% de la population dans certains districts) et des mises à disposition gratuites de préservatifs dans certaines toilettes, comme dans le Parc d'Amboseli.
Notre guide, prénommé Patrick - par ses parents nous précise-t-il, comme s'il voulait se distancier de ce choix - veut qu'on l'appelle par son patronyme, Macharia.
Sitôt débarqués, il nous entreprend bille en tête sur François Hollande qui s'apprête à attaquer la Syrie. De quel droit la France intervient-elle pour punir Bachar, nous dit-il et d'ailleurs, s'il y a eu attaque chimique, elle a été réalisée par la France et les Etats-Unis … pas par Bachar El Assad qui ne possède pas ce type d'armes ! Quand quelques jours après, on apprend que Bachar El Assad, poussé par Moscou, accepterait finalement de liquider son stock d'armes chimiques, il faut bien se rendre à l'évidence qu'il y en avait bien, mais Macharia n'en démort pas … on ne lui sort pas de la tête que l'intervention militaire planifiée est une opération néo-colonialiste qui vise à défendre les intérêts des grandes puissances occidentales, basée sur une propagande mensongère. Au vu des articles de la presse kenyane, il est d'ailleurs évident que François Hollande ne bénéficie pas de la même aura ici que Jacques Chirac dont on répète à l'envie qu'il refusa de s'aligner sur les Etats-Unis au moment de la guerre contre l'Irak de Saddam Hussein. Comme souvent dans les anciens pays colonisés, les évènements politiques internationaux sont analysés en référence à la problématique de l'époque coloniale. On craint le néo-colonialisme et on est toujours méfiant quant à la position des Occidentaux ... tout en admirant leur réussite économique. Cela fait pourtant 50 ans que le Kenya est indépendant, comme la plupart des autres pays africains; et peut par exemple tirer parti de l'existence de nouveaux partenaires, comme la Chine ou l'Inde, qui investissent dans ce pays comme dans beaucoup d'autres pays d'Afrique Noire, et qui n'ont qu'une seule envie, remplacer les Occidentaux ...
Les dernières élections présidentielles de 2012 à l'issue desquelles de violents incidents ont eu lieu sont encore présentes dans les esprits. Ici un partisan d'Uhuru (Kenyatta), le Président élu.
Cependant, le Président et
le Vice-Président William Rutto ont été traduits devant la Cour
Pénale Internationale de La Haye pour crimes contre l'humanité à
la suite de massacres perpétrés par leurs partisans respectifs
après les précédentes élections de 2008. Comme partout en Afrique noire, les partis
politiques sont en fait liés à des ethnies et tribus qui se disputent le
pouvoir. Macharia qui est un Kikuyu défend la légitimité de Uhuru
Kenyatta, lui aussi un Kikuyu. Il nous explique que certaines tribus
ont collaboré avec les Anglais alors que les Kikuyus ont été le fer de lance de la résistance au colonisateur. Il y a donc les "bonnes" et les "mauvaises" tribus ... Ce procès fait bondir notre guide Macharia qui ne
comprend pas qu'on puisse juger les chefs d'Etat africains à l'autre
bout du monde. Il ressent cela comme une aberration et sans doute
aussi comme une humiliation. «En Afrique, les choses ne se passent pas
comme chez vous, en Europe. Il y a toujours eu de la violence dans la
politique africaine». Alors, le Kenya envisage avec plusieurs autres Etats africains de se retirer du Traité qui a créé la Cour Pénale Internationale. Où l'on voit que le droit d'ingérence humanitaire a du plomb dans l'aile, et que nos valeurs occidentales ne sont décidément pas si universelles ...
1 commentaire:
Je lis comme toujours ton compte-rendu de votre voyage au Kenya avec beaucoup d'intérêt.
Je suis admiratif pour ce travail si rapidement effectué et toujours très documenté. Merci.
Aujourd'hui, j'ai eu la visite d' Annie accompagnée de Laure avec la petite Agathe ! Elle est magnifique pour 4 semaines ! De gros baisers à vous deux. Papi.=
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