samedi 29 mars 2014

Périple en Amérique Latine (10) : Circuito Chico et Lac Nahuel Huapi (7 janvier 2014)

Notre guide argentine de Bariloche s'appelle Jacquie. Elle nous emmène changer nos euros contre des pesos argentins ... dans une mercerie. En fait au noir, parce que le cours officiel est d'environ 40% inférieur au cours "clandestin"; personne ne va donc changer dans les banques ! Il y a une belle queue dans le magasin. C'est une "clandestinité" toute relative ... C'est la crise économique en Argentine et les Argentins mettent leurs économies à l'abri en achetant des dollars à prix d'or. L'inflation en Argentine avoisine les 50% par an !
Jacquie a un peu plus de 30 ans, a appris le français à l'Alliance Française comme beaucoup de guides de par le monde - bravo à cette institution qui maintient la connaissance de notre chère langue de par le monde entier - et a vécu ensuite quelques mois à Grenoble. Une bonne entrée en matière.
Accompagnée par Silvio notre chauffeur, Jacquie nous emmène toute la matinée faire le Circuito Chico (le Petit Circuit) que certains, en grande forme, font en VTT. Nous, pas fous, on monte en télésiège au Cerro Campanario d'où il y a une vue époustouflante à 360° sur les lacs et les montagnes.
Depuis le sommet, on aperçoit la Colonia Suiza fondée - comme son nom l'indique - par des Suisses qui se sont installés à Bariloche.
La ville de Bariloche - qui compte maintenant 110 000 habitants - a été fondée en 1904 par des colons allemands venant du Chili. L'accès depuis Buenos Aires était bien trop long et bien trop dangereux à l'époque, compte tenu des attaques des Indiens Mapuches. Il y a toujours eu, et il y a encore, une colonie allemande à Bariloche, avec ses écoles, ses commerces, ses hopitaux. Cela explique pourquoi après la 2ème guerre mondiale, de nombreux responsables nazis se sont réfugiés dans la région, largement aidés et dissimulés par cette colonie allemande. 
Juste avant de commencer ce voyage, nous avons vu le film "Un médecin de famille" de Lucia Puenzo, une réalisatrice et romancière argentine qui a adapté son roman "Wakolda". Il se passe à Bariloche en 1960 et raconte l'histoire d'un médecin allemand qui se lie d'amitié avec une petite fille argentine et ses parents. Les choses dérapent quand le médecin veut faire subir à la petite fille des expériences étranges pour soigner son retard de croissance ... Logique, il s'agissait en fait de Josef Mengele, le médecin-chef d'Auschwitz, un expert en expériences atroces sur les êtres humains. D'autres criminels nazis ont vécu ici très longtemps, comme Erich Priebke, le responsable du massacre des Fosses Ardéatines à Rome en 1944, qui a été le Directeur de l'Ecole Allemande de Bariloche jusqu'à ce qu'il soit démasqué en 1995 et finisse sa vie en résidence surveillée en Italie il y a quelques mois, à plus de 100 ans nous dit Jacquie. Elle a l'air choquée de cet état de fait mais la connivence entre Juan Peron (le Président argentin au pouvoir entre 1946 et 1955) et les groupes nazis était ancienne. A l'époque de la junte argentine, au pouvoir de 1976 à 1983, il y avait aussi de forts liens entre les militaires argentins et ces groupes nazis.
Pour bien montrer le lien qui existe entre Bariloche et la Suisse, nous, on pose avec un Saint-Bernard appelé Che. Jacquie nous dit qu'en Argentine Che, ça veut dire Monsieur. Donc Che Guevara (qui était argentin), ça veut dire Monsieur Guevara . On en apprend tous les jours.
En continuant la route, de belles vues sur le très grand Lago Nahuel Huapi et le Lago Perito Moreno.
Ce Perito Moreno (en fait Francisco Moreno), dont vous entendrez encore parler, était un explorateur et géographe argentin qui fut chargé de régler les problèmes de la frontière entre le Chili et l'Argentine qui était pour le moins mal définie à la fin du XIXème Siècle. Comme par quelques astuces et arguties plus ou moins honnêtes, il a réussi à faire en sorte que ses propositions favorables à son pays soient acceptées, la nation argentine lui en est éternellement reconnaissante; le nom de Perito Moreno (l"Expert Moreno") est utilisé un peu partout ici. C'est le nom d'une ville, d'un Parc National, d'un glacier et de nombreuses rues dans les villes argentines.
L'après midi, on nous a réservé un voyage en catamaran sur le Lago Nahuel Huapi. Paysages grandioses. Arrêt dans deux îles. La dernière étape se fait dans Isla Victoria, une grande île longue de 20 kilomètres.
C'est la que Michèle choisit de se perdre pendant que je me reposais, un peu abattu par une trachéite que j'ai importée de France et qui ne guérit pas ... Notre bateau s'en va sans elle - et sans moi qui l'attend - et c'est juste au moment où le dernier navire va quitter l'île que Michèle fait enfin son apparition entourée d'un guide du Parc. Elle est épuisée et en pleurs. Je la réconforte comme je peux et nous embarquons pour quitter cette maudite île. Sur le bateau, Michèle entame la conversation avec une famille d'Argentins en disant : "yo estaba perdida" Malgré le peu de maîtrise de l'espagnol que nous avons, nous comprenons que lui est vétérinaire et son fils fait des études d'ingénierie mécanique. Ils sont de Salto, dans la région de Buenos Aires, en vacances d'été à Bariloche, comme beaucoup d'Argentins. On échange nos adresses Facebook avant de nous quitter.
Depuis que nous sommes en Amérique Latine c'est fou comme les gens sont chaleureux avec nous, et si on leur dit que nous sommes français, ils sont encore plus ravis ! Nous voici maintenant en relation virtuelle avec Daniela et Martin !
Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, Jacquie m'annonce que mon iPhone a été retrouvé ! Ne sont-ils pas géniaux, dans cette agence ?
Ce soir, j'échange quelques mots avec la patronne de notre hosteria qui parle couramment français et fait de belles sculptures.
 
C'est aussi une andiniste confirmée, elle est montée à l'Aconcagua, presque 7000 mètres, le plus haut sommet des Andes. Elle me dit que c'est juste du trekking, pas difficile ... Si elle croit que je vais la croire ...

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