Dernières étapes pour revenir à Addis-Abeba depuis la vallée de l'Omo. Quatre jours de voyage sur des routes dont beaucoup sont en réfection sur des dizaines de kilomètres. C'est assez pénible, mais nécessaire pour les Ethiopiens ... et les touristes dans le futur.
De Turmi à Konso notre première halte, où nous sommes déjà passés , il faut 4 heures. Nous prenons un déjeuner dans un lodge très moderne.
Le repas est bien meilleur que dans le Sud mais comme souvent dans ce type d'établissement, il n'y a pas de plats éthiopiens. Par contre, pour une fois, il y a un dessert, une banane . Même Melaku est étonné ! Il fait moins chaud que dans la vallée de l'Omo, nous sommes revenus à des températures plus modérées, 28° au lieu de 38° car nous sommes en altitude.
Ce n'est malheureusement pas dans ce bel hôtel que nous passons la nuit mais dans un hôtel "local". La nuit y est très dure: bruit, matelas totalement défoncé avec des ressorts qui nous rentrent dans les côtes ... pas d'eau dans la salle de bains ni dans les WC. La porte de la chambre ne ferme pas à clef, celle du balcon pas du tout ! C'est la pire nuit de notre voyage.
Pour nos chauffeurs, c'est exactement la même chose. Ils ont passé la nuit dans une auberge bon marché dont le nom etait "New York Pension". Ca fait rigoler notre chauffeur du jour. Il dit qu'avec un tel nom on pouvait s'attendre à avoir une grande chambre, à l'image de New York. Au lieu de cela, la chambre où ils ont couché à 4, avec Melaku, était toute petite !
La deuxième étape, c'est Konso-Dilla en passant par Yabello, une ville très au Sud. 230 kilomètres, dont 100 kilomètres de pistes très mauvaises. Autant dire une journée de transport. Le paysage est désertique.
Le long de la route, des hommes vendent du khat.
Quelques animaux se cachent dans les fourrés. Des dik-diks, de petites antilopes.
Quelques oiseaux aussi. Il y en a beaucoup dans la région de Yabello.
Aigle royal
Touraco à ventre blanc
Nous entrons dans une région où les musulmans sont nombreux. Beaucoup de femmes portent de grands voiles.
Dilla
Brouette éthiopienne
A Dilla, l'hôtel est luxueux, avec du marbre par terre. Au restaurant, il y a enfin des plats locaux. C'est l'occasion de commander un excellent kitfo, ce tartare de boeuf mi-cuit, très épicé et accompagné de fromage aux épinards. Pour une fois, la viande n'est pas dure. Et nous n'avons même pas attrapé la tourista !
Malgré le luxe apparent, la nuit n'est pas bonne car le lit est "rembourré en noyaux de pêches" ! Dans les WC, il y a une fuite d'eau. Il y a bien une belle télévision grand format mais le câble de raccordement à la prise électrique a disparu !
L'étape de Dilla à Hawassa est courte, seulement 80 kilomètres, mais sous les nuages de poussière. Dans cette région, on est spécialiste en vannerie.
Non loin d'Hawassa, se trouvent les sources thermales de Wondo Genet où l'eau jaillit à plus de 40°. L'endroit est fréquenté par les Ethiopiens, beaucoup moins par les touristes.
A l'entrée on vend des bouées en forme de canards
Du coup, quand nous y pénétrons pour nous baigner, nous sommes l'attraction du jour, avec notre peau blanche. On va d'abord se nettoyer à la douche bouillante avec un petit savon qu'on nous a distribué à l'entrée. Les Ethiopiens ne nous laissent pas facilement leurs places.
On peut ensuite pénétrer dans une petite piscine dont l'eau n'est plus qu'à ... 38°. C'est très chaud mais agréable. Pour beaucoup, les clients sont assis au bord du bassin car ils ne savent pas nager.
Je suis très étonné de voir des Ethiopiennes en maillot de bain (une pièce tout de même); mais ce sont des chrétiennes qui portent leur croix orthodoxe autour du cou. Pas de musulmanes ici.
Un jeune s'approche et propose de nous prendre en photo, Michèle et moi.
Comme je lui dis qu'il a fait une bonne photo il en profite pour me demander de lui céder mon appareil. "Avec celui-ci, je pourrai monter un business profitable" me dit-il. Il me propose donc de le garder et de m'envoyer l'argent en France, au prix du matériel usagé ! "On ne sait jamais, ça pourrait marcher ?" doit-il se dire.
Dans le parc du restaurant où nous déjeunons, un couple de gros calaos à joues argent se fait la cour. Leur jeu est très curieux, ils se câlinent et s''envoient des petits bouts de bois d'un bec à l'autre.
Pour notre dernière nuit, ADEO a réservé un hôtel 5 étoiles à Hawassa. On approche de la fin du voyage et il faut finir par une bonne impression ! Mais, le luxe éthiopien montre encore ses limites. On nous attribue, à Michèle et moi-même, un chambre dans laquelle quelqu'un est en train de dormir ! Il faut attendre 45 minutes dans le couloir qu'on nous en trouve une autre, avec les plates excuses du guest officer qui baragouine trois mots de français : "Nous sommes désolés !".
Nous arrivons au terme de notre voyage en Ethiopie. Avant de rejoindre la capitale, nous allons faire un tour au marché aux poissons qui se trouve à côté du grand Lac Hawassa.
Le spectacle n'est pas particulièrement ragoûtant. On se dit que les tilapias que nous mangeons fréquemment en fish goulash dans les restaurants proviennent d'ici pour beaucoup ... Les poissons sont nettoyés à même le sol et des nuées de mouches se posent dessus.
Celui-ci vide les poissons avec les dents
Les marabouts sont à la fête et attrapent les petits morceaux de poissons que leur lancent les enfants.
Dans une petite baraque en bois où on achète le poisson vidé, il y a foule.
De nombreux singes se promènent dans un parc à proximité : grivets et colobes blancs et noirs
Grivet d'Ethiopie
Colobes guereza
C'est le moment de se diriger vers Addis-Abeba, à plus de 200 kilomètres d'Hawassa. Mais la route est bonne et il y a même une toute nouvelle autoroute sur les 60 derniers kilomètres ! Un de nos chauffeurs est même pris pour excès de vitesse et doit s'acquitter d'une amende; il y avait un policier muni de jumelles caché dans un fourré. On n'arrête pas le progrès.
Un dernier petit tour dans la capitale pour faire nos derniers achats : café - je n'ai quant à moi pas beaucoup aimé leur torréfaction qui rend le café très amer et acide à la fois - , souvenirs.
Pour notre dernière soirée, Melaku nous invite, en compagnie de nos chauffeurs, à une soirée typiquement éthiopienne avec spectacle de danse et de musique. Celle-ci est toujours très lancinante si bien que cela devient rapidement assez fatigant ... Melaku a lui-même choisi le repas. Pour une fois ce sera 100% éthiopien avec des galettes d'injera garnies de viandes grillées, de légumes et d'épices, accompagnées avec de vin d'Axum.
La soirée ne s'éternise pas trop. Melaku et les chauffeurs sont pressés de rentrer dans leurs familles. Alors direction l'aéroport. Les enveloppes des pourboires sont distribuées. Avec Michèle nous avons laissé à Melaku un petit mot pour lui dire que nous étions particulièrement contents de lui et que nous serions heureux de l'accueillir chez nous en France s'il avait l'occasion d'y venir. Melaku est très touché, il a des larmes aux yeux ...
Nous avons fait un magnifique voyage avec lui et les chauffeurs. Je devrais d'ailleurs dire que nous avons fait 2 voyages en un seul, tellement l'Ethiopie du Nord et l'Ethiopie du Sud sont différentes. Géographie et paysages différents, climats différents mais surtout histoire et cultures différents. Si nous avons été soumis à la pression, quelquefois harcelés - surtout au Sud - nous avons vécu des moments tellement extra-ordinaires que l'Ethiopie figurera sûrement parmi les pays qui nous auront laissé le plus de souvenirs magnifiques. Il reste seulement à souhaiter que ce pays ne soit pas emporté, comme beaucoup de pays africains, par les luttes fratricides entre ethnies. L'Ethiopie a tant à faire pour se développer, dans un environnement des plus dangereux : guerres civiles en Somalie, au Sud-Soudan, au Yemen, dictature féroce en Erythrée, dictature islamiste au Soudan. Bonne chance pour le futur, à toi Melaku et à ton pays !
Pour finir sur une note humoristique, quelques images drôles ou insolites ...
J'appartiens à Jesus
Sur la vitre d'un bus
Aux WC
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