vendredi 2 mars 2018

Ethiopie - Pays Konso (19)

Notre route en direction de la Vallée de l'Omo passe par Karat-Konso, une petite ville capitale de la nation du même nom. Les Konsos sont près de 300 000 et ils sont animistes.

Face à notre chambre de l'hôtel d'Arba Minch, des groupes d'oiseaux viennent se délecter de petites baies rouges.
 Coliou rayé
 Coliou à tête blanche
 Cordon-bleu à joues rouges
Merle d'Abyssinie

De drôles de choses sont accrochées aux arbres
des ruches
des nids de tisserins

De belles fleurs, les roses du désert, embellissent la savane toute jaune.

Nous quittons la Rift Valley et retrouvons de beaux paysages de montagne en entrant dans le pays konso.
Un village konso

Comme partout en Ethiopie, la recherche de l'eau est une préoccupation majeure

Au bord de la route, des enfants nous proposent des jouets fabriqués avec trois fois rien. Leur construction est quelquefois très astucieuse comme celle de ce petit acrobate articulé qui tourne autour d'une barre quand on rapproche les deux montants latéraux.

Transport d'objet précieux

Au marché de Karat-Konso, on vend beaucoup de tissus et des rubans multicolores. 

Des couturiers en font des galons pour des robes. Les collégiennes observent de près leur travail.

Un détour de 20 kilomètres vers Gesergiyo qui emprunte une piste défoncée vaut le coup. Au bout du chemin, au milieu d'une petite forêt, on découvre un grand canyon qui ressemble ... à Bryce Canyon, en plus petit et en monochrome. Les Ethiopiens l'appellent New York. C'est saisissant et magnifique. Melaku est content que nous apprécions ce site et qu'il puisse être comparé aux plus beaux paysages de l'Ouest Américain !

Le paysage du pays konso a été classé par l'UNESCO sur la liste du Patrimoine Mondial de l'HumanitéLes Konsos sont des agriculteurs sédentaires chevronnés, les seuls du Sud-Ouest éthiopien à s’adonner à la culture en terrasses sur les flancs des collines rocailleuses. Depuis plus de 400 ans, ils ont créé ces terrasses en pierre et ces fortifications destinées à combattre l'érosion des sols dans une région de hauts plateaux arides au relief accidenté. Les cultures dominantes sont le coton, le millet, le sorgho. Chaque famille possède quelques têtes de bétail et sa propre parcelle de terre que les hommes et les femmes travaillent de concert.


Nous pénétrons dans un des villages fortifiés des Konsos. Il est entouré d'épais remparts de 3 à 4 mètres de haut constitués de grosses pierres posées les une sur les autres, dont le but est de se défendre des attaques des "ennemis", des animaux sauvages. Chacun de ces villages fortifiés est densément peuplé et abrite une moyenne de 2 500 habitants.
Les Konsos ont des coutumes très originales. Chaque famille loge dans une petite aire entourée d’un mur. L’espace réservé au bétail est séparé de l’espace habitable par un muret qui interdit l’incursion des animaux dans la hutte familiale, ce qui, selon la croyance konso, serait prémonitoire de la mort du chef de famille. 
Les familles appartenant à un même clan vivent à proximité les unes des autres et forment un groupe social distinct. Les représentants d’un même groupe se considèrent comme frères et sœurs et les relations sexuelles entre eux sont proscrites. 
Il y a 9 clans chez les Konsos. Chacun d’entre eux chérit un prédicateur animiste qui personnifie l’autorité spirituelle du clan et qui joue le rôle d’intermédiaire entre l’homme et les puissances divines dont Waq, le Dieu du Ciel.
Les rituels associés au culte des anciens tiennent un rôle capital dans la communauté konso. Ils promeuvent l’appartenance au groupe et la solidarité entre ses membres. Les Konsos érigent des totems en bois sculpté sur les tombes de leurs anciens.
Chaque village possède une ou plusieurs places publiques (mora), délimitées par des murets de pierre. Elles sont le lieu des négociations politiques, administratives et judiciaires, des rites de passage et des diverses cérémonies. Chaque mora est dominé par un arbre « générationnel », un genévrier taillé en longueur et planté lors des cérémonies de passation de pouvoir.
Les Konsos passent pour être rebelles à l'autorité centrale. Chaque clan a son propre roi, le poqallaet ses propres traditions. Le roi du village que nous visitons est actuellement en prison car il a défié le gouvernement fédéral qui avait décidé d'installer un hôpital dans une localité plus petite que son fief. Il est accusé d'avoir appelé à créer des troubles.   

Dans les ruelles, les habitants vaquent à leurs occupations habituelles. 

Les enfants vendent des souvenirs originaux comme cette télé Sony en bois que j'achète pour 50 birrs, 1,5 €. Ils vendent aussi des pickups Toyota en allumettes. Qu'est-ce qu'il faut être ingénieux ici pour gagner son pain ! 

Devant la case communautaire, les vieux jouent à l'awale. Ce jeu connu dans toute l'Afrique est originaire d'Ethiopie. On en a trouvé dans les fouilles d'Axum qui dataient du VIIIème SIècle.

On joue décidément beaucoup chez les Konsos. Ici à colin-maillard ... 
... ou bien à soulever une grosse pierre qui pèse au bas mot 50 kilos, mais, je ne suis pas champion de force basque !

Pendant ce temps, Michèle essaie de faire chanter "Frère Jacques" aux enfants

C'est dans ce village que nous laissons les crayons et stylos que nous avons apportés. Le guide du village se chargera de les distribuer à l'école ... quand elle sera ouverte.

Au terme de notre étape, nous arrivons à Jinka, petite ville de 25 000 habitants, capitale de la province du Sud-Omo. Nous sommes maintenant au pays des Aaris, une ethnie de 200 000 âmes qu'il est difficile de reconnaître à première vue; les Aaris n'ont pas de façon particulière de s'habiller, de se coiffer, et ils se sont bien adaptés à la vie moderne ... Rien ne les distingue a priori des autres ...

Notre hôtel n'est pas mal mais il n'y a pas d'eau chaude dans la chambre. La réception nous envoie  le "hot water doctor" qui essaie de faire tout ce qu'il peut pour nous venir en aide. Après avoir passé une bonne demi-heure, démonté une partie des embouts des tuyaux, et copieusement arrosé le carrelage, il nous laisse une salle de bains avec un minuscule filet d'eau bouillante en nous disant fièrement "it is fixed" (c'est réglé) ! Il faudra s'en contenter.

Au restaurant, il n'y a pas un gros choix, ce sera poulet frit ... ou poulet dur. On comprend que nous sommes désormais dans une zone très reculée du pays et il faudra s'accommoder de conditions de vie plus spartiates. Daniel réussit à commander - comment ?- un hamburger qui arrive après plus d'une heure d'attente. Il n'était pas au menu, non plus ... Mais il n'est pas déçu. Il reçoit un quadruple burger (la viande ressemble à du carton pâte) avec frites et ketchup s'il vous plait ! 

Nous allons vite nous coucher car demain, ce ne sera peut-être pas une partie de plaisir. Nous avons vu une petite vidéo au musée de Jinka qui nous a montré quelques cérémonies des peuples de la vallée de l'Omo. Et les Mursis que nous partons voir demain,  ils sont réputés batailleurs ... 

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