Nous sommes maintenant en pleine vallée de l'Omo, cette grande rivière qui prend sa source dans les hauts plateaux éthiopiens et se jette dans le Lac Turkana, au Kenya.
La basse vallée de l'Omo est occupée par une mosaïque de tribus plus ou moins peuplées : les Aaris (180 000), les Males (100 000), les Dasenetchs (50 000), les Hamers-Bannas (45 000), les Suris (30 000), les Nyangatoms (27 000), les Tsamais (11 000), les Mursis (7 500), les Arbores (7300), les Karos (1500) ... Chacune a sa langue, sa religion, ses traditions, sa manière de vivre, sa façon de se vêtir ...
Elles vivent en équilibre précaire, d'abord parce qu'elles sont soumises à la pression de la "civilisation" - développement du tourisme, construction de barrages et d'usines faisant appel à de la main d'oeuvre du Nord de l'Ethiopie, réduction des zones de chasse avec la création de parcs nationaux - à une sécheresse de plus en plus grande et aussi parce qu'elles sont quelquefois en opposition violente entre elles - avec la généralisation de l'usage des armes à feu -. Au cours de notre séjour ici, nous allons rencontrer plusieurs de ces tribus.
Toutes ont adopté, à l'égard des touristes, le même code: il faut que ça rapporte ! Chaque photo est payée 5 birrs (0,15 €) s'il y a une seule personne, le double si on en photographie deux, le triple s'il y en a trois, etc ... Le bébé compte pour un et les Mursis y ajoutent le chien ! Si on tire le portrait d'une même personne plusieurs fois, il faut payer autant de fois le tarif "syndical". Mieux vaut ne pas se tromper ! Quant aux photos d'un village, d'un marché, avec des groupes de personnes, elle peuvent donner lieu à d'âpres discussions auxquelles les guides doivent mettre fin pour éviter que cela dégénère. Si jamais on ne prend plus de photos, on peut être sollicité fortement, pour ne pas dire harcelé, pour en prendre un peu plus ... Les femmes, les plus agressives, nous tirent par la manche ... Chez les Mursis et les Karos, les plus accrochés à cette "technique", les seules relations sont commerciales. Impossible d'engager la conversation - quelques-uns parlent pourtant quelques bribes d'anglais - ou d'avoir un semblant de relation humaine. C'est paiement à l'avance puis mise en place pour la photo, la plupart du temps au garde-à-vous. Très dérangeant. Pendant le temps où les autochtones "posent", le travail s'arrête ... Autre conséquence, seuls les personnes "photogéniques" récoltent de l'argent. On comprend bien la nécessité pour ces tribus de survivre mais tout ce système a un effet délétère et plusieurs tour-operators ont supprimé les visites à certaines tribus. Un seul village, celui des Dasenetchs, a mis en place un système plus satisfaisant: on paie un droit d'entrée au village, donné au chef, et on peut ensuite se promener, visiter les cases, observer la vie quotidienne, photographier. Les enfants y sont amicaux. Les guides essaient actuellement d'étendre ce principe aux autres tribus.
Toutes ont adopté, à l'égard des touristes, le même code: il faut que ça rapporte ! Chaque photo est payée 5 birrs (0,15 €) s'il y a une seule personne, le double si on en photographie deux, le triple s'il y en a trois, etc ... Le bébé compte pour un et les Mursis y ajoutent le chien ! Si on tire le portrait d'une même personne plusieurs fois, il faut payer autant de fois le tarif "syndical". Mieux vaut ne pas se tromper ! Quant aux photos d'un village, d'un marché, avec des groupes de personnes, elle peuvent donner lieu à d'âpres discussions auxquelles les guides doivent mettre fin pour éviter que cela dégénère. Si jamais on ne prend plus de photos, on peut être sollicité fortement, pour ne pas dire harcelé, pour en prendre un peu plus ... Les femmes, les plus agressives, nous tirent par la manche ... Chez les Mursis et les Karos, les plus accrochés à cette "technique", les seules relations sont commerciales. Impossible d'engager la conversation - quelques-uns parlent pourtant quelques bribes d'anglais - ou d'avoir un semblant de relation humaine. C'est paiement à l'avance puis mise en place pour la photo, la plupart du temps au garde-à-vous. Très dérangeant. Pendant le temps où les autochtones "posent", le travail s'arrête ... Autre conséquence, seuls les personnes "photogéniques" récoltent de l'argent. On comprend bien la nécessité pour ces tribus de survivre mais tout ce système a un effet délétère et plusieurs tour-operators ont supprimé les visites à certaines tribus. Un seul village, celui des Dasenetchs, a mis en place un système plus satisfaisant: on paie un droit d'entrée au village, donné au chef, et on peut ensuite se promener, visiter les cases, observer la vie quotidienne, photographier. Les enfants y sont amicaux. Les guides essaient actuellement d'étendre ce principe aux autres tribus.
Une âpre discussion avec un touriste sur le montant des "fees"
Nous débutons par les Mursis très connus pour leurs "femmes à plateau". Pour les rencontrer, il faut faire près de 60 kilomètres sur une piste qui traverse des zones de savane complètement inhabitées. Nous sommes dans le Parc National de Mago qui ne "conserve" plus d'animaux sauvages puisqu'ils ont quasiment tous disparu, victimes de la chasse intensive et des ballets de camions qui transportent des matériaux. Des barrages sur l'Omo et une grande usine sucrière sont en construction dans le coin. Alors éléphants, lions, léopards et gazelles ont déménagé vers le Kenya voisin.
Après 40 kilomètres, on aperçoit au bord de la route des enfants tout nus, peinturlurés en blanc, qui attendent visiblement le touriste et les birrs. Comme on les prend en photo en roulant, ils protestent.
En haut d'une côte, nous voici arrivés à un petit village mursi. Il y a déjà quelques 4x4 de touristes garés à proximité.
Les Mursis vivent en parfaite symbiose avec l'environnement. Ce sont des semi-nomades qui déplacent leurs villages lorsque les ressources agricoles avoisinantes ne sont plus suffisantes. Ils forment un groupe homogène, régi par des dogmes séculaires et des rituels ancestraux. Ils ont peu d'interactions avec les autres peuples de la région et combattent farouchement à coup de lances et de kalachnikovs le vol de bétail et les razzias de femmes perpétrés sur leur territoire par d'autres peuples.
Parmi leurs "ennemis", leurs voisins Hamers et Bodis. Avec les Hamers, desquels ils sont pourtant séparés par un grand territoire de broussailles arides, les querelles sont fréquentes. Quant aux Bodis, ils entretiennent des relations tendues avec eux.
En haut d'une côte, nous voici arrivés à un petit village mursi. Il y a déjà quelques 4x4 de touristes garés à proximité.
Les Mursis vivent en parfaite symbiose avec l'environnement. Ce sont des semi-nomades qui déplacent leurs villages lorsque les ressources agricoles avoisinantes ne sont plus suffisantes. Ils forment un groupe homogène, régi par des dogmes séculaires et des rituels ancestraux. Ils ont peu d'interactions avec les autres peuples de la région et combattent farouchement à coup de lances et de kalachnikovs le vol de bétail et les razzias de femmes perpétrés sur leur territoire par d'autres peuples.
Parmi leurs "ennemis", leurs voisins Hamers et Bodis. Avec les Hamers, desquels ils sont pourtant séparés par un grand territoire de broussailles arides, les querelles sont fréquentes. Quant aux Bodis, ils entretiennent des relations tendues avec eux.
Afin de développer l'agressivité, de façonner l'agilité et l'endurance et de rehausser la masculinité des futurs guerriers, les Mursis mettent en scène des combats au bâton, les dongas. Les participants se dessinent sur le corps, à la peinture blanche, des motifs symboliques qui leur assurent la protection de forces surnaturelles.
Les Mursis attachent beaucoup d'importance à l'harmonie au sein de la tribu. Ils se regroupent dans des villages éloignés des rives marécageuses de la rivière Omo, là où la présence de la mouche tsé-tsé est moindre. Ils n'amènent leur bétail s'abreuver à la rivière qu'en cas de nécessité absolue, pour limiter les ravages causés par le développement de la maladie du sommeil. Leurs cases sont construites avec de l'herbe, de la terre et des branchages.
Les femmes qui restent au village cultivent le sorgho et le maïs.
Les Mursis vivent aussi de l'élevage, de la chasse et de la pêche. Le troupeau de zébus est avant tout un signe de richesse transmis de génération en génération. Le lait et le sang des zébus sont consommés mais rarement la viande. La chasse a tendance à se raréfier avec la disparition progressive de la faune sauvage, décimée par les armes à feu. Dans ce pays où il y a peu d'animaux de compagnie, les Mursis font exception. Les chiens font partie de la vie du village : ils veillent sur les habitants comme sur le troupeau, de jour comme de nuit, et donnent l’alerte à l’approche de hyènes rôdant autour des enclos. Melaku dit que les Mursis sont tellement attachés à leurs chiens qu'ils ont, il y a peu, tués au fusil des chauffeurs de l'usine sucrière en représailles au fait que leurs camions écrasaient leurs chiens ...
Les Mursis, comme la majorité des peuples locaux, craignent les eaux de l'Omo, car, outre le fort courant et les tourbillons qui décourageraient les meilleurs nageurs, l'épais limon brunâtre de la rivière camoufle les hippopotames, les crocodiles friands de chair humaine et les mauvais esprits. C'est que les Mursis sont animistes, et croient que tous les éléments de la nature, arbres, pierres... possèdent effectivement un esprit.
Les Mursis vivent presque nus, habillés de peinture et parés de bijoux.
La mise en place chez la femme de l’ornement labial inférieur, le "plateau", intervient vers l’âge de 14 ans : après extraction des incisives inférieures, la lèvre est perforée et une cheville de bois mise en place ; l’orifice est agrandi d’année en année par l’introduction de cylindres de plus en plus grands, jusqu'à la mise en place d’un grand disque d’argile décoré de gravures. Certains anthropologues prétendent que cette mutilation avait autrefois pour but de rendre inesthétiques les femmes afin de les protéger des razzias esclavagistes. Mais la coutume a évolué et beaucoup d'hommes (... et de femmes) considèrent désormais que c'est un signe de beauté. La taille du plateau est à la mesure de la dot exigée par la famille des jeunes filles à marier. Le port du plateau n’est pas permanent, il est limité aux moments de présence du mari et des fils, ou lors des rencontres importantes. Le gouvernement éthiopien cherche à mettre fin à cette pratique mutilatrice mais les traditions ont la peau dure ... Et puis, cela rapporte de l'argent ...
Ce n’est pas la seule parure des femmes, qui portent aussi des colliers faits de coquillages ou de perles et se rasent le crâne. Sur la tête, elles portent des "chapeaux" en fruits ou des cornes de zébu.
Par ailleurs, hommes et femmes se percent les oreilles où de semblables disques (ou rondelles de bois) sont insérés. Ils portent des scarifications sur les bras, le ventre ou la poitrine. Chez les hommes, ces scarifications, figuratives, commémorent un acte de bravoure. Les femmes arborent des scarifications sur l'épaule qui constituent leur «carte d'identité» tribale tandis que colliers, bracelets et peintures mammaires trahissent un désir de plaire.
Par ailleurs, hommes et femmes se percent les oreilles où de semblables disques (ou rondelles de bois) sont insérés. Ils portent des scarifications sur les bras, le ventre ou la poitrine. Chez les hommes, ces scarifications, figuratives, commémorent un acte de bravoure. Les femmes arborent des scarifications sur l'épaule qui constituent leur «carte d'identité» tribale tandis que colliers, bracelets et peintures mammaires trahissent un désir de plaire.
Serpentins, arabesques, lignes sinueuses, faisceaux de dentelles, étoiles ou fleurs : les peintures corporelles que les hommes se dessinent entre eux sur le corps et le visage peuvent être très variées. Ephémères, ces œuvres à base de craie changent au gré des événements sociaux de la tribu ; ainsi, lors de combats rituels, le maquillage du visage est-il destiné à intimider l'adversaire.
Se raser entièrement est, chez les hommes Mursis, un signe d'élégance. Les plus coquets s'épilent même les cils. Les bergers, lorsqu'ils s'occupent de leur troupeau, portent pour tout vêtement pour se protéger du soleil une couche de bouse fraîche fixée avec de la cendre !
C'est avec un sentiment mitigé que je quitte ce village. D'un côté content d'avoir pu entre-apercevoir ce peuple aux coutumes tellement différentes des nôtres, de l'autre le regret de n'avoir pu rien échanger avec ces gens. En plus, bien que récoltant pas mal d'argent, ils n'ont même pas l'air d'être très heureux ... Seule Michèle qui n'avait pas d'appareil photo a pu aborder de façon plus "naturelle" une femme avec un bébé qui s'est mis à rire. C
Et puis c'est dans ce village que je me suis égratigné la jambe. Vu le manque de propreté, je me suis désinfecté immédiatement. Mais le lendemain, j'avais un gros hématome et ma jambe est devenue toute rouge. De retour en France, mon médecin m'a dit que j'avais bien fait de prendre un antibiotique ... J'y ai probablement attrapé un staphylocoque qu'il m'a fallu presque un mois à éliminer ...
Retour à Jinka pour le déjeuner où on nous donne le choix entre poulet et beef-goulash. La plupart d'entre nous choisit le poulet ... qui s'avère être des pâtes aux légumes avec de tout petits morceaux de poulet. Nos voyageurs au long cours sont scandalisés et se plaignent amèrement. C'est vrai que c'est un peu exagéré (encore que la serveuse finit par apporter une petit assiette de poulet découpé en plus) mais nos co-voyageurs oublient qu'on est loin de tout ici ! Encore une attitude qui ne va pas rendre les touristes très populaires ...
Se raser entièrement est, chez les hommes Mursis, un signe d'élégance. Les plus coquets s'épilent même les cils. Les bergers, lorsqu'ils s'occupent de leur troupeau, portent pour tout vêtement pour se protéger du soleil une couche de bouse fraîche fixée avec de la cendre !
C'est avec un sentiment mitigé que je quitte ce village. D'un côté content d'avoir pu entre-apercevoir ce peuple aux coutumes tellement différentes des nôtres, de l'autre le regret de n'avoir pu rien échanger avec ces gens. En plus, bien que récoltant pas mal d'argent, ils n'ont même pas l'air d'être très heureux ... Seule Michèle qui n'avait pas d'appareil photo a pu aborder de façon plus "naturelle" une femme avec un bébé qui s'est mis à rire. C
Et puis c'est dans ce village que je me suis égratigné la jambe. Vu le manque de propreté, je me suis désinfecté immédiatement. Mais le lendemain, j'avais un gros hématome et ma jambe est devenue toute rouge. De retour en France, mon médecin m'a dit que j'avais bien fait de prendre un antibiotique ... J'y ai probablement attrapé un staphylocoque qu'il m'a fallu presque un mois à éliminer ...
Retour à Jinka pour le déjeuner où on nous donne le choix entre poulet et beef-goulash. La plupart d'entre nous choisit le poulet ... qui s'avère être des pâtes aux légumes avec de tout petits morceaux de poulet. Nos voyageurs au long cours sont scandalisés et se plaignent amèrement. C'est vrai que c'est un peu exagéré (encore que la serveuse finit par apporter une petit assiette de poulet découpé en plus) mais nos co-voyageurs oublient qu'on est loin de tout ici ! Encore une attitude qui ne va pas rendre les touristes très populaires ...
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