La foi est profondément enracinée chez les Ethiopiens. Sauf peut-être chez les peuples "premiers" de la Vallée de l'Omo ... mais c'est une autre histoire, et ces derniers ne constituent qu'une toute petite partie de la population.
Les chrétiens orthodoxes représenteraient 40% à 45% de la population éthiopienne, les musulmans sunnites 45%, les protestants évangélistes et pentecôtistes 10%. L'influence de ces derniers s'accroît, en particulier dans le Sud, au détriment de l'Eglise Orthodoxe. Des tensions existent d'ailleurs entre chrétiens orthodoxes et protestants, ainsi qu'entre orthodoxes et musulmans.
En bleu les chrétiens, en vert les musulmans
Les Orthodoxes sont les plus nombreux dans le Nord, en Abyssinie (provinces d'Amhara et du Tigré). ainsi que dans la capitale Addis-Abeba. Les musulmans sont majoritaires dans l'Est, dans les régions proches de la Somalie et de Djibouti. Les protestants sont majoritaires dans le Sud, proche du Kenya et du Sud-Soudan. Dans la région centrale, la plus peuplée -appelée Oromia- les deux religions principales sont au coude à coude.
La mosquée de Bule Hora dans la région d'Oromia. La ville qui portait autrefois le nom très chrétien de Hagere Maryam a été rebaptisée pour satisfaire les musulmans désormais majoritaires
Il y avait autrefois des Juifs en Ethiopie, appelés Falashas (ou Beta Israel), probablement descendants du noyau juif existant avant la christianisation qui se sont ensuite mélangés avec la population autochtone. Ces "Juifs noirs" qui vivaient dans la province d'Amhara ont pratiquement tous émigré en Israël entre 1984 et 1991 à la suite de 2 opérations militaires de l'Etat hébreu. Les Juifs éthiopiens sont maintenant 135 000 en Israël. La discrimination dont ils faisaient l'objet en Ethiopie orthodoxe s'est malheureusement poursuivie en Israël même. Récemment encore, ils ont manifesté contre le racisme dont ils feraient preuve de la part de la police
Sur les murs de l'ancienne synagogue du village de Woleka
Quoiqu'extrêmement marginale, la communauté des rastafaris est installée en Ethiopie depuis les années 60. Pour les rastafaris, l'Ethiopie représente le seul pays d'Afrique resté pur, le royaume noir de l'Empereur Haile Selassié descendant du Roi Salomon, du Royaume de Juda et des tribus d'Israël et fait figure de terre promise pour les descendants d'esclaves. Le mouvement rasta popularisé par Bob Marley trouve ses origines dans les années 30, au moment du couronnement de l'Empereur Haile Selassié. C'est d'ailleurs lui qui leur a accordé des terres à Shashemene. Les adeptes de la nouvelle religion sont des Noirs originaires de la Jamaïque, des Etats-Unis ou d'Angleterre. Depuis la mort de l'Empereur en 1975, les rastas peinent à s'intégrer. Ces fumeurs de ganja - marijuana - sont d'ailleurs assez mal vus des Ethiopiens qui les prennent pour des étrangers et ne comprennent pas, eux qui rêvent de s'installer aux Etats-Unis ou en Angleterre, que l'on puisse quitter New York ou Londres pour venir dans un pays pauvre.
Entrée du domaine des rastas Bet Israel à Shashemene - No War !
Les religions ne sont pas les seules pommes de discorde entre Ethiopiens. Comme partout en Afrique subsaharienne, les ethnies jouent un rôle majeur et leurs antagonismes conduit à des luttes plus ou moins violentes. Notre guide éthiopien Melaku nous dit que c'est une des difficultés majeures à laquelle est confrontée son pays.
Le pays est découpé selon les ethnies et les langues, ce qui a tendance à "ethniciser" tous les conflits
Amharas (30% de la population) et Tigréens (5%) vivent sur les hauts plateaux du Nord. Les Amharas ont très longtemps constitué l'ethnie dominante, celle qui possédait le pouvoir. La preuve en est que sa langue, l'amharique, est la langue officielle du pays.
L'amharique utilise un alphabet spécifique
Depuis 1991, le pouvoir est surtout détenu par les Tigréens parce que ce sont eux qui ont mis fin à la dictature communiste. Ce qui génère des tensions avec les Amharas et les Oromos.
En pays oromo, on s'acharne à ne pas utiliser exclusivement l'alphabet amharique, un symbole de la résistance à la "domination amhara"
Les Oromos (35% de la population) installés au Centre et au Sud du pays, sont les plus nombreux. Des conflits inter-ethniques violents entre Oromos et Somalis ont eu lieu très récemment. Le conflit dont l'origine est l'accès à l'eau et à la terre a fait des centaines de morts et des milliers de déplacés. Heureusement, cela se passait dans une région que nous n'avons pas traversée ...
Les Afars (7% de la population) occupent les zones désertiques proches de Djibouti et de l'Erythrée. Les Somalis (5%) vivent dans le désert de l'Ogaden et sont de la même ethnie que leurs frères du Somaliland et de Somalie.
Et il existe des dizaines de plus petites ethnies, en particulier près de la frontière du Kenya dans la Vallée de l'Omo, chacune avec sa langue. Un vrai patchwork. Chacune de ces ethnies de la Vallée de l'Omo défend ses troupeaux à l'aide de kalachnikovs contre les "ennemis" de la tribu voisine qui pourraient venir leur voler leur bétail ...
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