lundi 17 octobre 2011

Pays Baltes-11 : Vilnius (24 septembre 2011)

Nous voici arrivés au terme de notre voyage dans les Pays Baltes, Vinius, capitale de la Lituanie.
La Vieille Ville, qui compte parmi les plus importantes et les mieux conservées d'Europe, regorge d'églises baroques.
Eglise catholique Saint-Pierre et Saint-Paul.
Eglise orthodoxe du Saint-Esprit, dont l'intérieur est peint de couleurs pétantes (plutôt néo-baroque).
Eglise uniate de la Sainte-Trinité (les Uniates sont des catholiques de rite byzantin, donc proche du rite orthodoxe).
Eglise catholique Saint-Casimir, consacrée au saint national lituanien.
La cathédrale catholique Saint-Stanislas de style classique est plantée au milieu d'une vaste place, au pied de la colline Gediminas.
Ce samedi, comme dans beaucoup de pays catholiques, on célèbre les mariages. Et, tout comme en Russie, les mariés se déplacent dans une énorme limousine en jettant des bombons par la fenêtre.
La Porte de l'Aurore - la seule qui subsiste des 9 portes qui commandaient au Moyen Age l'entrée dans la Vieille Ville de Vilnius - renferme l'icône de Notre-Dame de la Miséricorde, révérée par tous les Lituaniens. Les passants dans la rue, jeunes et vieux, se retournent face à la Vierge et se signent en récitant une prière.
Autrefois polonaise puis russe, l'Université de Vilnius a été fondée par les Jésuites en 1578. Elle a souvent été un centre de résistance des patriotes polonais et lituaniens contre le pouvoir russe.
Dans une cour, un escalier du Centre d'Etudes Lituaniennes de la Faculté de Philologie monte dans une pièce voûtée où le peintre Petras Repsys a exécuté entre 1976 et 1984 des fresques, Les Saisons de l'Année. Elles font appel à un bestiaire fantastique, représentant quelquefois des situations angoissantes. Cela fait écho en moi à l'oeuvre du peintre hollandais Jerôme Bosch: le Jardin des Délices Terrestres . Notre guide nous parle de références au monde mythologique de la Lituanie d'antan … Très étonnant et d'un ésotérisme fou !
Vilnius comptait avant la 2ème Guerre Mondiale une très importante communauté juive de 80 000 personnes, environ la moitié de la population de la ville. On appelait même Vilnius la «Jerusalem du Nord». Pendant l'occupation de la Lituanie par les nazis, la quasi-totalité de cette communauté fut exterminée dans les fusillades de masse puis dans les camps de concentration. Sur les 265 000 Juifs lituaniens, 254 000 ont péri entre 1941 et 1945. Parmi les communautés juives d'Europe, celle de Lituanie est celle qui a été le plus touchée par la Shoah. La Grande Synagogue, de style baroque, qui avait tant impressionné Napoléon en 1812, fut bombardée durant la Guerre, puis rasée du temps des Soviétiques.
Dans l'ancien ghetto de la Vieille Ville de Vilnius, maintenant rénové.
Il ne subsisterait aujourd'hui que 5000 Juifs à Vilnius et une seule synagogue, alors que la ville en comptait 105 avant guerre. On comprend ici mieux qu'ailleurs que les Juifs veuillent disposer d'un Etat où ils puissent vivre en toute sécurité... et comme les Palestiniens n'ont pas envie d'être à leur tour, comme les Juifs, d'éternels exilés, y a-t-il d'autres solutions que le partage pacifique de la terre, non ? Mais, je m'égare …
Voilà, notre petite expérience dans les Pays Baltes s'achève, avec une moisson de nouveaux souvenirs, de nouveaux amis là-bas et une meilleure connaissance du passé et du présent de ces peuples européens, un peu éloignés du nôtre. Une belle expérience partagée avec nos amis de Friendship Force.

Pays Baltes-10 : Trakai (24 septembre 2011)

Dernière étape de notre voyage dans les Pays Baltes, avec un arrêt à Trakaï, une petite ville fondée au Moyen-Age, résidence des Grands-Ducs de Lituanie jusqu'au XVème Siècle. Son château situé sur une île du Lac Galvé est le principal centre d'attraction de la ville; il a été totalement reconstruit au XXème Siècle.
Le château abrite un beau musée qui évoque le souvenir du Grand-Duc Vytautas qui régna sur la Lituanie de 1392 à 1430.
Il créa, avec son cousin le Roi de Pologne, la République des Deux Nations, le plus vaste état européen du Moyen-Age qui s'étendait alors de la Mer Baltique à la Mer Noire.
Pour arriver à ses fins, Vytautas dut combattre les Chevaliers Teutoniques au Nord, la Principauté de Moscovie et les Mongols de la Horde d'Or à l'Est. Païen à l'origine, il changea plusieurs fois de religion et fut baptisé 2 fois dans la religion catholique: en 1383 sous le nom de Vitold, et en 1386 sous le nom d'Alexandre; entretemps, il était redevenu païen ... A sa manière, il fut une sorte de Henri IV lituanien : sa principauté valait bien une messe !
Le musée évoque aussi la vie d'une population très particulière qui a élu domicile à Trakai, les Karaïtes.
Le karaïsme représente un courant très minoritaire du judaïsme (il reste 30 000 personnes dans le monde qui embrassent cette foi), reconnaissant la seule Bible hébraïque et refusant la Loi orale, en opposition avec le courant principal du judaïsme rabbinique. Ne m'en demandez pas plus ! Il existe des communautés karaïtes dans plusieurs pays y compris en Israël. Est-ce pour échapper aux pogroms, toujours est-il que les karaïtes de la Russie tsariste- et donc ceux de Trakai ici en Lituanie - et uniquement eux, se redéfinirent comme un peuple distinct du peuple juif, descendants des Tatars, une  ethnie turque musulmane. Difficile de démêler le vrai du faux, en tout cas notre guide opte avec fermeté pour la dernière hypothèse …
A midi, nous testons le restaurant karaïte du village de Trakai. Très franchement, la nature des chaussons à la viande que nous y mangeons - je n'ose pas dire dégustons - ne constitue pas un indice susceptible de nous renseigner sur l'origine, juive ou musulmane, des Karaïtes; un seul point est acquis: la nourriture karaïte est passablement «étouffe-chrétien» !
Puisque nous en sommes au rayon nourriture, je m'aperçois que j'ai omis de vous citer les spécialités culinaires baltes: choucroute avec toutes les déclinaisons de viande de porc, patates et betteraves râpées chaudes.
Poissons fumés et séchés.
Encore une fois, la géographie parle: pas de doute, nous sommes bien ici entre Allemagne, Russie, Pologne et Scandinavie. Donc pas parmi les références culinaires les plus délicates. Mais, nous sommes, et c'est l'essentiel, le plus souvent accueillis avec le sourire. Sauf chez les Karaïmes! Ils doivent voir trop de touristes, ces gens-là ! Effectivement, devant les petites maisons du village de Trakai, nous voyons des voitures immatriculées dans toutes sortes de pays : allemands, anglais, polonais, biélorusses ... et même français.
A propros de voitures, nous sommes étonnés de voir dans ces pays une proportion non négligeable de grosses cylindrées allemandes : Mercedes, BMW, Audi. Curieux dans des pays dont le niveau de vie est moitié moindre du nôtre. Notre guide nous dit qu'il y a un important commerce de voitures d'occasion avec l'Allemagne, et que les Baltes consacrent beaucoup d'argent à leur voiture. Peut-être, mais le coût d'un gros 4x4 d'occasion reste encore très élevé ! M'est avis que doivent exister quelques trafics et que le travail au noir est assez répandu ici ... 

samedi 15 octobre 2011

Pays Baltes-9 : Kaunas (23 septembre 2011)

Nous abandonnons la Mer Baltique pour l'intérieur de la Lituanie.
Notre guide profite du trajet Klaipeda - Kaunas pour nous raconter l'histoire de sa famille. Son père, marin commercial, fut de ceux qui regagnèrent leur pays et résistèrent militairement dès 1940 à l'annexion des Pays Baltes par l'URSS, puis constituèrent des groupes de "partisans des forêts" luttant contre les Allemands de 1941 à 1944, et à nouveau contre l'Armée Rouge à partir de 1944. En 1947, ce père fut finalement arrêté et expédié au Goulag, en Sibérie, échappant miraculeusement au poteau d'exécution. La mère de notre guide, ayant étudié le français avant guerre, et membre d'un groupe d'opposants pacifiques fut considérée comme une "ennemie du peuple" par les autorités soviétiques, et finit par être exilée elle-aussi en Sibérie. C'est dans un camp de prisonniers que ses parents se connurent avant de revenir dans leur patrie en 1956, quand Kroutchev fit fermer de nombreux camps du Goulag, après la mort de Staline. Ce récit très personnel exprimé avec simplicité, ne versant cependant pas ni dans le pathos ni dans la haine anti-russe (“les Russes ont autant souffert que nous” nous dit-elle) était finalement emprunt d'une dignité et d'une force d'autant plus grandes: il était pour tout dire extrêmement émouvant, nous faisant toucher du doigt les grandes épreuves qu'ont subi les Lettons, Estoniens et Lituaniens pendant ces 50 dernières années . Ce fut un moment très fort de notre séjour dans les Pays Baltes.
Arrivée à Kaunas, l'ancienne capitale de la Lituanie, désormais plus connue par son équipe de basket – le sport national en Lituanie – que par son passé historique.
Il en subsiste cependant les ruines d'un château du XIIIème Siècle,
l'Hôtel de Ville qui porte le gentil nom de «Cygne Blanc»,
l'Eglise Saint-Vytautas de style baroque,
le Monastère Pazaislis construit au XVIIème Siècle par des architectes italiens est considéré comme un des plus beaux exemples du baroque en Europe de l'Est. Il était occupé par un petit nombre de moniales - 12 à 24 - qui avaient chacune leur petite maisonnette; ce devait être des moniales triées sur le volet ! Le monastère est visité par Napoléon pendant la Campagne de Russie en 1812. Les Russes le transforment en Eglise Orthodoxe en 1832. Rendu au culte catholique en 1920, le Monastère Pazaislis devient durant l'occupation soviétique un hôpital psychiatrique, puis une galerie d'art, avant de redevenir un monastère catholique après 1990. Encore un exemple de l'histoire chaotique de ces Pays Baltes.
l'Eglise Orthodoxe Saint-Michel Archange,
Partout des signes d'appartenance à la religion catholique,
que le pouvoir soviétique n'a eu de cesse de combattre : voici l'exemple d'une église transformée en entrepôt, dépouillée et laissée à l'abandon et pas encore restaurée faute de moyens.
Notre après-midi libre à Kaunas est consacrée à arpenter les Allées Laisves, la «première artère piétonne d'URSS». Elle ne présente que peu d'intérêt hormis le fait de servir de décor à un défilé des plus belles jambes des Pays de l'Est ! C'est qu'ici la mode (d'hiver compte tenu de la température) est aux collants portés très hauts ! Pas très catholique, tout ça !

jeudi 13 octobre 2011

Pays Baltes-8 : Presqu'île de Courlande (22 septembre 2011)

Nous avons passé la nuit dans le grand hôtel de Klapeida, un hôtel moderne, en forme de K comme Klaipeda, au style très froid,
avec de très grandes chambres sur 2 niveaux au décor post-moderne, et un ascenseur avec vue extérieure doté d'un système d'enregistrement des appels sûrement inventé par un Prix Nobel de cybernétique. Résultat : tout le monde se trompe et il faut au bout du compte deux fois plus de temps pour arriver à notre étage qu'avec un bon vieux système classique !
Un temps occupée par la France – après la Première Guerre Mondiale - Klaipeda, l'ancienne Memel des Prussiens, est ensuite occupée en 1923 par l'armée de la toute nouvelle République de Lituanie. Puis en 1939, Hitler exige son rattachement au Reich allemand. La ville dont il reste peu de bâtiments anciens rassemble des habitations datant surtout de l'ère soviétique. Les maisons à colombage que tente de nous faire apprécier notre guide n'offrent que peu d'intérêt: ce sont de gros cubes gris dans lesquelles ont été insérées quelques poutres de bois d'une couleur douteuse. Le bord de la rivière Dane est malgré tout un endroit agréable.
Klaipeda est un port très important, le seul de Lituanie, et le point d'arrivée d'oléoducs russes. La ville est située au débouché de la Lagune de Courlande dans la Mer Baltique (le détroit de Memel).
Nous devons prendre un petit bac qui traverse le détroit de Memel pour aller sur la Presquîle de Neringa ou Presqu'île de Courlande, une très longue et étroite langue de terre recouverte de forêts de pins et de bouleaux, située entre la Lagune et la Mer Baltique. Sa partie Sud appartient à la Russie. A son extrémité se trouve la ville de Kaliningrad, anciennement Koenigsberg, capitale de la Prusse Orientale. On imagine aisément à quel point ces terres ont été l'objet de conquêtes diverses et variées. Il y a même eu ici un camp de prisonniers de guerre français pendant Guerre de 1870 !
La presqu'île est désormais un lieu de villégiature et une réserve d'oiseaux. Mais la saison est passée et nous ne verrons que peu de vacanciers et aucun migrateur!
Seules subsistent les belles sculptures en bois de la Colline aux Sorcières de Juodkranté qui illustrent les nombreuses légendes lituaniennes.
et quelques sorcières-souvenirs pour nos petits enfants !
Peu avant la frontière russe l'ascension des dunes de sable de Nida permet d'admirer un vaste panorama sur la Lagune de Courlande et la Mer Baltique illuminées par un soleil blanchâtre.
«Nulle part au monde, je n'ai vu un tel paysage» aurait écrit Jean-Paul Sartre lors de sa visite ici. Un tantinet exagéré. Le lieu est cependant réputé depuis longtemps puisque l'écrivain Thomas Mann y a passé plusieurs étés dans les années 1930.
Le petit village de Nida avec ses maisons de bois colorées et ses girouettes multicolores.
La Mer Baltique regorge d'ambre - de la sève d'arbre fossile - mais il faut être un spécialiste pour distinguer le vrai du faux.
Moi, je suis incapable de faire la différence entre l'ambre et le plastique jaune. Je ne suis d'ailleurs pas le seul. La commerçante du magasin «officiel» dans lequel nous a emmené notre guide nous met en garde: «N'achetez surtout pas à l'étal voisin, c'est du faux!» Arrivés devant cet étal, comme certains d'entre nous émettent l'idée que les bijoux sont en plastique, son propriétaire nous dit «Ici véritable! dans magasin, plastique !». Comprenne qui pourra.