lundi 13 avril 2015

Traversée indochinoise (41) : Hanoï ... et fin du voyage

Nous avons encore une journée complète pour découvrir Hanoï. Le temps est ensoleillé, bien que très humide. Nous allons marcher plusieurs heures pour parcourir les rues de la vieille ville. Dès le matin, il y a une animation continue. Les gens mangent dans la rue, assis sur de petits sièges plastique, des soupes principalement (le pho, une soupe de vermicelles de riz dans un bouillon de poulet) mais aussi des sortes de boulettes et du riz.
A chaque rue son corps de métier bien particulier : soieries, jouets, ferblantiers, forgerons, magasins de statues et d'objets pour le culte des ancêtres, papiers votifs, chaussures.
 On continue de brûler les papiers votifs
La Cathédrale catholique Saint-Joseph semble désaffectée. En tout cas, il n'y a pas foule.
 Un énorme méli-mélo de fils électriques
Le marché est très décevant, on n'y trouve que de la droguerie, de la pacotille et des tissus de piètre qualité. Duyên nous a dit que tout y venait de Chine. Par contre, de petits marchés de rue proposent quelques fruits et légumes, un peu de poisson (vivant ou presque, dans des bassines plastiques) et de la viande de poulet ou de porc. On prépare aussi à manger a même le sol ....
Le temple Ba Tha qui se trouve au milieu de la vieille ville est extrêmement fréquenté. Beaucoup de gens sont venus faire leurs prières de début d'année aux dieux traditionnels et au Bouddha. Au moment des Fêtes du Têt, on honore les ancêtres, on visite ensuite la famille, puis les amis et les voisins, et enfin il faut faire un tour a la pagode.
Au bord du Lac Hoan Kiem, les amoureux posent pour une photo de mariage romantique.
L'Opéra se trouve dans un quartier cossu où on trouve de très beaux hôtels.
Un peu partout, on croise des employés de sociétés de gardiennage ou de sécurité. Pourtant, la ville a l'air calme et Duyên ne nous a averti de rien. Quelle en est la raison : agressions, vols ?

Pour ce dernier jour, nous nous offrons, Michèle et moi, un bon repas au Ly Club, avec des plats très originaux: vermicelles brunis, émincés de coquilles Saint-Jacques et calamars, sauce à la pomme et à la poire, puis roulés de filet de boeuf et de poires de Da Lat.  
Ensuite, Michèle retourne voir si elle peut acheter un pantalon de soie. Moi, je préfère aller visiter le Musée de la Révolution Vietnamienne. On y apprend que dès le début de la colonisation, des mouvements de révolte ont eu lieu contre la présence française, et que cette résistance n'a en fait jamais cessé, jusqu'à l'indépendance.
Nguyen Huu Han, leader des insurgés anti-français du Sud du Vietnam entre 1862 et 1864
Une femme participant à l'insurection Ba Dinh de 1886 arrêtée par l'armée coloniale
Insurgés Yen The mis en prison en 1913
 Photographie d'un bras arraché, action d'intimidation de l'armée française contre le Vietminh (VM) dans les années 1950
Puis je vais à la prison de Hoa Bin où on mettait au trou les révolutionnaires à partir du début du XXeme Siècle. Les salles consacrées aux tortures et aux exécutions capitales sont à proprement parler horribles.
Prisonniers politiques entravés dans une salle de la prison
Les têtes de nationalistes vietnamiens guillotinés en 1908 sont exposés  à la foule
 La "gégène", instrument de torture par l'électricité
 Le couloir des condamnés à mort donne sur la guillotine
Quand on voit ça, on se prend à penser que tout ce mal a été fait au nom du peuple français qui, pourtant, n'en a jamais entendu parler, ou si peu, avant que les guerres d'indépendance arrivent. On lui parlait, avec Jules Ferry et le parti colonial, des bienfaits que la France apporterait à ces sous-développés. Rares étaient les Clémenceau qui s'opposaient avec clairvoyance à cette politique d'asservissement.  Quand je vois des photos de manifestations contre la Guerre d'Indochine et celle du Vietnam qui ont eu lieu bien plus tard en France, je me souviens de mon jeune temps où je manifestais au début des années 1970 contre la présence américaine au Sud-Vietnam et pour la paix ...
Je me souviens aussi avoir fait un don à une Association médicale franco-vietnamienne qui venait en aide aux soldats blessés du Viêt-cong et aux populations des "zones libérées" ... Je n'ai jamais aimé le colonialisme et l'impérialisme, sous aucune de ses formes, et, après avoir beaucoup voyagé, je l'aime encore moins.
Pete Peterson, un pilote américain abattu en 1966, a été détenu jusqu'en 1973 dans cette prison que les Américains prisonniers de guerre appelaient par dérision Hanoï Hilton. Il est devenu ensuite en 1997 le premier ambassadeur des Etats-Unis au Vietnam après la guerre.
En revenant vers l'hôtel, je rencontre Mado et Jean-Paul par hasard (pourtant Hanoï c'est immense !) et nous allons boire une bière au sommet d'un petit café qui a une vue imprenable sur le grand lac Hoan Kiem. L'accès en est très curieux. Il faut traverser un magasin de soiries puis monter un escalier en fer très raide avant d'arriver à une sorte de plateforme en plein air. Ne pas oublier de commander sa boisson en bas et de se la monter ...
Retour à l'hôtel pour notre départ. Cette fois-ci c'est bien fini ! Duyên est venue en moto à l'hôtel pour nous accompagner. A l'aéroport, nous lui disons adieu. Elle a été une excellente guide, peut-être la meilleure de tout notre voyage. La reverrons-nous un jour en France ? Elle a le projet d'y venir pour parfaire son français. En attendant, nous resterons en contact, grâce à Facebook !

Et c'est le moment de dresser un premier bilan de ce grand voyage en Indochine. Partout nous avons été formidablement accueillis. Partout nous avons rencontré des gens chaleureux, gentils, serviables, amicaux.
Le Laos est sûrement le pays qui m'a le plus marqué, sans doute parce qu'il est encore resté très authentique et aussi parce c'est le pays de la quiétude et du sourire. Bien que ses habitants soient pauvres pour la plupart, on sent que malgré tout il fait bon y vivre. Et les paysages du Nord, sans parler de la ville de Luang Prabang, sont vraiment magnifiques.
Je craignais au début de ce voyage d'être plongé au Vietnam dans un monde d'agitation peut-être insupportable. J'en reviens, certes, avec la sensation d'avoir été comme une fourmi parmi des millions d'autres - surtout dans les rues de Saïgon et d'Hanoï - mais cette expérience aura été néanmoins intéressante. J'a aussi la conviction d'avoir approché un peuple de grande culture, travailleur et fier, avec une grande histoire. Et l'expérience d'avoir vécu les Fêtes du Tet chez les Hmongs et les Daos Rouges restera gravée à tout jamais dans ma mémoire.
Quant au Cambodge, je dois dire que j'en reviens un peu déçu. Il est vrai que nous n'y avons passé qu'une petite semaine et n'y avons eu que peu de contacts. Néanmoins, le souvenir des 3 jours passés dans le site exceptionnel d'Angkor est encore merveilleux.
Alors, à bientôt pour de nouvelles aventures !



dimanche 12 avril 2015

Traversée indochinoise (40) : Retour de la Baie d'Ha Long à Hanoï

C'est un lever aux aurores aujourd'hui. 6h30 pour voir le lever du soleil ... qui ne perce pas à travers la grosse couche de brouillard.
Il n'empêche, le spectacle est vraiment beau. Au village flottant des pêcheurs, on embarque sur de petites coquilles de noix pour une promenade au calme.
Aucun bruit si ce ne sont les cris des oiseaux qui nichent dans les falaises. Une grotte partiellement immergée laisse entrevoir la mer libre au loin. Encore une magnifique image que celle de ces barques à contre-jour. 
La Baie d'Ha Long est aussi connue pour ses perles. A la ferme perlière, on nous explique le mode de greffage des huîtres - normales - par une petite bille sur laquelle l'huître viendra déposer plusieurs couches de nacre.
Le retour au port se fait en traversant un paysage qui inspire la quiétude et la beauté.
Avant de débarquer, l'équipage nous sert le "fast-food" vietnamien : crevettes et coquilles Saint Jacques. On aimerait que MacDo nous en serve plus souvent !
Nous retrouvons au port notre guide Duyên et notre chauffeur pour refaire la route de retour vers Hanoï. Toujours autant de circulation et des paysages pas très intéressants, si ce n'est le travail dans les rizières. Mais, nous quittons la route principale pour aller voir un village typiquement vietnamien, Yen Duc. Chez Madame Mui, on nous offre quelques sucreries à base de sésame blanc et noir, et une sorte de nougat tendance vietnamienne.
Nous sommes au milieu des rizières et une promenade nous permet d'observer le travail du repiquage. Le dos cassé en deux, hommes et femmes plantent dans la boue, les pieds dans l'eau, les petites pousses de riz. Ou bien encore ils nettoient avec de petites serpes, épandent des engrais ou des herbicides ... Que ce travail est méticuleux, long et dur ! Il y a de telles surfaces à planter et à entretenir ...
Lung, notre guide de Saïgon, nous avait prévenu. Au Nord, c'est l'enfer ! Pas de possibilité de semer à la volée, la terre n'est pas suffisamment bonne. Pas de possibilité non plus d'utiliser des machines, les parcelles sont trop morcelées. Et une seule récolte par an au lieu de trois dans le Sud, il ne fait pas assez chaud. Obligation d'ajouter des engrais, les terres sont épuisées ... Le labourage se fait avec une vache qui tire une charrue rudimentaire, un seul soc. Le tout les pieds dans la boue. Pourtant, la plupart des paysans nous font bonjour avec la main, avec un grand sourire.
Nous allons visiter la pagode du village. Deux bonzes habillés en marron ne sont pas trop actifs. L'un me salue de la main quand je le photographie. L'autre semble garder le temple qui est en cours de reconstruction. Les pagodes sont régulièrement reconstruites. On conserve seulement les statues et instruments de culte mais tout le reste - piliers, toits, sols - est refait.
Le cimetière du village se trouve au pied d'une colline qui surplombe les rizières. Quelques magnifiques monuments funéraires qui sont, chacun, affectés à un clan.
Au bord du chemin, on a entassé de petites boîtes métalliques. Duyên nous explique qu'après le décès d'une personne, son corps est conservé pendant un an. Puis, la crémation a lieu et on récupère les os bien nettoyés. Les boites métalliques servent à regrouper les os des morts avant d'être installées dans les tombeaux. Ici, à aucun moment on ne rechigne devant le travail ...
On arrive à Hanoï assez tôt. La circulation est intense mais tout de même moindre que lors de notre premier passage, pendant les Fêtes du Têt. C'est aujourd'hui que nous disons adieu à notre chauffeur très sympathique et un peu dragueur, qui va retrouver sa famille après 5 jours de fêtes passés en dehors de chez lui.
Ce soir, nous irons manger tous les deux avec Michèle dans un bon restaurant de la capitale et écouler quelques dôngs qui nous restent.
Il faut préparer notre dernière journée au Vietnam. Demain, nous aurons toute la journée pour visiter Hanoï que nous avons seulement survolé il y a quelques jours. Et le soir, Duyên viendra nous chercher à 20h pour nous conduire à l'aéroport.