Nous abandonnons la Mer Baltique pour l'intérieur de la Lituanie.
Notre guide profite du trajet Klaipeda - Kaunas pour nous raconter l'histoire de sa famille. Son père, marin commercial, fut de ceux qui regagnèrent leur pays et résistèrent militairement dès 1940 à l'annexion des Pays Baltes par l'URSS, puis constituèrent des groupes de "partisans des forêts" luttant contre les Allemands de 1941 à 1944, et à nouveau contre l'Armée Rouge à partir de 1944. En 1947, ce père fut finalement arrêté et expédié au Goulag, en Sibérie, échappant miraculeusement au poteau d'exécution. La mère de notre guide, ayant étudié le français avant guerre, et membre d'un groupe d'opposants pacifiques fut considérée comme une "ennemie du peuple" par les autorités soviétiques, et finit par être exilée elle-aussi en Sibérie. C'est dans un camp de prisonniers que ses parents se connurent avant de revenir dans leur patrie en 1956, quand Kroutchev fit fermer de nombreux camps du Goulag, après la mort de Staline. Ce récit très personnel exprimé avec simplicité, ne versant cependant pas ni dans le pathos ni dans la haine anti-russe (“les Russes ont autant souffert que nous” nous dit-elle) était finalement emprunt d'une dignité et d'une force d'autant plus grandes: il était pour tout dire extrêmement émouvant, nous faisant toucher du doigt les grandes épreuves qu'ont subi les Lettons, Estoniens et Lituaniens pendant ces 50 dernières années . Ce fut un moment très fort de notre séjour dans les Pays Baltes.
Arrivée à Kaunas, l'ancienne capitale de la Lituanie, désormais plus connue par son équipe de basket – le sport national en Lituanie – que par son passé historique.
Il en subsiste cependant les ruines d'un château du XIIIème Siècle,
l'Hôtel de Ville qui porte le gentil nom de «Cygne Blanc»,
l'Eglise Saint-Vytautas de style baroque,
le Monastère Pazaislis construit au XVIIème Siècle par des architectes italiens est considéré comme un des plus beaux exemples du baroque en Europe de l'Est. Il était occupé par un petit nombre de moniales - 12 à 24 - qui avaient chacune leur petite maisonnette; ce devait être des moniales triées sur le volet ! Le monastère est visité par Napoléon pendant la Campagne de Russie en 1812. Les Russes le transforment en Eglise Orthodoxe en 1832. Rendu au culte catholique en 1920, le Monastère Pazaislis devient durant l'occupation soviétique un hôpital psychiatrique, puis une galerie d'art, avant de redevenir un monastère catholique après 1990. Encore un exemple de l'histoire chaotique de ces Pays Baltes.
l'Eglise Orthodoxe Saint-Michel Archange,
Partout des signes d'appartenance à la religion catholique,
que le pouvoir soviétique n'a eu de cesse de combattre : voici l'exemple d'une église transformée en entrepôt, dépouillée et laissée à l'abandon et pas encore restaurée faute de moyens.
Notre après-midi libre à Kaunas est consacrée à arpenter les Allées Laisves, la «première artère piétonne d'URSS». Elle ne présente que peu d'intérêt hormis le fait de servir de décor à un défilé des plus belles jambes des Pays de l'Est ! C'est qu'ici la mode (d'hiver compte tenu de la température) est aux collants portés très hauts ! Pas très catholique, tout ça !
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