Pendant
que la moitié du bateau part en excursion à Sofia, nous choisissons
de rester à Orjahovo, petit village bulgare sur les bords du Danube.
Il
n'y a pratiquement aucune activité sur ce grand fleuve. Hormis un
petit bac qui assure le transport de poids-lourds entre les 2 rives
roumaine et bulgare, il n'y a pratiquement aucun trafic économique ou
touristique. C'est une surprise. Il y en avait infiniment plus sur
les canaux russes reliant Saint-Pétersbourg à Moscou.
Le
petit port d'Orjahovo est totalement désaffecté. Comme pour les
usines, tout est en ruine. La ligne électrique haute tension qui a
existé entre les 2 pays riverains a été démontée.
On
monte sur la colline par une route en mauvais état jusqu'au village.
Comme partout ailleurs, des maisons individuelles laissées à
l'abandon, vitres cassées, vidées. Les cultures d'arbres fruitiers,
pruniers, noyers sont envahies par la végétation, abandonnées. C'est
la désolation. Seules quelques vignes sont encore en état.
Sur
les murs, des annonces de funérailles sont placardées, comme en
Italie. L'âge des décès semble plutôt jeune ici en Bulgarie.
Une
fois arrivés « en ville », c'est le même sentiment
d'abandon qui domine. Sur la place principale, un bâtiment public est grand ouvert aux vents.
Dans
un immeuble encore habité, le béton ne résiste pas à l'usure
du temps
Fondation
de la Bulgarie il y a 1300 ans … pour en arriver là …
L'intérieur
d'un supermarché. Il n'y a plus la pénurie qui existait du temps du
communisme, mais ce n'est tout de même pas l'abondance. Et les prix
sont guère moins élevés que chez nous.
Les
habitants nous regardent à peine. Ils ont l'air tristes. Est-ce nous
qui projetons nos propres sentiments ? Quelques uns sont
attablés à la terrasse d'un café. Nous tentons de commander un
petit noir. Peine perdue, ici on ne prend pas les euros. Nous sommes
ici dans la Bulgarie « profonde », pas dans une région
touristique.
Des
femmes qui promènent des enfants dans la rue se dérident un peu
lorsqu'elles comprennent que nous sommes français. Elles
connaissent Sarkozy mais Hollande est un inconnu … comme partout.
Je suis toujours très étonné de m'apercevoir du crédit dont jouit
encore la France à l'étranger. Bien souvent, on fait référence
aux valeurs de la Révolution Française, des Droits de l'Homme et à
la figure, partout très populaire, de De Gaulle, l'homme de la
Résistance et … de la résistance à la domination anglo-saxonne. Enfin ... ici, la culture anglo-saxonne a le vent en poupe.
Soudain,
dans la rue, on rit. Des jeunes curieusement habillés se dirigent
d'un bon pas vers le centre du village jusqu'à ce qui tient lieu d'hôtel
de ville. Avec leurs costumes, on dirait des étudiants américains !
Renseignements
pris, on fête des bacheliers fraîchement diplômés.
Sans doute un dernier héritage de l'époque communiste où l'éducation
était respectée … à moins que ce soit l'influence américaine
qui se fasse désormais sentir.
Dans
l'église une vieille femme monte la garde comme dans toutes les
églises orthodoxes. Elle veille probablement sur les icônes.
De
retour au bateau pour un après-midi de repos. Avant de quitter la
Bulgarie, un groupe folklorique d'Orjahovo monte à bord et nous fait
une belle démonstration de danse sautillante. Dans ce pays où les
séries américaines ont envahi les écrans de télé la culture
populaire traditionnelle, promue du temps du communisme, reste
vivace.
Ce
spectacle réjouissant nous fait quitter la Bulgarie sur une note un
peu plus optimiste. Il était temps ! Et le spectacle du Danube
au soleil couchant, absolument splendide, nous enchante.
Nous
partons maintenant pour 492 kms de navigation jusqu'à Belgrade !
Là, c'est du sérieux. Nous arriverons après-demain matin dans la
capitale serbe.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire