Lever de bonne heure
aujourd'hui parce que nous allons faire un peu de sport. Ashok qui entretient
très régulièrement sa forme physique va courir tous les matins
puis faire quelques brasses à la piscine avant de prendre son petit
déjeuner et de rejoindre son bureau vers 10 heures. Un peu avant 8
heures, après une tasse de café ou de "thé indien", direction donc un petit parc où les joggers de Nashik se
réunissent avant d'aller travailler. On peut courir mais aussi
marcher plus ou moins rapidement sur une piste de 800 mètres autour
du parc.
Beaucoup de femmes sont voilées, et pas seulement les
musulmanes. Sur la piste du parc, la circulation pédestre est bien
organisée, on est prié de marcher à gauche, ... comme les voitures
dans la rue. On peut aussi utiliser des agrès, faire de la
gymnastique en groupe avec un moniteur, s'entraîner au cricket ...
Vers 9 heures, le parc est redevenu presque désert, tout le monde est
reparti vers son travail ou sa maison.
C'est le moment auquel nous
allons avec Ashok passer une petite heure à la piscine. Les femmes
et les hommes ont chacun leur bassin. Ashok nous dit que si les
hommes n'ont pas le droit d'aller dans le bassin couvert des femmes, par contre les femmes peuvent venir se baigner chez les hommes. Un
zeste de sexisme se fait sentir. Ceci dit, au moment ou nous y
étions, aucune femme ne s'est présentée dans le bassin des hommes ...
Avant de faire quelques longueurs de bassin, je m'entraîne au
maniement d'un gros gourdin dont les spécialistes comme Ashok se
saisissent en le faisant tournoyer au dessus de leur tête et
derrière leurs épaules. Qu'est-ce que c'est lourd, ce truc !
La piscine est très
moyennement propre. Même si j'ai quelquefois vu pire ailleurs, l'Inde est tout
de même assez sale. Un Indien qui s'approche de moi à la piscine
pour parler en anglais en est bien conscient, puisqu'il me dit :"Que
pensez-vous de l'Inde ? Ce n'est pas propre, non ?" Difficile de lui répondre très franchement, alors je lui dis que ça dépend des
quartiers. C'est vrai que là où habitent Ashok et Vasanti, il n'y a
pas de gravats et de tas d'ordures dans les rues … Par contre, à
moins de 100 mètres, des SDF ont élu domicile au
milieu des poubelles répandues sous l'autoroute ...
Régulièrement sur les
murs on voit le dessin d'une une paire de lunettes. Ashok m'explique
que c'est le symbole qui a été choisi par le Premier Ministre
indien pour accompagner une campagne en faveur de la propreté : "A
step forward for cleaning India" ("En avant pour
nettoyer l'Inde"). Mais pourquoi alors avoir choisi une paire de lunettes? Renseignement pris, il s'agit des
lunettes de Gandhi car ce dernier avait dit qu'il aimait que son pays
soit propre, et parce qu'il balayait souvent lui-même devant sa
maison pour donner l'exemple.
On verra le résultat d'ici quelques
mois, quelques années ou même quelques dizaines d'années … parce
qu'il y a beaucoup à faire ! D'ici là, on peut dire comme à
l'école : «En progrès, mais peut mieux faire !»
La
voiture se fraie un chemin dans les petites rues du centre de la
ville que nous avons vues hier, bordées de quelques belles maisons anciennes en bois. C'est impressionnant de pénétrer
dans ce dédale de rues où motos et voitures déboulent rapidement
au détour d'une maison.
Il faut que le conducteur soit très
vigilant avec ses yeux et ses oreilles, usant de tous ses sens! Mais la visite est plus
qu'intéressante. D'abord la rivière sacrée Godavari où des femmes viennent
se laver (toutes habillées) et laver leur linge.
Puis le Temple
Kala Ram Mandir (de Rama noir) qui date de 1792. Ashok le promoteur est ébahi
par la qualité de la construction. Nous, plus moyennement
convaincus. Le temple a été construit à l'endroit où les Dieux Rama, Lakshmana et Sita habitaient à Parnakuti, pendant leur exil. La couleur des statues des Dieux réalisées en basalte noir a donné son nom au temple. Outre Rama, on y voit aussi représenté son serviteur, Hanuman, le Dieu-singe de la Puissance et du Courage.
Le spectacle des fidèles est par contre fascinant. Ici,
une famille dont plusieurs membres ont la tête rasée - Ashok dit
qu'ils viennent du Tamil Nadu, un État du Sud de l'Inde -
là un
grand père handicapé qui s'appuie sur sa fille, là encore un
groupe de femmes vêtues de saris somptueux. On termine la visite
par la grotte de Gumpha Panchivati creusée en profondeur sous le niveau du sol et
où on révère, comme partout ici, Rama, son frère Lakshmana et sa
femme Sita. La légende dit que c'est là que la Déesse Sita s'est cachée quand elle était attaquée par le méchant Ravana. Pour y accéder, il faut
emprunter un escalier très étroit où nous pouvons à peine nous
faufiler. Il faut dire que nous n'avons pas vraiment le format local! Mais nous sommes l'objet de tous les regards, étonnés ou amusés, toujours bienveillants.
Après le déjeuner, un
sacré bruit de percussions se fait entendre non loin de la maison.
On va voir ce qui se passe. Un grand arc en bois peint en rouge a été
placé à l'entrée d'une rue voisine. Au sol, des décorations à la
craie ont été faites sur le goudron. Un groupe de tambours s'en
donne à cœur joie. Certains entrent presque en transe.
L'orchestre
s'approche d'une maison où de nombreuses femmes sont rassemblées.
Quelqu'un qui parle un anglais approximatif nous assure qu'il s'agit
d'un mariage. Des cuistots préparent un repas et plus loin, on a
monté un petit chapiteau où les invités vont pouvoir danser.
Après son travail, Ashok
nous fait faire un tour de la grande artère commerçante de la ville
moderne. Son intérêt est bien moindre que celui des ruelles de la
vieille ville. On y teste une des spécialités de Nashik, le kulfi,
une délicieuse glace au lait de bufflonne.
Pour finir la
journée, nous allons voir l'immense exposition de textiles de tous
les États indiens. On peut y apprécier le grand talent de ces
artisans.
La fabrication textile a été de tout temps une spécialité
de l'Inde. Certaines pièces réalisées à la main sont absolument
exceptionnelles : qualité du tissage, motifs et couleurs.
C'est chez
un commerçant du Maharashtra que Michèle achète une belle pièce
de soie pour s'en faire ensuite une robe, ou un sari.
Ce soir, repas aux saveurs de l'Inde du Sud : soupe de légumes au curry, et
des petits gâteaux de riz avec un assaisonnement à base de
coriandre, de menthe et de lait. «De vache» dit Vasanti avec un peu
de regret, «parce que nous savons que les Occidentaux apprécient
modérément le lait de bufflonne».
Aujourd'hui, Harshel, le fils d'Ashok et de Vasanti, est revenu à la maison après une mission de 2 jours à Mumbai.
Il n'a pas fait d'études
supérieures, juste le bac. Il travaille avec son père et il est
responsable de projets de construction. Mais en ce moment, il
travaille pour son propre compte. Il est en train de construire sa
future brasserie-restaurant dans la banlieue de Nashik, non loin des
vignobles de Sula. Il y travaille beaucoup, de 8 heures du matin à
11 heures du soir. Mais,
dit-il, c'est pour son avenir parce qu'il espère gagner ensuite
assez d'argent pour pouvoir vivre aisément quand il
sera un peu plus agé ... d'autant qu'ici l'âge de la retraite vient d'être
abaissé de 60 à 58 ans, contrairement à ce qui se passe chez nous.
Harshel s'est marié avec Disha il y a un peu plus d'un an. Ashok et
Vasanti nous montrent fièrement le magnifique album photos de cette
fête qui a duré plusieurs jours, avec 3000 invités. Les costumes
étaient superbes et changés deux fois par jour pour être adaptés à
chaque rite particulier. Disha vient d'accoucher d'une petite fille
appelée Akira qui sera leur seule fille naturelle. Harshel envisage en effet d'adopter un autre enfant parce, dit-il, il y a tant d'enfants
orphelins ou abandonnés en Inde. Comme tous les jeunes Indiens, il vit avec
son épouse et sa fille chez ses parents. Disha n'est pas à Nashik
en ce moment. Elle est partie avec Akira chez sa propre mère dans le
Gujarat pour une longue période de 2 à 3 mois. Harshel prend ça du
bon côté. Est-ce habituel chez les Indiens ? Est-ce le signe que
tout ne va pas pour le mieux dans le couple? Je me rappelle que
Vasanti nous a avait dit à Pau que c'était un mariage arrangé et
qu'elle avait choisi l'épouse de son fils. Tout concordait: l'âge,
la situation sociale, l'horoscope. En attendant, Harshel dit qu'il
voit Disha et Akira tous les jours sur son mobile, grâce aux réseaux
sociaux. En Inde, dans les classes moyennes, on est branché …
Beaucoup de gens sont accros de Facebook, Twitter ou Whatsapp !
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