Ce matin, nous sommes
invités chez un ami de Ashok, promoteur comme lui, avec lequel il
travaille quelquefois en association. Ce dernier est en train de
finir de construire sa magnifique résidence secondaire à une
vingtaine de kilomètres de Nashik. Elle n'est pas totalement
terminée mais on voit déjà que ce sera une résidence 4
étoiles. Sol en granit et en marbre, boiseries en arbres tropicaux,
éclairages ultra-modernes, immense piscine entourée de massifs de
fleurs, avec un petit bassin pour les enfants en bas âge, verger de
plusieurs dizaines d'arbres (manguiers, bananiers, papayers,
figuiers, ... ), arbres de décoration, ...
A proximité de la
résidence, on trouve une immense salle à laquelle
est adjointe une cuisine et qui est prête à accueillir de grandes fêtes :
fiançailles, mariages, naissances, anniversaires, ...Mais ce
qui est le plus étonnant c'est la reconstitution d'une petite maison
de paysans du Maharashtra. Autour de cette case, le sol est fabriqué avec de
la boue et de la bouse de vache mélangées et séchées.
Les propriétaires ont amassé tous les ustensiles traditionnels
pour la cuisine et il y a un feu de bois sur lequel une domestique
fait cuire toutes sortes de pains indiens.
La maîtresse de maison
met la main à la pâte ainsi que sa belle-fille qui parle un anglais
parfait.
Cette dernière qui est charmante nous donne toutes les
explications sur la vie d'autrefois à la campagne dans cette
province. Par contre, on voit à leur anglais très rudimentaire que les
propriétaires - les parents - sont originaires de milieux populaires de la région. Ils veulent certainement maintenir les traditions locales en les faisant
partager à leurs amis. Leur attitude est faite de nostalgie du
temps passé mais aussi celle de gens qui se sont enrichis et qui veulent montrer leur
réussite sociale. Quoiqu'il en soit, ils sont extrêmement
sympathiques et accueillants. On aimerait qu'il en soit de même dans
notre pays!
Les femmes se relaient pour préparer tous les
ingrédients d'un bon petit déjeuner traditionnel.
Le lait sort
directement du pis de la vache (moi ça me rappelle des souvenirs de chez ma grand-mère, je détestais boire le lait recouvert de peau, tiède et gras, sortant du pis). Le "beurre indien" - aussi appelé "beurre clarifié" ou ghee - est
baratté ici même. On nous prépare un mélange de céréales, des oeufs brouillés, des pains qu'on tartine avec du beurre indien et une sorte
de confiture épicée, du yaourt fait maison (je n'en ai jamais
mangé d'aussi gras). On se régale au beau milieu du jardin, assis
sur des sièges traditionnels ... L'impression d'être invités chez
le Bouyghes local !
Arrivent Harshel, le fils de Ashok et Vasanti,
accompagné du fils de la maison. Comparés à leurs pères qui
ont dû travailler dur pour réussir et qui sont très discrets, ces deux-là, pourtant très gentils et
drôles, détonnent. Avec leurs habits à la mode, leurs Raybans dans les
cheveux, leurs chaussures à bouts pointus, leur maîtrise
parfaite de l'anglais, leur faconde, ce sont apparemment de gentils
"fils à papa" qui pourraient jouer dans "La vérité si
je mens" ! Sauront-ils faire fructifier les entreprises
familiales?
Avant de partir, on nous offre encore des cadeaux: du
tissu pour fabriquer un haut pour Michèle (un peu plus tard
dans la journée un tailleur se présentera chez Ashok et Vasanti
pour prendre ses mesures et lui remettre le lendemain un haut
dûment réalisé à sa taille), un châle pour se protéger du froid pour moi.
Tout ceci est absolument incroyable. Ces gens ne nous connaissaient
pas la semaine dernière ... Quelle gentillesse !
On fait la photo souvenir qui sera
partagée le jour même sur les comptes Facebook des membres du
Lions Club de Nashik Corporate.
Retour à la maison. Il est temps de
préparer le dîner français que nous servirons ce soir : omelette
piperade, gratin dauphinois et tarte aux pommes. Quand je commence à
couper les pommes de terre, je sens que la domestique d'Ashok et
Vasanti est très étonnée. Elle me propose plusieurs fois de faire
le travail elle-même. Je pense qu'elle n'a jamais vu un homme mettre
la main à la pâte ...
Le déjeuner, compte tenu de ce que
nous avons mangé ce matin, est sommaire: un peu de riz. Et
l'après-midi très calme. Michèle en profite pour peindre
et parler avec Vasanti. Avant de s'arrêter de travailler, cette dernière a été institutrice pendant 27 ans. Elle touche maintenant une retraite de 120 euros par mois et elle est très étonnée d'apprendre le montant de la retraite de Michèle ... C'est beaucoup d'argent pour elle. Ca donne une petite idée de la différence de revenus entre les 2 pays ! Evidemment, il faut prendre en compte le coût de la vie ici. La nourriture est très bon marché ici ; par exemple, un kilo de tomates coûte moins de 10 roupies, c'est à dire 0,15 €. Mais, pour l'essence, elle coûte environ 0,6 € le litre, plus de la moitié de ce qu'elle coûte chez nous. C'est aussi le rapport de prix qui existe pour acheter une voiture ... Pour un Indien sans qualification, qui gagne moins de 100 € par mois, c'est totalement au dessus de ses possibilités !
et parler avec Vasanti. Avant de s'arrêter de travailler, cette dernière a été institutrice pendant 27 ans. Elle touche maintenant une retraite de 120 euros par mois et elle est très étonnée d'apprendre le montant de la retraite de Michèle ... C'est beaucoup d'argent pour elle. Ca donne une petite idée de la différence de revenus entre les 2 pays ! Evidemment, il faut prendre en compte le coût de la vie ici. La nourriture est très bon marché ici ; par exemple, un kilo de tomates coûte moins de 10 roupies, c'est à dire 0,15 €. Mais, pour l'essence, elle coûte environ 0,6 € le litre, plus de la moitié de ce qu'elle coûte chez nous. C'est aussi le rapport de prix qui existe pour acheter une voiture ... Pour un Indien sans qualification, qui gagne moins de 100 € par mois, c'est totalement au dessus de ses possibilités !
Avec
Ashok, nous partons à la banque, le moyen me dit-il de découvrir un
nouveau quartier ... Mais de banque et de banquier, point! Harshel
appelle son père au téléphone car il a un problème sur son chantier. C'est ainsi
que je me retrouve au beau milieu d'un enclos où évoluent une pelle
mécanique et des tracteurs qui évacuent des quantités énormes de
terre.
Apparemment, le chantier qui vient de commencer à déjà pris
du retard et on demande conseil à Ashok qui est un homme expérimenté. Harshel est associé avec 4 autres jeunes adultes (dont le
fils du constructeur de ce matin) pour construire un
restaurant-brasserie. Ils font cela sur leurs propres deniers. Le coût de la construction hors matériels d'ameublement est d'environ 400
000 euros, ce qui représente une somme rondelette en Inde. Ensuite,
lorsque tout sera fini - en août espèrent-ils - les 5 seront les
gérants de l'établissement. Je comprends maintenant mieux la
remarque de Harshel qui disait qu'il travaillait pour son futur. En
attendant, la construction d'une immense citerne pour la partie brasserie de l'établissement pose problème et
Ashok est venu donner des conseils, les jeunes n'ayant pas trop d'idées sur la façon de procéder ... Leur détachement à l'égard des ouvriers du chantier me fait penser
qu'ils ne sont pas au bout leurs peines ! Mais Harshel est optimiste. Il me dit "La prochaine fois que vous viendrez à Nashik (peut-être cet été ?), vous viendrez boire une bonne bière chez moi !".
Pour le dîner, nous avons un invité,
un autre ami de Ashok, constructeur lui aussi, qui était aussi
ce matin au petit déjeuner. Tout le monde apprécie notre cuisine,
surtout le gratin dauphinois, sauf notre invité surprise qui éprouve le
besoin de rajouter des piments forts. On ne se refait pas !
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