dimanche 20 mars 2011

Afrique du Sud-3 : Tour de ville du Cap

Bonne idée que de faire le tour de la ville du Cap avec le City Bus «Hop On-/Hop Off» qui permet de s'arrêter à chaque station pour visiter et de reprendre la visite en remontant un peu plus tard. Il y a même des commentaires en français tout au long du parcours !



Sea Point, le front de mer avec ses appartements chics face à l'Océan

Les chantiers navals et le port de pêche. Le Cap est aussi un port de marchandises très important, le deuxième d'Afrique du Sud.



Le Centre des Affaires est un quartier qui a été gagné sur la mer à la fin des années 1940. Ralph me dira qu'il y avait ici une belle plage et une grande jetée qui avançait sur la mer. On venait y danser le week-end.


Les nombreux bâtiments à l'architecture coloniale du Centre Ville rappellent que Le Cap est la «ville-mère» de l'Afrique du Sud blanche, là où la colonisation européenne a débuté, avec les Hollandais. C'est Jan van Riesbeek qui fonda la ville en 1652 pour le compte de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales.




Le Château de Bonne-Espérance ressemble plutôt à un fort. Construit par les Hollandais en 1666, c'est le bâtiment le plus ancien d'Afrique du Sud.


Arrêt ravitaillement au Green Market Square, en plein centre de la ville. On y trouve un marché artisanal africain.



St George's Mall, à proximité de la Cathédrale anglicane du même nom, est une rue piétonne.


Desmond Tutu, Prix Nobel de la Paix, a été l'évêque de Saint-George de 1986 à 1996; et c'est d'ici qu'il a organisé de nombreuses marches de protestation multi-raciales contre le régime d'apartheid.


De 1948 à 1991, les Blancs, les Coloured (Métis, Malais, Hindous) et les Noirs vivaient de manière totalement séparée. Un vestige de cette époque: le banc pour Non Whites Only, réservé aux non-Blancs.


Mais, l'apartheid avait aussi une réalité beaucoup plus dramatique. Le sort du District 6, un des quartiers du Cap qui était depuis longtemps peuplé de Noirs et de Coloured, est représentatif de ce que l'apartheid voulait dire. En 1966, le gouvernement décida que ce quartier devait devenir un quartier blanc, et ordonna l'expulsion de 60 000 personnes qui se retrouvèrent déplacés de force dans les bidonvilles de la banlieue du Cap, à 25 kilomètres de là. Toutes les maisons, à l'exception des lieux de culte, furent rasées.

L'ampleur de la contestation, en Afrique du Sud comme à l'étranger, fut telle qu'aucune nouvelle construction ne fut cependant réalisée, laissant en friches un immense quartier du centre du Cap. En 1994, le gouvernement de N.Mandela a décidé de la restitution du quartier à ses anciens propriétaires. Mais, il semble que des luttes politiciennes et la corruption soient à l'origine d'un gel de la situation.


La Place de Grand Parade sert de lieu de rassemblement pour toutes les grandes occasions. Pendant la Coupe du Monde de Football, c'est ici que furent installés pour les supporters qui n'avaient pas eu de billets d'immenses panneaux qui retransmettaient les matches. Les vuvusellas devaient s'en donner à coeur joie !


Et c'est depuis le balcon de l'Hôtel de Ville, situé sur cette même place que Nelson Mandela prononça son premier discours après sa mise en liberté, le 11 février 1990. "Notre marche vers la liberté est irréversible. Nous ne devons pas laisser la peur se mettre en travers de notre chemin. Le suffrage universel, basé sur la participation commune de tous les électeurs dans une Afrique du Sud unifiée, démocratique et non raciale, est la seule voie qui mène à la paix et à l'harmonie raciale."


Le Siège du Parlement Sud-Africain.


Au South African Museum, au milieu d'une exposition d'artistes contemporains,


une rétrospective sur un photographe des années 1960 qui fixe, sur papier en noir et blanc (!), la vie quotidienne du temps de l'apartheid. Le mépris des Afrikaners à l'égard des Noirs suinte de chaque cliché. C'est impressionnant ... Eileen qui nous a accompagné regrette que dans ce musée il y ait beaucoup trop de photos et pas assez de peintures: elle semble très génée ... Là, je commence à comprendre que les Blancs sud-africains n'ont pas vraiment l'intention de faire amende honorable. Plus tard, Eileen me dira que l'apartheid partait d'un bon sentiment («que chacun se développe harmonieusement selon sa propre culture»), mais que ça n'a malheureusement pas marché.
La visite du Gold Museum (le Musée de l'Or) est beaucoup plus réjouissante. Le Musée expose des bijoux et oeuvres d'art en or provenant de toute l'Afrique Noire.



Le responsable de l'accueil au Gold Museum est un Camerounais, donc francophone; il nous explique comment de nombreux Africains s'expatrient ici pour fuir la guerre et la misère dans leur pays (Congo, Angola, Zimbabwe, Zambie, Mozambique, …) , prenant l'Afrique du Sud pour un nouvel eldorado. Ils y rencontrent le plus souvent chômage et conditions de vie déplorables et vivent de petits boulots, comme les gardiens de voitures que l'on trouve sur tous les parkings et à qui les conducteurs laissent une petite pièce. Eileen me dit quant à elle qu'elle ne sait pas au juste si ces personnes empêchent les vols de voitures ou bien s'ils ne sont pas eux-même voleurs de voitures...


Une énorme vague de violences de la part de Sud-Africains contre ces immigrés africains clandestins a eu lieu il y a quelques mois; certains Sud-Africains considèrent que ces étrangers acceptant d'être payés sous les minimas sociaux leur volent leurs emplois. Comme quoi, un miséreux peut parfois trouver un plus miséreux que lui qu'il juge responsable de sa misère. Triste leçon.

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