Croisière sur le Danube (10) : Autriche, Melk et la Wachau

Notre conférencier profite de cette calme matinée de navigation pour nous parler de l'histoire autrichienne.

L'Autriche est passée au Moyen-Age d'un Duché relevant du Saint-Empire Romain Germanique à un Archiduché gouverné par les Habsbourg. Ceux-ci ont alors constamment élargi leur domaine par une habile politique matrimoniale, jusqu'à devenir les monarques les plus puissants du monde. On connaît la formule: sur l'Empire de Charles Quint «le soleil ne se couchait jamais». Il était à la fois Empereur du Saint-Empire Romain Germanique, Archiduc d'Autriche, Roi de Hongrie, Duc de Lorraine, Prince des Pays-Bas, Roi deux Deux-Siciles, Roi d'Espagne avec des possessions dans toute l'Amérique Latine et aux Philippines … Il n'est pas étonnant que le Roi de France François I se sente un peu encerclé !

Et puis l'Empire d'Autriche-Hongrie, la «prison des peuples», s'est effondré à la suite de la Première Guerre Mondiale, remplacé par la «petite Autriche».

Mais, de nos jours l'Autriche est un vrai pays de cocagne. Peut-être le doit-elle au fait d'avoir perdu ses possessions en Europe (Hongrie, Tchécoslovaquie, Croatie, Slovénie, Bosnie, Tyrol du Sud…) et à son statut de «pays neutre» depuis 1945. En tout cas, le pays bénéficie d'un système de sécurité sociale très développé, d'un niveau de vie des plus élevés en Europe, d'un taux de chômage inférieur à 5%, et d'une sécurité élevée. On pourrait penser que ces très bons résultats que, nous Français, pouvons leur envier, prémuniraient les Autrichiens de l'extrémisme. Mais les démons du passé sont-ils vraiment oubliés? Contrairement à l'Allemagne, il n'y a pas eu ici de «dénazification» puisque l'Autriche s'est présentée comme la première victime des Nazis. Pourtant, Hitler était autrichien et parmi les bourreaux des camps de concentration, il y avait une proportion importante d'Autrichiens, en particulier chez les médecins de la mort. Aujourd'hui, le parti FPÖ («Parti de la Liberté») de feu Jörg Haider (un partisan à peine voilé de Hitler, il a ainsi qualifié la Waffen-SS de «partie de l'armée allemande à laquelle il faut rendre honneur») réalise de beaux scores en Autriche, plus de 25%, avec un programme anti-européen et islamophobe. Ca ne vous rappelle pas quelque chose? Ce conférencier est décidément très déprimant …

Chemin faisant, nous traversons la région de la Wachau. Les paysages sont sans conteste parmi les plus beaux que nous voyons depuis le début de notre croisière. Le Danube qui s'est fortement rétréci serpente au milieu de petites montagnes recouvertes de vignes.

On produit ici des vins blancs qui ressemblent beaucoup aux vins d'Alsace. D'ailleurs, certains cépages - comme le traminer ou le riesling - sont les mêmes. Le petit village de Dürnstein est regroupé autour d'une très belle église baroque.

Nous goûtons aux productions vinicoles locales mais finalement, nous préférerons acheter une liqueur d'abricot typique du coin. Les abricotiers ont été introduits vers 1900 après la crise du phyloxera qui a détruit les vignes en Autriche comme ailleurs.

Mais le clou de la journée, c'est la visite d'un joyau de l'architecture baroque, l'Abbaye de Melk. Difficile d'exprimer tant d'admiration devant cet ensemble magnifique.

La devise des moines c'était «Ecouter»

Le musée de l'Abbaye

L'Eglise, extrêmement chargée de dorures – ce qui n'est pourtant en général pas mon goût - donne une émotion indescriptible. C'est une merveille. Finalement, ils devaient avoir raison les initiateurs de la Contre-Réforme, les ors ça impressionne.

Ce soir, c'est la soirée du commandant. Il faut sortir ses beaux habits et trinquer à la santé de l'équipage. Et, pour une fois, on nous sert à table!

De Melk à Linz, notre étape de cette nuit, il y a 99 kilomètres et encore 3 écluses d'un dénivelé cumulé de 31 mètres. Un dernier regard sur l'Abbaye de Melk.