mercredi 1 juin 2016

Angleterre et Pays de Galles (12) : Centre et Sud du Pays de Galles

A partir de 1925 et jusqu'en 1978, un architecte excentrique et milliardaire, Sir Clough Williams-Ellis, s'employa à construire sur la Côte du Pays de Galles un village dont le style n'est absolument pas local. Aussi curieux que cela puisse paraître, son inspiration fut ... italienne.  On dit qu'à Portmeirion il a cherché à reproduire la petite ville de Portofino située non loin de Gênes. Ici, on a tourné plusieurs films.
Construites à la hâte en béton, beaucoup de réalisations de ce type ne résistent pas au temps qui passe. Tel n'est pas le cas de Portmeirion, même s'il a fallu il y a peu de temps lui redonner un coup de jeune, en refaisant les peintures en particulier. 
En arrivant dans ce village original, j'ai tout de suite reconnu que j'y étais venu il y a presque 40 ans; c'est donc que son architecture m'avait déjà frappé à l'époque !
Dominique et Véronique à Portmeirion (1979)
Le village est devenu la coqueluche des gens riches. Le soir où nous y étions, il y avait un mariage huppé dans le restaurant, avec drone pour filmer la réception vue du ciel. Belle vue sur la plage. Il y a de la place pour faire des châteaux de sable !

A Aberystwyth, on défend la culture galloise, A preuve, la ville héberge :
  • Llyfrgell Genedlaethol Cymru, la bibliothèque nationale galloise, qui garde un grand nombre des manuscrits gallois. 
  • Prifysgol Aberystwyth, l'université d'Aberystwyth;
  • Cymdeithas yr Iaith Gymraeg, la "société de la langue galloise", qui milite pour la langue;
  • Urdd Gobaith Cymru, qui organise les animations en gallois pour la jeunesse.
L'occasion de dire deux mots de cette langue, totalement incompréhensible pour nous.  C'est une langue celtique tout comme le gaëlique irlandais, l'écossais, le cornique ou le breton. Les Gallois ont beau me dire que pour les Français c'est plus facile à apprendre que l'anglais parce qu'on n'y inverse pas substantif et adjectif qualificatif, je ne les crois pas. Rien que l'orthographe fait peur. Il n'y a qu'à voir ce nom de ville le plus long d'Europe (ville qui se situe dans l'Ile d'Anglesey au Nord du Pays de Galles) :
et écouter comment ça se prononce : (Prononciation du titre dans sa version originale Écouter

A part ça, Aberystwyth est une petite ville charmante où, en ce dimanche chaud et ensoleillé, on se promène le long de la plage.
Dans le kiosque de la plage, on danse le lindy hop, 
une danse que j'ai vu pratiquer pour la première fois à Paris au Coolin Boogie, un pub bar irlandais où se produisait Paddy Sherlock, l'ami de Laurence.

Plus au Sud, le charmant port d'Aberaeron avec ses maisons peintes de toutes les couleurs
A l'extrémité Ouest du Pays de Galles, face à l'Irlande, se trouve la plus grande cathédrale du pays, logée dans un tout petit village, Saint David's.
 Au Palais Episcopal, on apprend que l'Evêque vivait comme un grand seigneur

Encore un château, celui de Pembroke

Le petit port de Tenby sur la Côte Sud, plein de couleurs, comme pour conjurer la grisaille du ciel. 

Les National Botanic Garden of Wales ont une immense serre dans laquelle pousse des plantes de tous les pays du monde : Méditerranée, Chili, Australie, Afrique, ... Magnifiques couleurs.
Et dehors, les oiseaux chantent

Avant de rejoindre Cardiff la capitale du Pays de Galles, la Presqu'île de Gower offre quelques vues saisissantes, même si le temps n'est pas vraiment au beau.

Nous voici enfin à Cardiff, chez Stuart et Christine qui nous offrent un accueil chaleureux. 
Nous sommes dans une maison respectable : Interdit de chanter, de danser et de jurer ! Nous voilà rassurés.
Stuart est retraité depuis peu. Il était expert-comptable. Maintenant il fait partie de plusieurs charities: le Rotary et un Club de gentlemen qui se réunissent régulièrement pour lire le journal, manger, suivre les matches de rugby - leur établissement se trouve à côté du Stade du Millenium où se joue le Tournoi des 6 nations - ou bien organiser des visites d'entreprises et autres excursions. Outre cette fonction de lien social et amical, l'objectif du Club est de financer une partie des études de jeunes méritants. Ce Club ressemble vraiment à celui de Phileas Fogg, le héros du roman de Jules Verne, "Le Tour du Monde en 80 jours" ! La Grande-Bretagne continue de garder ses traditions, même si les Clubs sont depuis peu d'années ouverts aux femmes, ce qui ne manque pas d'attirer les critiques des membres les plus âgés.
Le Club de Stuart
Notre dernier soir à Cardiff, le Club organise un grand repas avec un des meilleurs chefs de Cardiff, un Indien, et Stuart tient à nous y inviter. Cette attention très sympathique nous permet de goûter à des plats indiens délicieux, revisités et adaptés aux palais européens, et d'échanger avec des Gallois très francophiles. Ils sont désolés de n'avoir à nous faire boire que des vins australiens !
Christine était juriste et continue de travailler à temps partiel; elle prépare les jugements de l'équivalent britannique de l'Ordre des Infirmières. Elle projette d'arrêter bientôt pour pouvoir plus se consacrer à ses petits enfants et avoir plus de temps pour voyager. 
Stuart et Christine ont 3 enfants : un fils travaille dans la finance en Ecosse (il dit que la loi française est trop protectrice pour les salariés et que son patron qui a dû licencier dans un établissement en France n'y investira plus tant que la loi ne changera pas) , une fille est médecin à Londres, et une autre fille s'occupe de pédagogie pas loin de Londres (elle évalue l'intérêt qu'aurait l'Angleterre à adopter les méthodes d'apprentissage de Singapour qui donnent parait-il de très bons résultats). Christine est la fille d'un épicier; elle est originaire d'une vallée minière galloise. Stuart est, quant à lui, originaire de Coventry (il est donc anglais et pas gallois). Son père était artisan. Leurs parents étaient méthodistes. Comme nos amis de Cornouailles, ils sont très pro-européens. Tout en étant modérés, ils ne sont pas très favorables à la royauté. 
Stuart et Christine sont membres depuis peu de temps de Friendship Force et comptent bien s'y investir un peu plus. C'est comme cela que nous les avons connus.
Stuart qui m'a utilement conseillé dans mes choix de visites au Pays de Galles nous fait visiter "sa" ville. Ces derniers jours, il y avait des élections au Royaume-Uni. Au Pays de Galles, les travaillistes ont raté de peu la majorité absolue, suivis par les nationalistes gallois du Plaid,
et le jour est venu d'élire le Président de l'Assemblée Nationale Galloise. Nous allons donc assister à cette élection au Parlement de Cardiff. Contre toute attente, par un jeu politicien étrange, c'est une nationaliste galloise, dont le parti était fortement minoritaire, qui est élue. Cela fait sourire Stuart qui me dit ne pas être très intéressé par la politique galloise ...
Puis, à l'Opéra, nous tombons sur un spectacle gratuit: la répétition d'une oeuvre contemporaine consacrée à la Première Guerre Mondiale. Très cacophonique, comme ce que nous entendons en première partie des concerts de notre Orchestre de Pau, mais aussi très évocateur de la boucherie qu'a été cette guerre! Sur le rideau, la dédicace de l'oeuvre résume toute la philosophie de la pièce : "To the ennemy front fighters who shared our pains against whom we found ourselves by misadventure" c'est-à-dire "Aux combattants ennemis de la ligne de front qui ont partagé nos souffrances et contre lesquels nous nous trouvions par mésaventure."
Le port de Cardiff exportait autrefois le charbon produit dans les mines des vallées du Sud. Ce sont dans ces régions dans lesquelles les syndicats et les travaillistes étaient très puissants qu'a eu lieu en 1984-85  le bras de fer entre ces syndicats et Maggie Thatcher qui s'est terminé par leur écrasement. Les mines, non rentables compte tenu des prix internationaux, sont maintenant fermées. La dernière usine d'acier rachetée par l'Indien Tata est en mauvaise posture. Elle menace également de fermer.
 Un quartier chic avec ses maisons jumelées
 Le centre-ville pietonnier
 Le château date du XIXème Siècle
La Cathédrale anglicane de Llandaff, le quartier de l'ancienne ville de Cardiff où habitent Stuart et Christine et où nous assistons à une messe avec un grand orgue et un choeur d'enfants.
Le temps qui n'est pas très clément incite à aller visiter une exposition d'antiquités et de vieux vêtements et chapeaux qui font le bonheur de Christine et Michèle.
Notre visite à Cardiff se termine par le musée où Michèle peut admirer quelques huiles de Turner. Pour en voir plus, il faudra aller à la Tate Britain de Londres. Et ça tombe bien, Stuart et Christine nous proposent de nous héberger dans leur pied-à-terre londonien ! En l'échange de notre appartement de Saint-Jean de Luz évidemment ...


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