Les couleurs des fleurs du jardin de l'Hôtel Rajabori Villas sont vraiment magnifiques, et plus encore au petit matin.
Nous repartons tôt le matin par le même moyen avec lequel nous sommes arrivés: des moto-dops! Les pilotes sont très habiles pour nous conduire, nous et nos énormes bagages, sur leurs petites motos thaïlandaises.
Avant de redescendre sur la grève du Mékong pour reprendre une pirogue, on s'approche de la pagode de Koh Trong d'où un haut-parleur diffuse de la musique avec des gongs. Notre guide Tola nous dit qu'aujourd'hui mercredi c'est jour de fête pour les bouddhistes et que les bonzes s'entraînent à faire de la musique. Hélas, il a parlé trop vite ... une fois arrivés à la pagode, les bonzes nous montrent un CD: c'était bien cette musique assez douce qui était diffusée dans la campagne de bonne heure... Dommage qu'il n'y ait pas eu de vrai orchestre !
Sur la pirogue de Koh Trong
Des porteurs montent nos bagages de la berge jusqu'à la route, moyennant 1 dollar par bagage. Grimper 150 marches d'escalier avec 2 valises de 20 kilos sur les épaules ne leur fait pas peur, ce sont des professionnels!
C'est ensuite le départ en minibus pour une longue journée: près de 400 kilomètres à faire pour rejoindre le soir même Beng Melea situé au Nord-Ouest du Cambodge.
On a le temps de s'arrêter pour jeter un coup d'oeil à la belle petite pagode Wat Roka Kandal de Kratie qui date du début des années 1800. Son style est laotien.
Vers Kompong Cham, on croise des villages avec des femmes voilées. Il y a environ 250 000 musulmans au Cambodge. Ce sont des Chams, descendants d'un peuple qui vivait il y a plusieurs siècles au centre du Vietnam, au royaume du Champa. Les Chams, initialement hindouistes, y ont été convertis à l'islam par les marchands arabes, indiens et persans. Après la conquête du Champa par les Viets qui habitaient initialement plus au Nord, les Chams ont été repoussés vers le Cambodge et plus particulièrement les rives du Mékong. Les Chams sont considérés comme des marginaux par les musulmans du Moyen-Orient parce que leurs coutumes ne respectent pas la totalité des prescriptions islamiques et sont aussi mâtinées d'hindouisme et de bouddhisme. Des hérétiques en quelque sorte. Par chance pour eux, ils sont loin des fanatiques de Daesh.
Tout au long de la route, on trouve des panneaux a la gloire des dirigeants du régime cambodgien, ou du Cambodia People's Party, le Parti du Peuple Cambodgien (PPC) dirigé par le Premier Ministre Hun Sen. Ça fait partie de la propagande gouvernementale.
Quelques modestes affichettes a la gloire du FUNCINPEC, le parti royaliste fondé par Norodom Sihanouk qui a été souvent l'allié du PPC depuis 1993 et a maintenant quasiment disparu. Aucune affiche ne vante cependant les mérites du véritable parti d'opposition, le Parti du Sauvetage national du Cambodge qui a pourtant recueilli 45% des voix aux dernières élections -truquées - de 2013.
A Kompong Cham, nous traversons le grand Mekong. On aperçoit un long pont de bambous qui était utilisé avant qu'existe le pont moderne. Les voitures peuvent encore l'emprunter. Bon courage !
La route est très longue jusqu'à Beng Melea que nous atteignons en milieu d'après-midi. Juste le temps de visiter le temple qui y fut construit au XIIème Siècle sur le modèle d'Anglor Wat. On se demande d'ailleurs s'il ne l'a pas précédé et si ce n'est pas plutôt lui qui a servi de modèle pour le grand temple khmer. Beng Melea n'est ouvert au public que depuis 2010 et n'est pas encore fréquenté par les hordes de touristes d'Angkor Wat.
Ici, les restes du temple sont enfouis sous des milliers de blocs de pierre et envahis par la végétation tropicale qui enserre et fait éclater les constructions.
On peut cependant retrouver quelques constructions et plusieurs bas-reliefs gravés a l'effigie de Vishnou le Protecteur. Parce que l'Empire Khmer était au départ hindouiste.
Le spectacle de ce très grand temple aux trois quarts détruit et envahi par de monumentaux fucus étrangleurs est à proprement parler dantesque.
Avec un peu d'imagination, on pourrait se prendre pour Indiana Jones arpentant la jungle du Congo ...
Ce soir, nous couchons chez l'habitant. En fait, c'est une épicière qui tient la chambre à plusieurs lits qu'elle loue aux touristes de passage et elle ne se déplace même pas pour nous accueillir. Il faut dire qu'ici il n'y a pas de concurrence. Aucun hôtel n'a encore ouvert à Beng Melea. Pas d'électricité, si ce n'est celle que fabrique le groupe électrogène entre 18h et 21h.
De retour du dîner, on découvre avec notre lampe électrique au pied de notre escalier un gros scorpion noir en position de bataille. Le patron l'écrase d'un coup de poing sur la tête en rigolant. Brrrrr ! Demain, nous ferons attention à ce qu'il n'y ait pas un dans nos chaussures ...
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