Ce matin, grasse matinée avant de partir en minibus vers Oudomxay. Au départ, on ne comprend pas pourquoi il faudra presque 5 heures de route pour franchir 140 kilomètres, moins de 30 kms/h de moyenne...
L'état de la route nous en fait vite comprendre la raison. Énormes nids de poule, route en partie emportée, poussière, trafic de camions, et motos assez important.
Nous partons par une vallée un peu encaissée, celle de la Nam Beng, dans laquelle on construit un barrage hydroélectrique. C'est un barrage construit par les Chinois. Le Laos, un des pays les plus pauvres au monde, n'ayant pas les moyens de se payer un tel ouvrage, ce sont les Chinois qui le financent et le construisent (on aperçoit les baraquements des ouvriers chinois - tout y est écrit en mandarin ).
Moyennant quoi les Chinois auront une partie de la production d'électricité et quelques avantages comme la location de terres agricoles. Ils sont intelligents les Chinois, nous redit Yai. Et surtout, ils savent jouer de leurs atouts: connaissance des besoins des pays non développés, synergie entre plusieurs secteurs économiques, bas coût de la main d'oeuvre. Les Laotiens pensent que les Chinois veulent mettre la main sur les mines d'or dont ils sont très friands. En fait, la pénétration économique chinoise est massive et multiforme, toujours présentée comme mutuellement avantageuse pour le Laos et pour la Chine.
La région que nous traversons est bien développée du point de vue agricole : plantations de tek et d'hévéas, bananes, cacahuètes, pastèques (à grande échelle et très organisée par ... les Chinois), riz, canne à sucre, haricots verts, ... maïs qu'on égrène le long des routes et qu'on conserve dans des greniers en bambou tressé.
Quelques habitants travaillent aux champs mais beaucoup semblent peu actifs, en train de discuter dans les villages aux maisons construites sur pilotis. Le brouillard met quelques heures à se lever pour faire place à un beau soleil et une température clémente. D'ailleurs, les femmes ont sorti les ombrelles.
La région est peuplée par plusieurs ethnies : les Khmus, les Lu, les Hmong, les Yaos, ...Arrêt dans un village Khmu. Le village n'a pas l'air pauvre. Les femmes fument la pipe, c'est une spécialité de l'ethnie.
D'autres femmes fabriquent des filets.
Un grand-père porte son petit fils sur le dos.
A l'école du village,on peut apercevoir les salles de classes qui sont ici surpeuplées. Nous en voyons une qui compte, nous dit-on, 70 élèves. Pendant ce temps, la maîtresse, stoïque, fait réciter sa leçon à un élève, au beau milieu d'un énorme brouhaha.
Il faut dire que nous ne sommes pas étrangers à cette agitation. On ne voit pas souvent des étrangers par ici ... Ça me fait penser lorsqu'une fois j'étais aller voir ma mère dans sa classe d'école maternelle: j'avais été effrayé par le bruit qui régnait dans cette salle remplie de 50 bambins ... et par l'énergie qu'il fallait déployer pour maîtriser tout ce qui se passait ...
Dans un autre village habité par les Lu, un homme s'occupe de remettre en état son coq de combat. Les femmes égrènent le coton, et filent. Ce sont elles qui cuisinent et s'occupent des enfants.
Ici aussi, les hommes sont peu actifs.
Oudomxay est une ville moyenne, où nous déjeunons. Tuk-tuks et jambos attendent le client devant le marché tenu par des Chinois qui vendent tout un bric à brac en provenance exclusive de la République Populaire de Chine.
Quelques fruits exotiques - ramboutans, fruits de tamarin (excellents malgré un gros noyau) - achetés au marché amélioreront notre ordinaire. Il paraît qu'ici aussi les hommes jouent à la pétanque. Ce doit bien être le seul vestige de la colonisation française, car plus personne ne parle un traître mot de français.
On reprend la route. Il paraît que nous sommes presqu'arrivés. Il faudra pourtant encore une bonne heure où notre minibus traversera de véritables fondrières avant d'arriver à Muang La. C'est un petit village paisible célèbre pour son temple bouddhiste très sacré. Le Bouddha Pra Singkham exhauce tous les voeux (sauf l'amour) à condition d'avoir le coeur pur et de lui offrir le cadeau promis lorsque le souhait se réalise. Visite à la pagode pour y faire nos dévotions, guidés par Yai.
Une petite source chaude au bord de la rivière. Tout le village, y compris les moines, vient s'y laver.
Le soir, le seul restaurant du village nous sert un dîner correct, très chinois ... Moyennant 2 euros par personne. Ce n'est pas ici que nous allons nous ruiner. Et notre auberge, très bien située au bord d'une rivière, est tout ce qu'il y a de plus calme. Bonne nuit !
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