Dernier jour sur le site d'Angkor. Nous nous éloignons d'une cinquantaine de kilomètres de Siem Reap pour aller voir la Rivière des Mille Lingas, à Kbal Spean.
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Mais il faut mériter de la voir, ... Une petite marche de 1500 mètres à travers la jungle, avec un dénivelé de 200 mètres, ce n'est pas l'ascension du Mont Blanc, non plus ! ... Ici, beaucoup moins de touristes, surtout chinois, que sur les autres sites d'Angkor. Il parait que les Asiatiques n'aiment pas beaucoup marcher. Du coup, on est beaucoup plus au calme, et on peut mieux profiter. Dans la montée, des balayeuses nettoient le petit chemin de montagne. Complètement inutile vu la quantité de feuilles qui tombent des arbres ... mais il faut peut-être donner du travail aux citoyens ... Et si le Cambodge n'a pas les moyens de restaurer ses temples - ce sont les Français, les Allemands, les Japonais, les Indiens, les Chinois qui financent les travaux de l'UNESCO - , il s'est engagé à en assurer la propreté . Alors !
Une fois arrivés en haut, on découvre un petit ruisseau qui tombe en cascade au bord de roches noires sculptées.
Vishnou allongé
Brahma au bord d'une piscine
Le yoni (symbole du sexe féminin)
Les sculptures sont brahmaniques, datent du IXème Siècle et représentent Vishnou et les autres dieux. Des petits ronds sculptés sur les rochers, comme des pions d'un jeu de dames, figurent des lingams. Le lingam, c'est le sexe de Brahma, le Créateur du monde.
Un peu plus bas, le ruisseau a été gravé pour servir de baignoire. C'est la baignoire du Roi.
Et encore plus bas, une belle cascade tombe sur des pierres plates.
Le site naturel est très beau, même si du point de vue architectural c'est un peu sommaire. On s'imagine ici avec des prêtres hindouistes il y a 10 siècles de cela, avec les habits colorés, la musique lancinante et les bâtons d'encens qui accompagnent les cérémonies religieuses.
Par contre, on oubliera la période beaucoup plus récente puisque les Khmers Rouges y ont eu un camp militaire pendant la guerre civile. La frontière thaïlandaise n'est qu'à 80 kilomètres et c'est dans la région que les partisans de Pol Pot se sont réfugiés après avoir été chassés du pouvoir par les Vietnamiens. La zone a été lourdement minée pendant les 14 ans qu'a duré la guerre civile. De nombreux paysans ont été tués ou blessés par ces mines anti-personnel, jusque de nos jours. Un musée des mines est installé dans le coin.
On reprend la route pour un autre temple, Banteay Srei. Nous traversons une zone de rizières à moitié asséchée.
Au bord de la route, on vend de tout, et surtout du sucre de palme. La région en produit beaucoup et on aperçoit de nombreux palmiers à sucre équipés d'escaliers en bambous. Ça permet d'aller facilement récolter les fruits du palmier qui sont"traits" pour produire le jus .
Ce dernier est ensuite chauffé dans une grande bassine.
Avant de visiter le temple de Benteay Srei, on mange khmer grâce à notre guide qui nous commande un menu spécial : entre autres un amok, un mélange de légumes et de viande hachés et cuits a l'intérieur d'une noix de coco. Et aussi un plat de légumes verts sautés ( on dirait de petites tiges de plantes vertes), et encore un plat assaisonné avec des petits piments rouges qui sont très épicés. C'était fameux !
Le temple de Banteay Srei (la Citadelle des Femmes) est à proprement parler une merveille par ses sculptures extraordinairement ciselées, en très bon état.
On représente les divinités hindoues, au premier rang desquelles se trouvent les trois dieux principaux ; Brahma le Créateur, Vishnou le Conservateur, et Shiva le Destructeur.
De nombreuses scènes de la mythologie hindoue sont représentées et gravées de main de maître. C'est sans doute le plus beau temple de la région d'Angkor.
Ce temple est aussi célèbre parce que c'est ici qu'André Malraux a volé 3 bas-reliefs pendant son voyage de 1923 en Extrême-Orient. Sa femme Clara avait fait de mauvaises affaires en bourse et le couple devait reconstituer ses fonds, alors ils imaginèrent sans vergogne subtiliser 3 magnifiques bas-reliefs et de les revendre à un antiquaire. Malheureusement pour eux, et heureusement pour le Cambodge, ils furent dénoncés, arrêtés à Phnom Penh et Malraux écopa de 3 années de prison. Il ne les fit pas, ayant reçu le soutien de nombreux intellectuels français. Comme quoi, selon que vous serez puissant (en tout cas connu) ou misérable, ... L'histoire ne dit pas comment il fut ensuite accueilli au Cambodge lorsqu'il devint le Ministre de la Culture du Général de Gaulle, un grand ami du Roi Sihanouk ...
Notre dernière visite à lieu à Banteay Samré, la Citadelle des Paysans. Michèle déclare forfait.
Les sculptures n'y sont pas extraordinaires mais le temple est dans un bon état de conservation ou plutôt de restauration. Il s'agit d'un des premiers temples complètement restaurés par l'Ecole Française d'Extrême-Orient dans les années 1960. Même si la restauration a été un peu trop poussée, il n'en reste pas moins qu'elle donne une très bonne image de ce que devait être Angkor au moment de sa construction.
De retour à Siem Reap, nous prévoyons de manger dans un bon restaurant cambodgien que nous a indiqué Polyn, le "Champay". Et effectivement, le repas est très bon. De grandes crèpes croustillantes remplies de viande ou de poisson, accompagnés d'herbes aromatiques.
Après le repas, nous faisons avec Mado et Jean-Paul un petit tour dans les rues très animées de Siem Reap. C'est de la folie. Dans la Pub Street, il y a plein de bars, dont un qui affiche la couleur : 0n y boit de façon irresponsable depuis 1997 ... Et aussi des boîtes de nuit en plein air. Le tout avec plein de spots. Un peu plus loin, c'est le marché de nuit avec pas mal de souvenirs pour touristes mais aussi des tas de salons de massage où les clients, étrangers ou cambodgiens allongés en ligne se font triturer les pieds ou les jambes. Et puis aussi de grands aquariums ou on trempe ses pieds qui sont boulottés par de petits poissons nettoyeurs. C'est encore là que j'achète des spécialités culinaires cambodgiennes, le serpent d'eau et la mygale frite. Miam-miam ... J'en salive a l'avance. On goûtera ça demain !
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