samedi 7 mars 2015

Traversée indochinoise (6) : A travers la jungle, vers la cascade de Kuang Si

Départ vers le village de Ban Long Lao habité par des Hmongs, à 25 kilomètres de Luang Prabang. Plus d'une heure sur ce chemin de terre totalement défoncé, emprunté par une kyrielle de petites motos et quelques tuk-tuks de touristes. 
Une femme, très jeune, avec son bébé qu'elle entoure. 
Tous les environs sont plantés en hévéas qui peuvent être saignés 8 ans après leur plantation. Je croyais bêtement que le caoutchouc synthétique avait dégommé - façon de parler - le caoutchouc fabriqué à partir du latex d'hévéa. Eh bien, c'est faux. Il y a énormément de plantations d'hévéas en Indochine qui sont exploités en vue de la fabrication de caoutchouc naturel.
Commence une balade de 3 heures dans les montagnes avoisinantes, accompagnés par un guide du village. Mado en tête, notre équipe traverse la forêt tropicale puis des champs cultivés avec des salades vertes et des patates douces. On n'est pas tout près du village, et ce doit être assez fatiguant de venir cultiver ici. 
Arrivée aux abords d'une grotte après avoir traversé un bout de jungle. Pas de tigres ici, ils habitent dans des endroits beaucoup plus profonds de la forêt ! La grotte a été utilisée par les villageois pour se protéger des bombardements américains dans les années 60-70. Elle est assez profonde (plus de 100 mètres) et abrite quelques jolis petits bouddhas.
Quelques kilomètres plus loin, on arrive au sommet de la gigantesque cascade Kuang Si. Les couleurs de l'eau sont magnifiques. 
Après une descente très raide, on rejoint le pied de la cascade fréquentée par un grand nombre de touristes de toutes les nationalités. C'est qu'on peut y accéder directement depuis Luang Prabang par belle route goudronnée ... La cascade est vraiment une merveille, comme j'en ai rarement vu. Elle est spectaculaire par sa hauteur et sa disposition en trois étages et un grand nombre de petites chutes. La couleur émeraude de l'eau est aussi unique. C'est un véritable enchantement. 
Qui plus est, on peut se baigner dans les vasques situées un peu en aval. Mais, aie aie aie, l'eau est très très fraîche ! Après la marche du matin, le bain est tout de même bien agréable. 
Avant de rentrer à la ville, le Jardin des Papillons nous tend les bras. Une grande serre abrite une quinzaine de variétés de papillons autochtones, aux couleurs éclatantes. 
Les chrysalides et chenilles sont aussi belles.
En revenant à Luang Prabang, on parle avec Yai du système éducatif et plus particulièrement de l'Université. Depuis 2 ans il y a une Université a Luang Prabang où on enseigne toutes les matières. Auparavant, il fallait aller à la capitale, Vientiane, à plusieurs centaines de kilomètres d'ici, ce qui engendrait des frais d'hébergement importants pour les familles. Les droits d'inscription ne sont pas très élevés (tout de même de l'ordre de 150€ par an) . Mais nous dit Yai, en fait cela coûte beaucoup plus cher car pour pouvoir être dans les étudiants retenus au concours d'entrée, il faut verser un bakchich aux examinateurs. De même, pour obtenir un diplôme, on doit l'acheter. Comme je suis mauvaise langue, je comprends comment elle a pu obtenir son diplôme de guide ...
Yai dit qu'au Laos, la corruption est généralisée. Par exemple pour obtenir un emploi (très envié) dans une banque, il faut verser des pots de vin aux décideurs qu embauchent. Dans un pays très pauvre, avec un système social bloqué, beaucoup essaient de monnayer comme ils peuvent leur once de petit pouvoir, quel qu'il soit. Malheur à celui qui n'en a aucun.

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