Aujourd'hui, nous entamons un petit tour de 4 jours au Nord du Laos, aux confins de la Thaïlande et de la Chine. La première étape est fluviale. C'est une journée de bateau en remontant le Mékong, qui nous attend.
Lever de bon heure. Les moines font l'aumône devant notre auberge. Puis, nous embarquons sur une grande pirogue dont nous sommes les seuls clients. Brouillard au dessus du fleuve.
Arrêt au village de Ban Xang Hai. On y vend des tissages et du "whisky laotien", en fait de l'alcool de riz parfumé. A la pagode, on peut admirer un beau temple très restauré.
Des fresques dépeignent les horreurs qui attendent en enfer ceux qui font du mal aux autres, animaux compris. A chaque mauvaise action correspond une punition particulière : selon leur péché, les méchants sont sciés en deux , brûlés ou bien encore lardés de piques.
Sur un autre pan de mur, on montre les bienfaits de la vie selon les préceptes bouddhiques.
Dans ce village, Mado oublie sa sacoche avec tous ses papiers ... La pirogue fait demi-tour et heureusement on la retrouve en revenant au village . Mado est chanceuse, et c'est bien vu, ici, au Laos ! C'est le début d'une série d'oublis, petits et grands, qui vont aussi nous concerner, Michèle et moi !
Arrêt à la grotte de Pak Ou aux milliers de bouddhas de toutes les tailles.
C'est là que nous faisons nos premières dévotions et que nous faisons des offrandes au Bouddha.
Michèle touche une statuette . Yai intervient discrètement mais rapidement pour faire cesser le scandale. Dans la tradition bouddhique, les femmes qui sont des êtres impurs - tout le monde sait ça - n'ont pas le droit de toucher aux objets sacrés. Comme les statuettes, les moines, eux, ne peuvent pas non plus être touchés par personne - homme ou femme - car ils sont plus purs que les autres humains.
Nous n'avons pas le temps de beaucoup nous arrêter parce que le voyage en bateau jusqu'à Pakbeng est très long (environ 10 heures). Le fleuve est à son bas niveau de saison sèche et de gros rochers affleurent. Il y a par moments des remous très importants si bien que la navigation est difficile et interdite de nuit.
Beaux paysages de jungle avec des montagnes quelquefois escarpées recouvertes de végétation.
De rare villages au bord du fleuve. Ils sont situés en hauteur pour éviter d'être submergés au moment des grandes crues de la saison des pluies. Le niveau du Mékong monte de plusieurs mètres aux endroits resserrés de la vallée. A cet endroit, le Mékong a déjà parcouru plus de 2000 kilomètres depuis sa source au Tibet et a eu le temps de collecter beaucoup des eaux de la mousson, en Chine, en Birmanie et Thaïlande.
Quelques plantations de tek, bien gardées. De grands bateaux transportent les touristes mais aussi les habitants des villages situés au bord du Mékong. Quelques rares bateaux rapides équipes de bord-bords pour les pressés qui doivent revêtir un casque; ils vont à une vitesse effrayante ...
Le long du fleuve, quelques orpailleurs et surtout des pêcheurs qui lancent leurs filets et des paysans qui s'occupent de leurs buffles.
Le temps s'écoule lentement et nous avons le temps de goûter la cuisine simple de la batelière : soupe de légumes, poulet frit et omelette servis avec des légumes verts mi-cuits a la mode chinoise, et riz gluant qu'on malaxe pour en faire de petites bouchées trempées dans la sauce ou mélangées à la viande. Les propriétaires mangent par terre.
Sur ce bateau où il n'y a rien à faire que d'observer le paysage, j'ai le temps de parler avec Yai. De la vie des Laotiens. Ils sont 7 millions, très peu comparativement à leurs voisins chinois (200 fois plus nombreux), vietnamiens (12 fois plus nombreux) et thaïlandais (10 fois plus nombreux). Il y a aussi beaucoup de Chinois et de Vietnamiens qui sont installés au Laos depuis assez longtemps. Les Vietnamiens sont "un peu voleurs" dit Yai. Ce sont les rois des instituts de beauté, et de la construction. Les Chinois ont presque monopolisé le commerce des tissus et de l'électronique. Ils sont intelligents et travailleurs, dit Yai, et ont tendance a supplanter les Laotiens. Les parents de Yai qui allaient autrefois jusqu'à la frontière pour faire du commerce avec les Chinois ne le peuvent plus: les Chinois de Chine commercent maintenant la plupart du temps avec les Chinois installés à Luang Prabang. Malgré tout, il n'y a pas de problèmes entre Laotiens et étrangers installés au Laos.
Depuis les années 1990, l'économie est libéralisée à l'image de ce qui a été fait en Chine et le commerce s'est beaucoup développé.
Les femmes laotiennes sont bien souvent cantonnées à des travaux domestiques, mais le divorce et la contraception existent. Bien que l'influence occidentale se soit accrue avec ses moeurs plus permissives, la religion bouddhiste imprègne la vie des Laotiens et les valeurs restent très traditionnelles.
Arrivée au port de Pakbeng a la nuit tombante.
Il faut grimper une sacrée côte de sable. Heureusement, des porteurs malingres se proposent d'acheminer nos valises moyennant 1 euro par valise. C'est le tarif. D'ailleurs, tout est au même prix. Ce soir nous dînons correctement pour 5 euros par personne ...
A l'hôtel, il y a fête ... Je ne comprends pas pourquoi on entend beugler comme ça. Jusqu'à m'apercevoir qu'il s'agit d'un karaoke. Une passion nationale. Malheureusement les convives ne sont pas des chanteurs émérites ! Comme promis par l'hôtelier, le bruit cesse à 22 heures. Ouf !
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