C'est
notre jour consacré au Père de l'Inde moderne, Gandhi. La journée
commence par une prière à l'Institut Gujarat Vidyapith fondé par
Gandhi en 1920. Cette dernière a lieu dans une grande salle où étudiants
et professeurs sont assis par terre sur des places numérotées.
Trois "prêtresses" récitent des prières et des mantras reprises par
l'assistance.
Puis, c'est le moment où tout le monde sort son rouet
portatif et commence à filer du coton, comme le faisait tous les
jours Gandhi. Une marque à la fois d'humilité, de résistance aux
colonialistes (qui voulaient imposer l'achat de textiles fabriqués
en Angleterre), et de concentration mentale. Ce sont ces valeurs ainsi que le souvenir de Gandhi qu'on veut honorer à travers cette manifestation symbolique.
L'Institut forme des enfants et des
étudiants, de l'école maternelle jusqu'au Doctorat dans différents
domaines: sciences humaines et sociales, philosophie, littérature
mais aussi informatique... La priorité est cependant donnée à la formation aux préceptes défendus par Gandhi et en particulier à la non-violence. Des
étudiants adultes, indiens et étrangers, peuvent ainsi s'inscrire à des stages de 4 mois pour se
former à cette philosophie. Tous les étudiants résident au sein de
l'Institut et suivent des cours en même temps qu'ils pratiquent la méditation et des travaux manuels. Ils font, à tour
de rôle, du nettoyage de plate-bandes ou bien encore la cuisine
collective. Il faut, nous dit le vice-chancelier de l'Institut, recevoir une éducation pour le cerveau, pour le corps et pour le
cœur, d'où le terme de holistique appliquée à ce type d'éducation.
C'est dans cette Université gandhienne que
nous visitons le Musée des Tribus. J'apprends que sur les 60
millions d'habitants du Gujarat, il y a 9 millions de membres des tribus; et même une tribu de Noirs d'Afrique, descendants
d'esclaves. En Inde sur 1250 millions d'habitants, il y a 100
millions d'habitants des tribus ! Un chiffre qui m'était totalement
inconnu ... La première fois que j'ai entendu parler de l'Inde tribale, c'est à Noël quand Annie et Gérard m'ont offert un beau livre de photos consacré à ces populations ...
À proximité de l'Institut on trouve une fabrique
artisanale de papier Kalam Kush à partir de chutes de vêtements de
coton.
Ça n'a pas grand chose d'original - on voit ça un peu partout
dans le monde y compris en France! -mais les productions sont jolies et très bon marché :
papier pour dessiner, petits agendas reliés, vide-poches, ...
Arrivée à l'Ashram Gandhi où le Mahatma a vécu avec sa femme de 1918 jusqu'en 1930, année où il a décidé d'entamer la marche du sel. Il y a dirigé les
mouvements de désobéissance civile face aux Britanniques, de
boycott des produits manufacturés en dehors de l'Inde et de défense des Intouchables.
L'exposition tourne au
panégyrique. J'ai l'impression que l'on veut entretenir
une légende dorée autour du personnage de Gandhi. Un peu comme de Gaulle en France, il est paré, une fois mort, de toutes les vertus. Ceux qui l'ont combattu de son vivant, les nationalistes hindous par exemple, l'encensent maintenant. C'est qu'il est le symbole de l'unité nationale et de la grandeur de l'Inde!
Pourtant il a été fort critiqué du
temps de son vivant - il l'est quelquefois encore de nos jours en Inde - et a fini assassiné par un hindouiste fanatique.
Il a aussi été contesté par certains musulmans comme Ali Jinnah qui
voulaient créer un Etat musulman séparé et arrivèrent à leurs fins avec la naissance du Pakistan. Rien n'est dit sur son attitude de supériorité face aux Noirs en Afrique du Sud, pourtant exploités comme les Hindous... Tout
cela pourrait s'expliquer évidemment, sans le condamner ... Toujours est-il que son oeuvre
a été immense avant l'indépendance, pour la défense des opprimés et des
femmes, contre le système des castes, contre la toute puissance de
la bureaucratie, pour la coexistence entre Hindous et Musulmans, pour la sauvegarde de la démocratie, .... Combats qui sont loin d'être terminés et même gagnés !
La marche du sel
Assurément un grand homme ! Mais pourquoi vouloir en faire pour
autant un saint ? Quelques citations qui montrent qu'il était loin d'être un "modéré" :
"My notion of democracy is that under it the weakest should have the same opportunity as the strongest ... No country in the world today shows any but patronising regard for the weak ... Western democracy, as it functions today, is diluted fascism ... True democracy cannot be worked by twenty men sitting at the center. It has to be worked from below by the people of every village"
Traduction : "Sous le régime démocratique auquel j'aspire, les plus faibles devraient avoir les mêmes chances que les plus forts .. Dans le monde d'aujourd'hui aucun pays ne fait attention aux faibles si ce n'est de manière paternaliste ... La démocratie occidentale comme elle fonctionne aujourd'hui, n'est qu'une forme de fascisme atténué... La vraie démocratie ne peut s'exercer avec un groupe de vingt personnes qui décide de tout. Elle doit fonctionner à partir de l'échelon le plus bas, au niveau de chaque village" . On dirait le discours d'un altermondialiste contemporain!
et
Traduction : "Sous le régime démocratique auquel j'aspire, les plus faibles devraient avoir les mêmes chances que les plus forts .. Dans le monde d'aujourd'hui aucun pays ne fait attention aux faibles si ce n'est de manière paternaliste ... La démocratie occidentale comme elle fonctionne aujourd'hui, n'est qu'une forme de fascisme atténué... La vraie démocratie ne peut s'exercer avec un groupe de vingt personnes qui décide de tout. Elle doit fonctionner à partir de l'échelon le plus bas, au niveau de chaque village" . On dirait le discours d'un altermondialiste contemporain!
et
"The economic constitution of India and of the world should be such that no one under it should suffer for want of food and clothing ... just as all have, or should have equal right to air or water ... Their monopolisation by any country, nation or group of people is unjust"
Traduction : "La constitution économique de l'Inde et du monde entier devrait être telle que personne ne puisse souffrir du manque de nourriture ou du manque d'habits ... comme de la même façon tout le monde devrait avoir un accès égal à l'air et à l'eau ... Leur monopolisation au profit de n'importe quel pays, de n'importe quelle nation, de n'importe quel groupe de personnes est injuste."
Traduction : "La constitution économique de l'Inde et du monde entier devrait être telle que personne ne puisse souffrir du manque de nourriture ou du manque d'habits ... comme de la même façon tout le monde devrait avoir un accès égal à l'air et à l'eau ... Leur monopolisation au profit de n'importe quel pays, de n'importe quelle nation, de n'importe quel groupe de personnes est injuste."
Trupti qui nous a rejoint avec Chetan pour manger dans un café à proximité a résolu de nous emmener dans un grand magasin. Elle veut que nous achetions des habits. Et finalement, elle finit par me convaincre d'acheter 4 chemises en khadi, le tissu national indien promu par Gandhi. Trupti, elle est gentiment directive ...
Nous ne sommes pas loin du bureau de Chetan. Un grand bureau de PDG, avec une petite salle de réunion attenante, et des boxes pour ses employés. En riant, il nous raconte qu'une fois sa fille lui avait posé la question : "Papa, que fais-tu à ton travail ?" et il avait répondu :"Je téléphone, je fais des réunions et j'envoie des mails." J'aurais pu en dire autant !
Le reste de l'après-midi est musical. Chez un couple de membres de l'Association, nous assistons à un très beau concert de musique traditionnelle.
Ils sont deux, un percussionniste qui joue des tablas et notre hôtesse Neelima qui chante en jouant aussi du tampura, une sorte de luth à 4 cordes. Chaque chanson correspond à une heure particulière de la journée (une rāga); les musiciens jouent des garbas dédiées aux Déesses de la Danse. Ces chansons sont des mélodies lancinantes quelquefois plaintives, relancées presque perpétuellement. C'est une musique fascinante, tellement loin de la nôtre, qui ne ressemble à rien de ce que je connais jusqu'à présent.
Shivani que nous avons connue à Pau lorsque le groupe d'Indiens est venu au mois de mai, nous fait ensuite une démonstration éblouissante de danse traditionnelle du Nord de l'Inde.
Pour terminer de bonnes glaces naturelles au fruits, presque pas sucrées, ... et un paan (la feuille de bétel garnie de sucreries). Il paraît que ça fait digérer. Mieux vaut ne pas voir la couleur des doigts du préparateur !
Nous ne sommes pas loin du bureau de Chetan. Un grand bureau de PDG, avec une petite salle de réunion attenante, et des boxes pour ses employés. En riant, il nous raconte qu'une fois sa fille lui avait posé la question : "Papa, que fais-tu à ton travail ?" et il avait répondu :"Je téléphone, je fais des réunions et j'envoie des mails." J'aurais pu en dire autant !
Le reste de l'après-midi est musical. Chez un couple de membres de l'Association, nous assistons à un très beau concert de musique traditionnelle.
Ils sont deux, un percussionniste qui joue des tablas et notre hôtesse Neelima qui chante en jouant aussi du tampura, une sorte de luth à 4 cordes. Chaque chanson correspond à une heure particulière de la journée (une rāga); les musiciens jouent des garbas dédiées aux Déesses de la Danse. Ces chansons sont des mélodies lancinantes quelquefois plaintives, relancées presque perpétuellement. C'est une musique fascinante, tellement loin de la nôtre, qui ne ressemble à rien de ce que je connais jusqu'à présent.
Avec des petits grelots aux chevilles. Très beau et très fort.
Puis chacun s'essaie aux rythmes indiens.
Pour finir la journée, Trupti et Chetan nous invitent au restaurant où nous dégustons des spécialités du Punjab, un Etat du Nord de l'Inde. Vraiment excellent en particulier ces mélanges de légumes au curry et ces épinards hachés.Pour terminer de bonnes glaces naturelles au fruits, presque pas sucrées, ... et un paan (la feuille de bétel garnie de sucreries). Il paraît que ça fait digérer. Mieux vaut ne pas voir la couleur des doigts du préparateur !
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