Notre bateau se traine sur la Volga que nous avons rejoint dans la nuit, en traversant l'immense Réservoir d'eau de Rybinsk.
La Volga, le plus grand fleuve d'Europe prend sa source à mi-distance de Moscou et Saint-Pétersbourg, au beau milieu des collines de Valdaï qui ne dépassent pas 250 m; elle s'écoule paisiblement sur 3700 kms, jusqu'à la Mer Caspienne, qui baigne l'Iran en même temps que la Russie et l'Azerbaïdjan. La voie d'eau, empruntée depuis la plus haute Antiquité par les marchands faisant commerce entre les peuples du Nord, en particuliers les Vikings, et l'Orient, joue un grand rôle dans l'imaginaire des Russes (voir la chanson les Bateliers de la Volga). C'est un peu le «fleuve-mère» de la Russie. En 1941, lorsque les troupes allemandes sont parvenues à ses pieds, à Stalingrad, la résistance des Russes est devenue acharnée: traverser la Volga signifiait que la Russie était à genoux.
Les berges sont peuplées de belles petites maisons de bois, et de de petites églises.
Nous arrivons tout doucement en vue de la ville de Yaroslav (Ярославль), une des plus anciennes villes de Russie puisqu'elle fête son millénaire cette année. En attendant, Michèle colorie ses esquisses pendant qu'on refait le plein de gas-oil.
Après notre déjeuner, toujours semblable aux précédents, débarquement pour visiter le centre historique, classé par l'UNESCO au Patrimoine Mondial de l'Humanité. Yaroslav fait partie de «l'Anneau d'Or», le nom donné par les Russes à une région agricole particulièrement fertile et à laquelle une position géographique au carrefour des routes fluviales a donné un caractère stratégique.
Saint-Elie le Prophète construite vers 1650 grâce à la fortune des marchands Vonifaty et Joniky Skripine, se dresse sur une belle place.
A l'intérieur, les fresques composées par plusieurs maîtres, comme Nikitine et Savine, sont absolument magnifiques: elles recouvrent la totalité des murs de l'édifice.
L'iconostase est aussi de toute beauté.
Dans le Monastère de la Transfiguration du Sauveur, les murs blancs et les tours contrastent avec les coupoles dorées de sa Cathédrale du XVIème Siècle.
Une grande tradition, celle du financement de la construction d'églises par de riches marchands, se perpétue de nos jours: un richissime homme d'affaires, sans doute un oligarche, a ici fait construire à ses frais un nouveau lieu de culte au bord de la Volga.
Les coupoles dorées du Monastère de la Transfiguration et le Monument aux Morts de la Grande Guerre Patriotique (1941-1945) forment un curieux décor pour les mariages. A Yaroslav, ville dans laquelle se sont repliées de nombreuses familles de Leningrad, le souvenir de la Deuxième Guerre Mondiale est toujours célébré avec ferveur, comme partout en Russie. 21 millions de Russes y ont perdu la vie !
Pour le reste de la visite de la ville, nous avons quartier libre. Première impression : le centre-ville de Yaroslav ressemble plus à celui d'une petite ville française qu'à celui d'une ville de 600 000 habitants. Il est vrai que Yaroslav s'étend sur plusieurs dizaines de kilomètres.
Un accident de la circulation somme toute mineur encombre la place centrale et mobilise la Milice pendant plus d'une heure.
Dans la petite rue piétonne, on trouve toutes les marques «occidentales». Ici, Yves Rocher :
Le marché local est bien achalandé, avec de beaux fruits et légumes, et finalement pas très différent des nôtres. Seules originalités du marché, le marchand de bonbons
et les gobelets remplis de baies (airelles, fraises des bois, framboises) de production locale.
Il fait encore très chaud, alors j'achète dans le petit bar du Monastère un eskimo de marque «CCCP»(c'est-à-dire URSS) qui s'avère assez insipide; je regrette la petite glace à l'eau parfumée au cassis, beaucoup plus rafraîchissante, que j'avais achetée un peu plus tôt à une marchande dans la rue.
Et on dirait que la «poupée russe» de Kiji nous a suivi jusqu'à Yaroslav !
En regardant les 2 clichés de près, il n'y a aucun doute, il s'agit bien de la même personne que j'ai prise en photo aujourd'hui à Yaroslav et dans la petite île de Kiji, à 400 kms de là, il y a 2 jours. Etrange, non ? Serions-nous surveillés ? A moins qu'il ne s'agisse d'une employée de notre bateau ...
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