jeudi 19 août 2010

Le Transibérien – 8 : Oulan Oude (19 juillet 2010)

Pour notre dernier jour en Russie, nous traversons la République autonome de Bouriatie. Les Bouriates sont des Mongols établis sur le territoire russe; ils forment la plus importante minorité nationale de Russie. Le train remonte la vallée de la Selenga, la principale rivière qui alimente le Lac Baïkal.
et arrive dans la matinée à Oulan Oude (Улан-Удэ), la capitale bouriate, 400 000 habitants tout de même, où est installée une importante usine de fabrication d'avions (Sukhoï) et d'hélicoptères. La ville était fermée aux étrangers jusqu'en 1991. Il peut y faire extrêmement froid (jusqu'à -50°C) comme extrêmement chaud (jusqu'à +40°C).
Comme d'habitude, nous sommes attendus à l'arrivée du train et nous faisons un petit tour de ville. Au beau milieu de la place centrale, la Place des Soviets, trône une tête de Lénine aux yeux bridés qui détient le record du monde de grosseur des têtes de Lénine (catégorie URSS). Elle a même été présentée à l'étranger pour cela.
Le Théâtre de la Ville
La plupart des Bouriates sont bouddhistes (le Datsan – complexe de temples - d'Ivolguinski est ainsi le Centre du Bouddhisme de toute la Russie) ou bien chamanistes (une forme d'animisme dans lequel un homme doué de pouvoirs particuliers – le chaman - est l'intermédiaire entre les esprits surnaturels et la communauté)mais une forte minorité a été christianisée … et puis, il y a aussi beaucoup de Russes d'origine européenne qui vivent dans cette république d'Extrême-Orient. On trouve aussi dans cette région plusieurs villages de Vieux-Croyants, dont les ancêtres se sont opposés aux réformes de l'Eglise Orthodoxe au XVIIème Siècle (comme faire le signe de croix avec 3 doigts au lieu de 2 !) et ont fui à l'autre bout de la Russie pour éviter les persécutions. La Cathédrale orthodoxe Odiguitrievski.
La rue principale, la Rue Lénine, bien proprette :
Quelques belles maisons traditionnelles en bois :
Une statue moderne symbolise l'oppression soviétique : une femme sans voix (elle n'a pas de bouche), entourée de piques et surmontée de barbelés, tient entre ses mains un enfant en qui elle fonde l'espoir de jours meilleurs.
Le consulat de Mongolie reconnaissable à sa toiture en forme de chapeau … mongol.
Devant le théâtre, les danseurs au type mongol.
Pas de doutes, nous sommes maintenant presque en Mongolie !
sauf à cet étal du marché qui présente de beaux fruits ronds !
Une petite boutique vend de belles bottes en peau bien chaudes pour l'hiver, mais qui coutent très cher (plusieurs mois du salaire moyen).
Avant de repartir, l'Organisation nous a concocté un beau spectacle, celui du Ballet National de la République de Bouriatie, qui met en scène des danses et musiques bouriates (proches des Mongols) – nous entendrons un chanteur qui interprète un chant diphonique, c'est-à-dire à 2 voix simultanées , impressionnant à défaut d'être harmonique -
ainsi que des danses et musiques evenks (les Evenks forment un des peuples «premiers» de la Sibérie).
Oulan Oude sera la dernière ville «russe» que nous verrons :
En chemin, un petit village où on construit une nouvelle Eglise Orthodoxe
Notre train continue de longer la Selenga, avant de la franchir
Nous sommes à 5696 kms de Moscou …
et nous grimpons avec la Selenga vers des steppes de plus en plus arides:
Après le dîner, notre train est en vue de la frontière russe, à Naushki. Les règlements soviétiques ne sont pas encore tous abolis ! Nous sommes avertis qu'aucune photo ne peut plus être prise. Alors, voici une photo du lieu, disponible sur Google Earth, prise par un dangereux espion ...


Les douches seront aussi fermées tout le temps de notre arrêt car aucun filet d'eau ne doit couler sur le ballast … je dois discuter ferme avec l'accompagnatrice du wagon qui veut fermer à clé la porte de la douche un quart d'heure avant d'arriver à Naushki, de peur d'avoir à payer une forte amende … mais finalement, je suis le dernier autorisé à prendre ma douche en promettant de sortir 5 minutes plus tard ! Les gardes-frontières russes montent à bord du train et ramassent tous les passeports. Ils vérifient les identités et les visas dans leurs bureaux et reviennent environ 2 heures après.
Le train peut maintenant repartir vers Sükhbator, le contrôle mongol, plusieurs kilomètres plus loin. Nous laissons nos passeports avec nos visas mongols bien en évidence sur la table de notre compartiment et nous nous endormons tranquillement. Les gardes-frontières mongols, décidément pas très exigeants, les récupéreront tout seuls et apposeront leur coup de tampon sur nos passeports sans nous réveiller. On voit qu'on a affaire à un pays civilisé ! Nos montres sont reculées d'1 heure car la Mongolie n'a que 6 heures de décalage horaire avec la France.

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