mercredi 27 juin 2012

Tour de Tunisie - Le Sahel

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le Sahel tunisien ne correspond pas au désert mais à la côte méditerranéenne située entre les golfes d'Hammamet et de Gabès : "Sahel" veut dire "rivage" en arabe. Cette région est très peuplée, avec plusieurs villes importantes : Sousse, Monastir, Mahdia et Sfax.
Comme beaucoup d'autres, la ville de Sousse, troisième de Tunisie juste derrière Sfax, comprend une médina entourée de remparts avec de petites ruelles et de nombreux souks. La Grande Mosquée prend un air militaire.
Il est possible de la visiter, à l'exception de la salle de prière qui est réservée aux musulmans mais dont on aperçoit bien l'intérieur depuis la cour. Les travées voûtées abritent un tapis en rafia sur lequel sont tracées des places pour la prière. La niche du mirhab donne la direction de La Mecque vers laquelle se tournent les fidèles au moment de la prière.
Le ribat est une forteresse qui était jadis habitée par les moines-soldats de l'islam.
Du haut de la tour du ribat, on a un beau point de vue sur la médina et la Kasba qui la surplombe. Sur les terrasses, les paraboles poussent comme des champignons.
C'est à ce genre de détails qu'on se rend compte qu'il ne sera plus possible à aucun gouvernement d'imposer son point de vue par le biais d'une chaîne télé aux ordres ... Dans notre chambre d'hôtel, nous avons souvent accès à des dizaines de chaînes de télé arabes, au premier plan desquelles se trouve Al Jazeera, la chaîne du Qatar. Avec les réseaux sociaux Internet - Facebook et Twitter- cette dernière a joué un grand rôle dans les révolutions du Printemps arabe de 2011, en diffusant des images des manifestations et des répressions policières.
La zaouïa Zakkak a un curieux minaret octogonal
Tout comme Sousse, Monastir a une médina entourée de remparts et un ribat. Edifié au VIIIème Siècle, le ribat était habité par les mourabitines, ces moines-soldats qui gardaient le littoral au moment de la conquête arabe.
La Grande Mosquée aux proportions plutôt modestes se tient à proximité, en bord de mer, près de la plage. 
C'est à Monastir qu'est né Habib Bourguiba, le "Père de la Tunisie moderne", "le Combattant suprême" selon les expressions consacrées, et le premier Président de la République Tunisienne. Celui qui a lutté pendant plusieurs décennies contre le colonialisme français et pour l'indépendance de son pays est ici toujours considéré comme un héros respecté. Mais une partie de son héritage - la séparation de la religion et de l'Etat, le statut personnel de la femme - risque malgré tout d'être mise à mal par les vainqueurs des dernières élections, les islamistes d'Ennahda; sans parler des extrémistes salafistes dont les partis viennent d'être récemment autorisés. Habib Bourguiba est enterré ici dans un mausolée magnifique et grandiose construit de son vivant et qui a été financé par le peuple tunisien nous dit-on. Plusieurs pays ont aussi participé à la réalisation de l'ouvrage, dont l'Italie qui a offert le marbre de Carrare et la France qui a offert un immense lustre en cristal.
Le gardien qui nous chaperonne dans notre visite nous commente les photos de Bourguiba acclamé par le peuple tunisien pendant ses voyages dans le pays et aussi celles où il apparait aux côtés des leaders d'autres pays arabes au premier plan desquels on remarque Saddam Hussein, Hafez El Assad, Mouammar Khadafi. Hou la la, c'est pas très "porteur" comme image par les temps qui courent ! Mais, à sa décharge, il faisait avec ceux qui étaient en place ... et si la Tunisie bourguibiste était un régime autoritaire, elle n'a jamais été une dictature aussi implacable que celles de tous ceux-là. Les Tunisiens font d'ailleurs bien la différence entre Bourguiba et son successeur le dictateur Ben Ali qu'on appelle ici "le voleur Ben Ali". On vante à l'infini la probité du Combattant Suprême: "sa famille n'a pas profité de sa position". Notre guide nous montre les tombeaux des parents et celle de la première épouse d'Habib Bourguiba, une Française, Mathilde, qu'il répudia en 1961 mais dont il resta toujours proche jusqu'à son décès en 1976. Pas comme, nous dit notre guide, peut-être pour nous être agréable, sa deuxième épouse Wassila, tunisienne, dont il divorça en 1986, décédée en 1999 et qui n'a pas eu l'honneur des lieux.
Troisième ville du Sahel, Mahdia est sans doute moins connue que Sousse et Monastir. De la présence éphémère des Espagnols du temps de Charles Quint, il subsiste une énorme porte, le "Porche sombre" qui commande l'entrée dans le vieux quartier.
Un étonnant cimetière marin, tout près du Cap Afrique, à proximité de l'ancien port phénicien.
Avant de rejoindre Sfax, un petit détour par El Djem vaut bien le coup : On y trouve un énorme amphithéâtre romain, un des plus grands de l'Empire. Le stade de foot contemporain fait pâle figure à côté ... L'amphithéâtre pouvait abriter 30 000 spectateurs. Ca donne une petite idée de l'importance de la population qui vivait là vers 250 après JC.
La région était déjà prospère du temps des Romains grâce aux milliers d'hectares d'oliviers qui sont toujours là. Partout, à perte de vue, des rangées d'oliviers plantés sur des kilomètres et le long des routes des producteurs proposant leur production d'huile d'olive artisanale. La Tunisie est le 6ème producteur mondial d'huile d'olive.
Arrivée le soir à Sfax et, comme ailleurs, gravas, détritus et circulation chaotique. Nous avons beaucoup de mal à trouver notre hôtel, pourtant le plus grand de la ville. Plusieurs personnes voulant nous aider nous envoient dans de fausses directions avant qu'un jeune homme nous accompagne avec sa voiture et nous fasse traverser un terrain vague avant d'atteindre notre destination. Il me tarde de quitter cette ville et de retrouver un peu de calme.  
  


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