mardi 27 février 2018

Ethiopie - Axum (13)

Première bonne nuit en Ethiopie. Notre hôtel d'Axum est vraiment très chic, le premier de ce type depuis que nous sommes arrivés dans ce pays. Jusqu'à présent, nous avons expérimenté de mauvais lits, des sommiers défoncés, des chambres avec des portes qui ne ferment pas, ou bien qui refusent de s'ouvrir, des salles de bains sans eau chaude ... Nous sommes donc en pleine forme pour commencer notre visite de cette ville qui a été le centre d'un empire puissant pendant près de 10 siècles comptant parmi les plus importantes puissances de son époque. L'Empire d'Aksum s'étendait sur l'Abyssinie, le Yemen, le Sud du Soudan, une partie de la Somalie et il commerçait avec la Grèce, l'Egypte et même la Chine.
La première visite, c'est celle du site archéologique qui rassemble d'immenses stèles  ressemblant aux obélisques égyptiens. Elles sont monumentales (la plus grande mesurait 33 mètres et il y en a encore une de 23 mètres qui est debout). 

Le plus imposant des monolithes gît fracturé au sol, il mesure 33 mètres et son poids est estimé à 600 tonnes

On se demande comment de tels monolithes ont bien pu être acheminés ici depuis la carrière située à 5 kilomètres puis dressés. Une gravure essaie bien d'expliquer les techniques utilisées qui faisaient appel à des éléphants. Mais les éléphants d'Afrique passent pourtant pour être impossibles à domestiquer ...

D'après les archéologues, ces stèles marquent l'emplacement des tombeaux des souverains aksumites. De fait, on trouve ici des labyrinthes creusés sous terre qui mènent à des "chambres" qui pourraient être l'équivalent des chambres des pharaons. Il est possible que ces derniers se soient inspirés des réalisations de leurs prédécesseurs égyptiens.

Une grive musicienne volette sur l'esplanade

A proximité, une piste conduit aux tombeaux supposés du roi chrétien Kaleb (VIème Siècle) et de son fils Gabra Masqal. D'après la légende un tunnel de plus de 180 kilomètres relierait ce sanctuaire à l'Erythrée ... Melaku y croit mais nous dit que les propriétaires des terrains refusent de faire des fouilles ! 
Les sarcophages du sanctuaire qui étaient entourés d'objets funéraires qu'on peut voir au musée

Une "reine de beauté" éthiopienne qui essaie de vendre quelques souvenirs aux touristes

Non loin de là, on a retrouvé la Pierre d'Ezana gravée d'inscriptions en sabéen - la langue de la Reine de Saba -, en guèze - l'ancien amharique encore utilisé dans la liturgie orthodoxe - et en grec. C'est  l'équivalent éthiopien de la "pierre de Rosette" qui permit à Champollion de déchiffrer le premier les hiéroglyphes égyptiens. 

La citerne de May Shum est réputée avoir été le bain de la Reine de Saba. Maintenant elle est utilisée comme baptistère pour les fidèles d'Axum lors de la cérémonie de Timkat, l'Epiphanie orthodoxe et, plus prosaïquement, comme réservoir d'eau.

Quant au "Palais de la Reine de Saba", ce n'est plus qu'un amas de pierres surtout fréquenté par des vendeuses de jolies coupes décorées.

Mais Aksum c'est surtout maintenant un des centres de l'orthodoxie éthiopienne parce que c'est ici que se trouverait la véritable Arche d'Alliance dérobée dans le Temple de Jerusalem. Elle est gardée par un seul prêtre qui ne sort jamais de cet édifice entouré de barbelés. 

Il est interdit de voir cette Arche d'Alliance. Quand le prêtre qui la garde voit ses derniers jours arriver, il se désigne un successeur qui vivra reclus jusqu'à ce qu'il meure, etc ... Ni le Patriarche de l'Eglise ni l'Empereur ne pouvaient voir cette véritable Arche d'Alliance qui contient les véritables Tables de la Loi données par Dieu à Moïse en haut du Mont Sinaï ! C'est dire l'importance que revêt cet objet sacré pour les Ethiopiens. 
Le monastère - ou "chapelle" - édifié sous l'Empereur Fasilidas en 1662, et restauré sous Menelik II à la fin du XIXème Siècle, ressemble plus à un château-fort qu'à une église. Son entrée est interdite aux femmes qui sont réputées "impures".

A l'intérieur, comme dans toutes les églises orthodoxes, de grandes tentures sont disposées pour séparer les fidèles du tabot, la copie de l'Arche d'Alliance. Un prêtre nous montre subrepticement les peintures de la Vierge, elles aussi protégées par des tentures.
 Le vestibule
Une très vieille Bible est exposée
Protection du tabot
Un prêtre de Sainte-Marie de Sion

Le dernier Empereur, Hailé Sélassié a fait construire une grande église dans un style qu'on pourrait qualifier de "byzantin Art Moderne", très douteux. On ne peut pas dire qu'elle soit d'une beauté transcendante mais c'est ici que viennent se recueillir de très nombreux fidèles orthodoxes. 
A l'intérieur, un prêtre et un diacre nous montrent une Bible du XVème Siècle avec de somptueuses enluminures. Au moment de nous éloigner, le diacre nous fait signe qu'il serait bon de verser une obole. Nous avons déjà payé un droit d'entrée substantiel pour pénétrer dans l'enceinte de Notre-Dame de Sion, plus de 2 fois ce que nous payons d'ordinaire pour pénétrer dans les autres lieux de culte. Mais visiblement, cela ne suffit pas. Ici, les prêtres sont constamment en quête d'argent !
Petite visite de la ville qui s'organise autour d'une avenue ombragée, avec de nombreux commerces. Marchands de chaussures et de chaussettes avoisinent hotels et banques, cafés et magasins qui proposent des accès à Internet.
 Un magnifique jacaranda en fleurs
Le monastère Saint-Pantaléon

Notre journée se termine par une cérémonie du café préparée par une charmante tigréenne à la magnifique coiffure. On charie un peu Melaku en lui disant que c'est un beau parti ! Il rigole. Je crois que la belle était déjà mariée !



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