mercredi 21 février 2018

Ethiopie - La route éthiopienne (5)

La route est souvent un très bon observatoire d'un pays, qu'il s'agisse de l'agriculture et de l'élevage, des problèmes écologiques et de l'eau, de l'habitat, et bien sûr du développement des infrastructures.
En parcourant les routes du Nord au Sud, j'ai été très étonné de constater que pas mal de routes étaient goudronnées et souvent dans un état acceptable. 

Au Nord comme au Sud, il existe évidemment encore beaucoup de pistes, certaines en bon état, d'autres pleines de nids de poule. Notre voyage a eu lieu pendant la saison sèche et la poussière était alors omniprésente sur les pistes. 

Mais les routes les plus difficiles sont surtout celles qui sont en train d'être améliorées et goudronnées, sur des dizaines de kilomètres, générant de gros ralentissements. Les travaux publics sont conduits la plupart du temps par des contremaîtres chinois. Si les travaux avancent bien, le réseau éthiopien, au moins celui qui permet d'accéder aux zones touristiques, sera excellent !

Il ne faut pas croire qu'une route en bon état est pour autant une route où on roule très vite. On rencontre un troupeau de zébus ou de chèvres presque à chaque kilomètre. Je n'ai jamais vu un pays qui a un tel cheptel! Notre guide Maleku nous dit que l'Ethiopie est le pays africain qui a le plus grand nombre de têtes de bétail. On mange pourtant peu de viande en Ethiopie. Le bétail est utilisé pour le lait mais il ne faut pas oublier que la tête de bétail est surtout la monnaie avec laquelle la dot est versée par les hommes à la famille de leurs futures épouses. En fait, le bétail c'est ici comme notre livret de caisse d'épargne !

Plus de 8 millions d'ânes sont utilisés pour tirer les charrettes, les carrioles. Ils sont un rouage indispensable à l'économie éthiopienne et même aux transports publics. Sans être pour autant bien traités. Nous avons vu le  triste spectacle d'un âne qui avait glissé sous l'énorme charrette qu'il tirait et qui avait pris de la vitesse en descendant un talus; son propriétaire lui tapait dessus comme une brute avec son bâton pour qu'il se relève, mais la pauvre bête s'était probablement cassé la patte! Mais il parait que des Allemands ont créé une ONG pour venir en aide aux ânes éthiopiens ...
Les vaches ne sont pas mieux traitées
les chevaux paient aussi un lourd tribut à l'agriculture

On a tendance à considérer l'Ethiopie comme le pays des famines, ce qui ne plait pas beaucoup à notre guide Melaku. Deux grandes famines ont effectivement eu lieu en 1973 puis en 1983-1984 - 1 million de morts -, donnant lieu à un vaste mouvement de solidarité internationale. La cause en est que l'économie éthiopienne est basée sur une agriculture vivrière très dépendante des variations climatiques. Le réchauffement climatique annoncé est donc un véritable défi pour l'avenir. Pourtant, toutes les parcelles de terre qui peuvent être cultivées le sont. Les cultures en terrasses de Konso, dans une région très touchée par la sécheresse, valent celles de l'Asie.

Beaucoup de cultures céréalières (teff, blé, maïs, avoine). Tout est récupéré: la paille de blé, les cannes de maïs ne sont pas perdues, et souvent conservées à sécher dans les arbres pour éviter d'être mangées par le bétail.

Au bord des lacs de la Rift Valley, le climat est plus humide que sur les hauts plateaux. Maraîchage et bananiers y dominent, mais on trouve aussi des faux-bananiers (ou ensètes), une variété d'Ethiopie cultivée pour faire de la pâte utilisée pour fabriquer du kotcho, une sorte de pain à l'odeur de fromage.
Vrais bananiers et faux-bananiers (en dessous)

Une autre culture typique : le khat utilisé par les Ethiopiens pour son pouvoir stimulant et euphorisant. Un peu la même chose que la feuille de coca pour les Indiens.

L'agriculture n'est pas mécanisée. 

L'habitation la plus fréquente est une hutte ronde au Sud et une maison en torchis au Nord, construite sur une armature en bois.

Le matin, les femmes et les petites filles vont à la corvée d'eau. Il y a la queue au point d'eau.

La route est partagée par les carrioles tirées par des ânes, des camions, et des bus, des tuktuks.
 La compagnie 1st Level, 1ère classe éthiopienne ... ses bus sont les plus récents
Le tuktuk, appelé ici bajaj (du nom du fabricant indien), est fréquent dans les villes.
 A quatre sur la moto !
2 hommes, 2 chèvres sur cette moto
 Transport de blessé

La route éthiopienne est très dangereuse. Plusieurs fois nous avons vu des camions totalement détruits à la suite d'accidents très graves. Le code de la route n'est ici qu'une indication approximative; par exemple, nos chauffeurs ne respectent les feux rouges que de temps en temps ... et le khat fait des ravages ! 

Pourtant, il y a les panneaux de la prévention routière et des policiers en bois qui veillent !



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