lundi 26 février 2018

Ethiopie - De Debark à Axum, entrée au Tigré (12)

Nous poursuivons notre voyage vers l'extrême-Nord de l'Ethiopie, en direction d'Axum qui est proche de la frontière avec l'Erythrée. 

Nous allons devoir perdre plus de 2000 mètres d'altitude en partant de Debark. On emprunte la piste construite par les Italiens pendant leur occupation de 1937-41. La construction d'infrastructures, c'était un point positif de la période italienne, dit Melaku. La piste est impressionnante tellement elle est vertigineuse et on n'est pas surpris d'apprendre qu'il y a eu pas mal de morts pour la construire. Il y a d'ailleurs dans un virage un monument commémoratif qui leur rend hommage. Pendant l'interminable descente, je sers les fesses : pourvu que les freins de notre minibus ne lâchent pas ! Mon vertige ne se dément pas.

La piste offre de belles vues sur le Massif du Simien avec ses immenses montagnes érodées. Le spectacle est grandiose.
Pommier de Sodome

Il n'y a pratiquement aucune circulation sur cette piste, seulement quelques très rares camions. Les villages que nous traversons sont très pauvres, les femmes cuisinent dans la rue.

Les gens se déplacent à pied le long de la route, quelquefois accompagnés par quelques bêtes.

Nous changeons de province, en quittant la région Amhara pour rentrer dans celle du Tigré. On n'y parle pas la même langue. Au passage de la Rivière Tekezé, il faut passer un contrôle. Un fil de fer tendu en travers de la route impose aux véhicules de s'arrêter et il faut montrer ses papiers au policier qui officie dans ce bled reculé. Mais pour nous, touristes étrangers, les contrôles sont réduits au strict minimum, c'est-à-dire rien ! Pour les autres véhicules, la police recherche les trafics divers (khat, armes) à moins qu'elle ne chasse le bakchich ...

Pour notre déjeuner, il n'y a qu'un petit boui-boui où descendent tous les minibus de touristes qui ne sert qu'un seul plat "international" : spagnettis sauce tomate. Alors je choisis un plat éthiopien : des tibs (viande en petits morceaux) sur une galette de teff (injera)  avec du beriberi (poudre de piment fort avec du jus de citron, de l'huile d'olive et du sel). C'est extrêmement épicé mais bon.

Devant le restaurant
La "Vierge noire"
Retour de l'école

A propos d'école, elle est théoriquement obligatoire en Ethiopie de 7 à 14 ans. Si le taux de scolarisation est bon dans les zones urbaines - plus de 90% - , il est beaucoup plus faible dans les zones rurales. On note des progrès ces toutes dernières années mais qui restent à confirmer car 50% des 15-25 ans sont encore analphabètes (60% des filles et 40% des garçons). Pour développer l'éducation en tenant compte du nombre d'enseignants et de locaux disponibles, les écoles travaillent en "shifts". Les élèves scolarisés sont séparés en deux groupes; un groupe va à l'école le matin, et l'autre groupe l'après-midi.   

On aborde aussi avec Melaku le problème de la santé. Le SIDA - plus de 3 millions de personnes atteintes - , la méningite, le paludisme comptent parmi les maladies les plus répandues en Ethiopie, sans compter les problèmes de malnutrition, de manque d'hygiène par exemple lié à l'eau, de mortalité infantile ... Du coup, l'espérance de vie ne dépasse guère les 45 ans. Le pays dispose d'un système de santé public avec des hôpitaux dans les villes, et des dispensaires ailleurs. Il y a un gros manque de médecins et l'Ethiopie fait appel à l'assistance de docteurs américains et allemands, sans compter ceux que fournissent les ONG internationales. Le temps d'attente pour avoir une consultation est long. La contraception est promue par le gouvernement mais elle se heurte à une résistance chez les Musulmans. 

Dans le premier village tigréen, de nombreuses ONG - qu'on reconnaît à leurs grands panneaux le long de la route - s'occupent des réfugiés érythréens qui ont fui la dictature de leur pays. Ils sont hébergés dans des camps en dur depuis des années. Melaku nous dit qu'ils sont 60 000 !

Les paysages sont de plus en plus désertiques. On se croirait au Sahel. De gros baobabs font leur apparition au passage de la Rivière Tekezé, un important cours d'eau qui rejoint le Nil et sur lequel les Chinois ont construit un grand barrage plus en aval.
Au bord de la Rivière Tekezé
Sur la plage
Petit pêcheur
Poisson séché

Des dromadaires font leur apparition, transportant cailloux et marchandises et recevant de gros coups de bâtons. On dit pourtant que le dromadaire a une très bonne mémoire et qu'il peut mordre férocement celui qui l'a maltraité. C'est tout ce que je souhaite à ces brutes qui tapent comme des sourds sur leurs animaux !

Quelques euphorbes géants bordent les routes.

Arrêt dans la ville de Shire (ou Inda Selassié). La vue depuis le lodge planté au sommet d'une colline n'est pas folichonne. Toutes les maisons sont rectangulaires, à un étage, grises. Seuls quelques minarets et la silhouette d'une église orthodoxe à coupoles viennent rendre ce paysage un peu moins monotone.   

Sur la terrasse, un couple d'Ethiopiens a l'air de bien s'amuser. Chose rare, la femme boit du vin avec son compagnon ... Elle a une très belle coiffure et de beaux bijoux en or sur la tête ...

La chaleur est de plus en plus étouffante. Nous sommes plusieurs à demander qu'on mette un peu de climatisation ou bien qu'on ouvre les fenêtres. C'est alors que notre Christine proteste. Elle craint la clim (on peut la comprendre) mais elle ne veut pas non plus qu'on ouvre les vitres parce que cela lui donne mal à la gorge et elle proclame tout de go "qu'elle est venue en Afrique pour avoir 35°". Evidemment, avec de tels arguments ...

Heureusement, peu de temps après, nous arrivons à Axum, la ville sainte de l'orthodoxie éthiopienne. 60 000 habitants, 2100 mètres d'altitude. Nous sommes remontés de 1400 mètres depuis notre point bas de la Rivière Tekezé. A Axum, pas de mosquée, pas de temple protestant, seuls les édifices consacrés à la foi orthodoxe sont autorisés.

Melaku, qui s'occupe de nous faire découvrir les lieux typiques de son pays, nous propose d'aller dîner chez un chef éthiopien réputé qui cuisine le cabri comme pas deux. On boit du vin rouge éthiopien (correct) pour accompagner la viande coupée en petits morceaux qui cuit dans une coupelle individuelle chauffée au charbon de bois. Las ! le cabri est très dur, quasiment immangeable ! Dommage !
Dans la salle de restaurant, la musique est à fond et des danseurs se produisent sur une estrade sur des airs répétitifs. Il ne faut pas longtemps pour que Zineb et Michèle qui bougent sur la musique soient invitées à danser ...

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