Ce matin Roberto s'est lâché en
parlant de la vie à Cuba. Il nous dit que la vie est dure ici, en
particulier parce que les salaires sont extrêmement bas. Un médecin
généraliste - un métier très bien considéré à Cuba - gagne un peu plus de 40 CUC par mois
alors qu'un taxi peut facilement gagner la même somme en un seul jour en
transportant des touristes. Le commerce a été en partie libéralisé
depuis 10 ans et le mouvement continue. Du coup, certains commerçants
gagnent mieux leur vie que lorsqu'ils étaient fonctionnaires.
Par contre, beaucoup de gens ont vu leur niveau de vie baisser par
suite de la hausse des prix à la consommation. C'est lié en partie
au contrecoup de la hausse du prix de l'énergie après que le
Venezuela ait baissé ses livraisons de pétrole pas cher à Cuba
(effet de la baisse des prix du pétrole et de la désorganisation
qui règne au pays de Maduro). Roberto dit que les deux seules choses
qui marchent à Cuba sont la santé et l'éducation. Les Cubains
qui ont des difficultés à vivre et à se loger ont moins d'enfants
qu'auparavant et il n'y a pas assez de renouvellement des
générations. Comme les salaires sont très bas, la plupart des gens
ont un deuxième travail pour pouvoir nourrir leur famille. Et
beaucoup trafiquent, les premiers étant les membres des CDR. Il y a
aussi beaucoup de corruption dans l'administration, chacun essayant
de monnayer sa situation. Pas mal de vols aussi, ce qui explique que
toutes les maisons soient équipées de grilles de protection. Les
CDR qui avaient auparavant le rôle de surveiller les activités
contre-révolutionnaires dans tous les quartiers n'on plus ce rôle
depuis plusieurs années, du coup ils se transforment en groupes de
personnes qui tirent parti de leur proximité avec le pouvoir, en obtenant par exemple des droits de louer des chambres
pour les étrangers, ce qui peut assurer un revenu substantiel.
Roberto espère quitter au plus vite Cuba et il a un plan pour partir travailler en
France. Il ne croit pas que sa situation y sera plus
dure que celle qui est la sienne à Cuba. Il parle le français -qu'il a appris à l'Alliance Française et pratiquée avec les touristes qui viennent coucher à la casa particular dont il a la charge - et l'italien et compte apprendre rapidement l'allemand. Roberto admet que la
situation s'est améliorée à Cuba depuis que Raul est au pouvoir. Il
semble plus pragmatique que son frère Fidel. Cependant, l'évolution
est très lente, Roberto pense que le système va évoluer "à la
chinoise" (une forme de capitalisme avec un parti communiste qui
détient le pouvoir politique). Mais Cuba n'a pas les ressources de
la Chine ... Alors ?
La route de Cienfuegos à Viñales
dans l'Ouest de Cuba est particulièrement inintéressante. Paysages
tout plats la plupart du temps, sauf en ayant passé La Havane où
réapparaissent quelques petites montagnes. Toujours de grands
espaces réservés à l'élevage de quelques bœufs malingres, de rares rares rizières et champs de tabac.
Des champs de maïs
font aussi leur apparition. La plupart du temps, nous suivons une
autoroute, dont la chaussée est en bon état.
De façon générale, les grandes routes, sans être excellentes, sont dans un
état correct. Ca n'empêche pas les accidents souvent dus à un mauvais état des véhicules.
Le long de la route, des paysans vendent des poulets rôtis ou des fruits.
Arrêt dans un petit café au bord de l'autoroute où
on mange un panini jambon-fromage dans lequel on a mis un peu de
ketchup et des pickles. Avec une bière de type Corona, voilà qui
fait notre affaire. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous
sommes à Viñales, un village situé au milieu des mogotes, des formations rocheuses particulières qui bourgeonnent
au dessus de la plaine. Le site est classé au Patrimoine de
l'Humanité.
Le petit village de Viñales est littéralement envahi par les touristes. Du coup, on y vend beaucoup d'articles de pacotille. Le Che y tient une place importante, de
même que les voitures américaines ou les maracas ... Bref, un
concentré de culture cubaine pour touristes en goguette recherchant
des souvenirs ...
La présence massive de touristes est sans doute aussi la raison de la présence de ce panneau protestant contre l'embargo qui frappe Cuba depuis 60 ans.
Un petit tour en groupe dans le village nous permet de constater qu'il ne comprend presque que des restaurants, bars, magasins de souvenirs et
casas particulares.
On prend une boisson dans un bar où on est censé
pouvoir écouter un orchestre. Mais ici, la pause syndicale c'est un quart
d'heure toutes les 5 minutes, match de football oblige. Pourquoi les
Cubains s'intéressent-ils aux matches de la Coupe d'Europe des Clubs Champions, eux qui n'ont pas d'équipe de football digne de ce nom et qui érigent
le base-ball au rang de sport national ?
Nous prenons notre diner chez nos hôtes de Viñales. Voici Mayita qui tient la Villa Rosa de Papel ! Elle nous demande de faire de la pub en France pour sa chambre. Alors,voilà,c'est fait !
Comme d'habitude, pour
12 CUC (12 €), le diner est très copieux : soupe de tomates avec des pâtes,
salade de crudités, langouste en sauce tomate, riz blanc avec manioc et haricots noirs, chips de plantain, fromage et crème de
mangue. Le tout avec une bonne "bière nationale" Cristal. Ce soir, nous allons bien dormir!
Quelques fleurs et fruits de Cuba
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