vendredi 14 avril 2017

Cuba (20) : La Havane, Centro Habana, Habana Vieja

Pour notre deuxième journée passée à La Havane. Christine nous emmène voir l'Université, en passant par l'Avenue des Présidents. Ces Présidents Sud-Américains célèbres ont contribué à l'indépendance de leurs pays. A commencer par Simon Bolivar, le Libertador de l'Amérique Latine, Omar Torrijos un dirigeant du Panama qui obtint la pleine souveraineté de son pays sur le canal, Salvador Allende le président chilien renversé par Pinochet, ... Et encore d'autres.
 Monument de Jose Miguel Gomez, deuxième président cubain
On passe devant l'Hospital General Calixto Garcia, un des plus réputés de Cuba. 
Le système de santé cubain est considéré comme un des meilleurs du monde et reconnu comme tel par l'Organisation Mondiale de la Santé, et ce, malgré les sanctions économiques américaines. Cela prouve d'ailleurs, a contrario, que l'embargo des Etats-Unis n'explique pas tous les problèmes de la société cubaine... Les bons résultats du système de santé sont obtenus, entre autres, grâce à une médecine préventive particulièrement efficace et peu onéreuse. Le taux de mortalité infantile est un des plus bas du monde, inférieur à celui des Etats-Unis. L'espérance de vie des Cubains est de 79 ans (identique à celle des Etats-Unis, en France elle est de 82 ans). Cuba a même développé le premier vaccin contre le cancer du poumon qui pourrait bientôt être commercialisé ... aux Etats-Unis.
A l'Université de La Havane, un étudiant nous accompagne dans le bâtiment des Mathématiques. Il nous dit que la vie étudiante est difficile, comme dans beaucoup de pays, si on n'a pas beaucoup d'argent. La scolarité est gratuite dit-il, mais il faut que les étudiants paient leurs livres, alors ils se regroupent pour faire des achats collectifs. Il faut aussi payer la nourriture car il n'y a pas de restaurant universitaire, alors l'étudiant moyen ne déjeune pas à midi. Par contre, il n'y a pas de droits d'inscription comme en France. Les étudiants cubains n'ont pas accès à Internet, seul un Intranet (Internet spécifique à Cuba) est disponible, ce qui empêche l'accès aux sites internationaux ... et aussi aux informations étrangères qui pourraient être subversives ... Notre étudiant pense que c'est très pénalisant, en particulier dans les disciplines scientifiques où les progrès se font à l'échelle du monde.
La visite se poursuit par le Callejon de  Hamel, un lieu extraordinaire qui est l’œuvre de Salvador Gonzalez Escalona, un autodidacte admirateur de Dali, de Miro et des dadaïstes, et adepte de la santeria, initié dans le culte de Shangô. le dieu (orisha) de la foudre, du tonnerre et de la justice.
Salvador explique: «J’ai commencé le 21 avril 1990, en pleine période spéciale», un euphémisme utilisé pour désigner l’effondrement de l’économie cubaine provoqué par la fin des subsides soviétiques. «J’ai fait du Callejon le premier temple de la culture noire, rendue à sa dignité. Il n’y avait pas encore d’ouverture religieuse, j’ai subi des pressions pour motif idéologique. Le système n’a jamais réussi à changer les croyances. Les colliers, les fétiches, les statuettes ont été cachés, certes, mais la religion a continué comme un fleuve souterrain. Un dogme ne pouvait pas modifier cette réalité: les soldats cubains sont partis à la guerre d’Angola avec les colliers et les amulettes, pas avec le carnet du Parti.» La rue et ses alentours sont maintenant un refuge pour les pratiquants de l'église afro-cubaine très en vogue aujourd'hui à Cuba.  
Nous assistons, de loin, en restant discrets, a une cérémonie d'intronisation où le prêtre agite un poulet  blanc autour des fidèles.
La rue Neptuno nous conduit en plein centre, au Parque Central. Toute une vie quotidienne de centaines de gens : musique, petits commerces - dont les épiceries sociales où on peut se nourrir avec des produits de base à prix subventionnés grâce à une carte de rationnement - coiffeurs, artisans réparateurs de toute sorte d'objets, salle de gym - rappelant le précepte de Fidel sur la nécessité de faire du sport, ... -, petits marchés de fruits et légumes, horloger qui répare les montres comme le faisait mon oncle Robert il y a 50 ans ... C'est fascinant.
Les maisons sont le plus souvent en piteux état, et les habitations misérables et crasseuses. 
Comme partout, il y a de nombreuses queues, en particulier devant les magasins qui ont reçu un produit intéressant; dans ce cas, les clients doivent faire la queue sur le trottoir et ne peuvent rentrer que par petits groupes pour aller se ravitailler.
Puis on pénètre dans la Vieille Ville, Habana Vieja, avec ses rues pittoresques qui se coupent à angle droit et dans lesquelles la circulation se fait le plus souvent en tricycle. Sur certaines maisons, de véritables arbres ont poussé.
A côté, un merveilleux palais classique bien restauré. "L'historien de la ville" a inventé un système ingénieux pour accélérer la rénovation de cette partie de La Havane si riche par son histoire et son architecture.
Avec l'argent récolté auprès des touristes qui paient le prix fort (25 fois le prix payé par les Cubains) pour visiter les musées et lieux historiques, il entreprend de nouvelles restaurations qui donnent lieu à versement de droits d'entrée, et le tout fait boule de neige ... Il était temps car la ville donne des signes d'épuisement.
Pourtant certains endroits sont déjà bien retapés et certains places sont très belles ; Place la Cathédrale,
La Catedral de San Cristobal de style classique
La Casa de Lombillo, la résidence de "l'historien de la ville"
 Le patio andalou du Palacio de los Marqueses de Aguas Claras
 Plaza Vieja
On grimpe en haut de la Tour de la Camara Oscura. Très belle vue sur la vieille ville jusqu'au port d'un côté, le Capitole de l'autre.
Une chambre noire (camera obscura) construite selon le principe de Léonard de Vinci permet par un jeu d'optique d'observer avec beaucoup de détail tous les monuments de La Havane et la vie quotidienne du centre ville ... C'est féerique !
L'Eglise Saint-François d'Assise, non loin de là, est devenue un centre de concerts. 
Michèle peut y écouter la répétition du prochain concert de musique classique cubaine pendant qu'avec Mado et Jean-Paul nous grimpons au clocher. Belle vue sur la Loge du Commerce, le lieu où se faisaient autrefois les échanges commerciaux à proximité du port. Depuis quelque temps, elle a retrouvé sa fonction avec la libéralisation du commerce.
A la Casa Africa, il y a une présentation - décevante - de la Traite des Noirs et de la santeria. Une gardienne s'approche de moi pour me proposer de prendre une photo avec les objets africains exposés. En fait, elle demande de l'argent. Dans une autre salle, on me demande des savons (encore).
Au Musée Bolivar, tenu en main par des chavistes confirmés, la propagande s'illustre par des portraits de Chavez - le Bolivarien autoproclamé - et Fidel Castro bras dessus, bras dessous.
Alors qu'aucune indication n'était donnée à l'entrée sur le prix, on nous demande de payer 1 CUC , mais sans ticket. Cela ne plait pas à Mado, du coup on s'en va.
Retour au Parque Central pour prendre un petit taxi-scooter à 3 roues qui me ramène vers l'Hotel Presidente, tout près de notre habitation.
Portraits
Michèle offre l'apéritif au groupe, chose qu'elle avait promise si elle retrouvait son portable. Elle s'est démenée avec notre hôtesse pour préparer un apéritif agréable : jus d'ananas, jus d'orange, avec du rhum, et petits trucs à grignoter. Mais plusieurs manquent à l'appel : les Bordelais Jacques et Gisèle, les "garçons" -comme tout le monde les appelle - Michel et Philippe, et Jean et Alice avec lesquels Michèle s'est accrochée ...
Nous disons au revoir à ceux qui sont là car demain nous ne les reverrons sans doute pas puisqu'ils repartent vers Paris dans la soirée alors que nous poursuivons seuls notre voyage et coucherons à l'Hôtel Lido, pas très loin de Habana Vieja.
Seule Joëlle vient diner avec Mado, Jean-Paul et nous dans un bon restaurant situé au 11ème étage d'un HLM voisin. 

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