Une journée a la plage. Direction
Cayo Jutias, a 70 kms de Viñales, sur le Golfe du Mexique. Le jour
n'est pas très bien choisi: il tombe quelques gouttes de pluie et le ciel est très gris. C'est le frente frio qui fait des siennes
nous a prévenu notre hôtesse Mayita. En partant ce matin, nous nous
retrouvons à 8 dans une antique Packard Clipper dont il ne
subsisterait plus que 2 exemplaires à Cuba, un à La Havane et un
ici. Quelle chance ! Enfin, c'est vite dit parce que ses amortisseurs
sont aussi de l'époque de Batista.
Comme la route n'est qu'un
ensemble de nids de poule reliés de temps en temps par du goudron,
il nous faut bien deux heures pour parcourir la distance entre
Viñales et cette île entourée de mangroves.
Finalement, nous voici arrivés dans ce lieu fréquenté par
beaucoup de touristes étrangers et même quelques Cubains. La plage
est de sable fin blanc et l'eau est turquoise. Avec les cocotiers de
bord de plage, c'est une image idyllique.
J'ai pris avec moi mes
palmes, mon masque et mon tuba et je me lance à la recherche des massifs
coralliens qui, d'après le guide, se trouveraient à proximité. Après une
heure de patrouille, je finis par tomber sur un petit récif, dans un
état épouvantable. La plupart des coraux sont morts et il n'y a que
très peu de (petits) poissons. C'est assez décevant, d'autant que
la mer étant agitée, elle est remplie de grains de sable en
suspension ce qui rend la visibilité très médiocre.
Il vaut mieux faire un petit tour à pied le long de la plage et
admirer les belles mangroves. Une physalie (qui n'est pas une méduse) gît sur le sable. En
voulant la déplacer, je me fais piquer par ses filaments. Un jeune Cubain s'approche
et me dit de ne pas la toucher parce que sinon, c'est l'hôpital !
Trop tard ! En ce qui me concerne, j'en
serai quitte pour une petite douleur pendant 2 à 3 heures.
En me renseignant depuis, j'ai appris que notre homme avait raison parce que les filaments urticants de ce genre de bestiole peuvent effectivement causer de sérieux problèmes de santé dans 10% des cas: perte de connaissance, gêne respiratoire, douleurs abdominales ou thoraciques, vomissements, tachycardie, hypertension artérielle ou crampes musculaires. J'ai échappé au pire ... Pourtant c'est bien beau comme animal !
Le temps s'est mis au beau et le soleil tape de plus en plus fort.
Les tee-shirts tombent. Quelques touristes se sont mises en
monokini, mais ce n'est pas toujours bien apprécié par les Cubains
qui, pour être "sexuellement libérés" n'en sont pas moins assez
prudes. Il faut suggérer - et même fortement - mais pas montrer !
Pendant que les touristes bronzent, les chauffeurs de taxis en profitent pour réparer leurs véhicules
Un petit sandwich au bar de la plage, et nous voilà bientôt
prêts à repartir. Une premier échange aigre-doux a lieu avec
Alice, une de nos co-voyageuses qui trouve que Michèle
exagère en demandant à changer de voiture pour le retour. La
deuxième voiture est réputée plus confortable ... Christine met
fin à la dispute en disant : "vous n'allez pas vous
disputer pour une question de places !".
Le retour vers Viñales se fait sans anicroches. Un petit arrêt
pour refaire le plein d'essence. Il n'y a pas de pompe à essence, on
verse simplement le contenu d'un jerrycan dans l'ouverture du réservoir.
Sur la route, des carrioles à cheval et aussi des bœufs attelés tirent une charrette.
La région n'est pas riche contrairement à
celle que nous avons traversé en venant de Cienfuegos il y a 2
jours. Nous y avons vu plusieurs tracteurs et machines agricoles mais
il est vrai que les surfaces cultivées étaient plus vastes. Je
repense, ce faisant, au coût que représente un cheval pour les guajitos, les paysans du coin. C'est environ 500 pesos cubains, soit
20 CUC (20 €), un prix dérisoire pour nous, ce qui montre qu'il est
difficile de se faire une idée du coût de la vie si on compare les
choses de manière brute. Un beau cheval qui peut servir aux
promenades pour les touristes peut coûter jusqu'à 1200 pesos
cubains (monnaie nationale), soit 48 à 50 CUC (50 €).
De retour à Viñales, nous avons eu le temps de parler un peu avec notre logeuse Mayita. Elle
aussi dit que la vie est dure à Cuba. Il faut amasser petit à petit
de l'argent pour améliorer son mode de vie. Les salaires sont très
bas, comme nous l'avait dit Roberto à Cienfuegos. Le mari de Mayita qui travaille dans une entreprise de tabac - c'est l'activité principale ici, à part le tourisme - gagne 20 CUC (20 €) par mois. Un enseignant
gagne entre 30 et 60 CUC (entre 30 et 60 €) par mois, selon qu'il a une licence ou pas (instituteur ou professeur). Du coup, ces derniers donnent des
cours particuliers à domicile pour que les enfants puissent réussir leurs
examens. Notre logeuse paye un prof de maths pour sa fille lycéenne,
3 CUC de l'heure. 20 leçons particulières et c'est donc le salaire
du mois. La fille de Mayita et Luis qui est en classe pré-universitaire a absolument besoin de réussir dans 3 matières
pour pouvoir prétendre commencer des études de médecine: espagnol, maths et histoire. Pas de chance, elle n'aime pas beaucoup les maths... On regarde le cahier
sur lequel elle fait des exercices avec son prof particulier: c'est de l'algèbre comme chez
nous. Elle nous dit qu'elle étudie les fonctions, comme chez nous! Le fils de Mayita et Luis fait des études de tourisme à l'Université de Pinar del Rio, à 25 kms de Viñales. Il a encore
des progrès à faire parce que son niveau d'anglais est plutôt
faible. Mayita dit qu'il faut beaucoup travailler à Cuba pour
s'en sortir. Avec son mari, ils sont en train d'agrandir la maison
pour installer une autre chambre à louer. Ils n'ont pas pu la terminer pour la saison touristique de cette année, par manque d'argent. Ils proposent toutes sortes
d'activités sur lesquelles ils touchent un petit pourcentage sans
doute: balades à cheval ou en vélo, taxi, boissons, lessive, cours
de salsa, ... Ils font aussi des repas pour les personnes qu'il hébergent. Bref tout ce dont un touriste à besoin ... Ça permet
de mettre du beurre dans les épinards. Une chambre rapporte entre 20 et 25 CUC par nuit. un petit déjeuner 4 à 5 CUC, un dîner entre 6 et 12 CUC. Apparemment, à l'échelle cubaine, cela rapporte pas mal mais, comme pour notre taxi
d'hier, le fisc cubain veille. Notre logeuse doit lui payer 40 CUC (40 €) par mois plus un impôt a l'année fonction du chiffre d'affaires qui
peut dépasser 1000 CUC. Il faut aussi savoir que la saison touristique ne dure au maximum que 6 mois. Alors, même si c'est financièrement intéressant d'avoir une casa particular, ce n'est tout de même pas le Pérou ...
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