mercredi 13 mars 2013

Egypte, Croisière sur le Nil – Le Caire

Lorsque nous débarquons à l'aéroport du Caire, nous sommes immédiatement pris en charge par Emad, le correspondant de l'agence.
Sitôt dans la voiture, il nous raconte sa vie : la fréquentation de l'Ecole des Frères où il a fait ses humanités, et dont il garde le mauvais souvenir d'une éducation à la dure; il y a, dit-il, été "rossé", battu. Pourtant, il a mis ses propres enfants dans la même école car c'est la meilleure du Caire et parce qu'Emad est attaché à une éducation traditionnelle. Il nous raconte qu'ici comme partout les enfants ne respectent plus les professeurs et les adultes en général. Lui-même a été professeur de français auparavant mais il a dû être chahuté. Il a changé de métier car il n'était pas fait pour transmettre son savoir dit-il. Dommage pour un guide ...
Emad nous parle de la rencontre avec sa première fiancée qui ne s'est pas concrétisée par un mariage; il lui cachait sa grande nervosité jusqu'au jour où sa mère lui a dit : "Mon fils, avant qu'il ne soit trop tard, il vaut mieux que ta fiancée connaisse ton vrai caractère". Du coup, Emad s'est lâché ... et la fiancée est partie voir ailleurs. Emad s'est marié sur le tard avec une ancienne copine de l'Université qui, depuis, reste à la maison; hors de question de voir son épouse travailler au dehors !
Emad regrette les temps anciens, quand le niveau culturel était plus haut que maintenant, quand Internet, qui n'apporte qu'un vernis de culture, n'existait pas. Il laisse les technologies modernes à ses enfants ! De toute manière, ils ne lisent plus ...
On ne fête plus l'Aïd el Fitr (la fin du Ramadan) en famille  ou avec les amis!  Tout fout le camp. L'Egypte va à vau l'eau, plus encore maintenant avec l'arrivée des islamistes au pouvoir. Son côté rabat-joie pourrait nous assommer mais Emad nous raconte tout ça avec beaucoup d'humour. Il nous dit, en plaisantant, porter un prénom italien, et c'est vrai qu'il y avait auparavant pas mal d'Italiens (et de Grecs) en Egypte : rappelez-vous Dalida! Mais ils sont tous partis après l'épisode de 1956 où Nasser a nationalisé le Canal de Suez.
Il est particulier, Emad. Quand il était jeune, sa classe avait programmé un voyage en France, un rêve pour lui qui faisait des études de français. Mais, les parents de ses condisciples de sexe féminin ont refusé que leurs filles partent seules avec des garçons. Du coup, le voyage ne s'est pas fait. Emad en a conçu une forte frustration et il s'est mis dans la tête que jamais plus jamais il n'irait en France ... 
Pendant que nous roulons, il est au téléphone avec son fils et nous demande comment on appelle l'instrument avec lequel le médecin écoute les battements du coeur. Un stéthoscope ... Il répète ce nom, nouveau pour lui, à son fils qui a un devoir de français. Plusieurs fois, il redit à haute voix : "sthétoscope, stéthoscope" ... On dirait qu'il s'enivre de ce nom !
Une femme conduit au milieu de la route, se moquant des files. Emad le mysogyne soupire "No comment". Des touk-touks (triporteurs) sont arrêtés au beau milieu de la route, colonisent la chaussée. Emad peste. "Je vous disais que plus personne ne respecte rien, même pas le code de la route" !
C'est vrai que la circulation au Caire est particulièrement difficile. L'agglomération comporte maintenant 18 millions d'habitants. 3 millions de voitures plus ou moins délabrées circulent tous les jours, dans un concert de klaxons. "Le klaxon, c'est la quatrième pédale des Cairotes" nous dit Emad. Les microbus sont pris d'assaut et les passagers s'entassent dans les véhicules. S'il n'y a pas de place à l'intérieur, on s'accroche à l'extérieur !
Mais la bonne humeur reste la règle. On invoque Dieu à tout bout de champ. Inchallah (si Dieu le veut), Hamdulah (merci mon Dieu). Une forme de fatalisme qui permet d'accepter les contrariétés et les ennuis, petits et grands, de la vie.
Conséquence de cette circulation, la pollution atmosphérique est une des plus élevée au monde. On se croirait au milieu d'un vaste brouillard duquel le soleil a du mal à émerger. Le Caire, Pékin même combat ! Outre la circulation, ce qui frappe au Caire ce sont les innombrables barres d'immeubles dont beaucoup ne sont pas terminés.
Il est vrai qu'il faut loger chaque année 1 million de personnes en plus. Les antennes paraboliques sont légion, et les chaînes par satellite, comme CNN et Al Jazeera (la chaîne du Qatar) ont joué un rôle non négligeable dans la Révolution qui a renversé Moubarak.
 Quelques vues du Caire. Le Nil
Un champ cultivé en plein centre ville !
La Place Tahrir (Place de la Libération) qui a été le lieu principal de la Révolution est encore occupée par les tentes des manifestants. Au moment de notre passage, elle est calme, mais les voitures ne peuvent pas y pénétrer. Quand nous nous approchons en voiture, quelqu'un nous demande ce que nous venons faire. Opposant, policier en civil ?
A proximité du Musée, un bâtiment administratif a été incendié pendant les évènements de 2011.
Et plusieurs objets du Musée, dont des statuettes en bois du Trésor de Toutankhamon ont été dérobés à ce moment. On soupçonne plusieurs employés du Musée qui auraient profité de la confusion régnant alors pour dérober des objets qu'ils auraient pu revendre plus tard. Les autorités ont alors fait garder le Trésor par l'armée.

Notre matinée est consacrée à la visite du Musée Egyptien.
Le bâtiment est assez ancien, il date du début du XXème Siècle, et si les collections ne sont pas toujours bien présentées, le Musée Egyptien contient vraiment des merveilles, en particulier le Trésor de Toutakhamon qui était entassé dans le tombeau mis au jour par Carter.
Quelques autres "célébrités" du Musée :
le Scribe assis.
 Rahotep et Nofret, un couple de nobles.
 Akhénaton, le seul Pharaon monothéiste, et le seul dont les traits sont dit-on réalistes.
La salle des momies contient celles de nombeux Pharaons du Nouvel Empire, en particulier celle de Ramsès II, le Pharaon le plus important de toute l'histoire égyptienne. Il est mort il y a 3226 ans. On ne dirait pas !
Nous ne quitterons pas l'Egypte sans avoir vu les Pyramides de Giseh. Quelques manifestants font connaître leurs revendications au gouvernement : que les touristes reviennent ! Plus facile à dire qu'à faire ...
Le plateau de Giseh se trouve au beau milieu de la banlieue du Caire. Pourtant, on se croirait loin de tout, en plein désert.
Du haut de ces Pyramides, 40 siècles nous contemplent, comme l'a dit Bonaparte qui avait réuni là ses soldats. Pyramide de Kheops : 137 mètres. Les savants français de l'expédition Bonaparte avaient calculé qu'avec les pierres des trois Pyramides de Giseh on aurait pu un construire un mur de 2 mètres de haut et 35 cms d'épaisseur tout le long de la France ...
La vue du site au XIXème Siècle. Depuis le Nil ne passe plus par là !
Beaucoup de monde, des touristes étrangers mais aussi des Egyptiens en visite. Aujourd'hui, c'est vendredi, après-midi de congés. Les dromadaires sont harnachés prêts à partir, et notre conducteur de carriole nous tire le portrait à sa manière !
Le Sphinx veille sur les Pyramides.
La petite vendeuse de souvenirs de Giseh nous souhaite bon voyage !
 
 

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