mardi 23 février 2016

Inde (14) - Nashik, Le versement des cendres au Ramkund, le vignoble de Sula

Ashok nous accompagne ce matin au Bassin Sacré, le Ramkund, que nous n'avons vu jusqu'à présent que de nuit. Nous voulions voir les familles venir jeter les cendres de leurs défunts dans l'eau de la Godavari, et ceci ne se fait que le matin. Le très serviable Ashok reprend donc sa voiture et tente de se frayer un passage à travers les ruelles étroites et très encombrées de la vieille ville de Nashik. On traverse un quartier musulman avec sa mosquée. 
Les hommes portent la barbe et une calotte sur la tête, et des drapeaux verts sont accrochés un peu partout. Les maisons habitées par des Hindous arborent un drapeau orange découpé. Chacun montre à quelle communauté il appartient.
Nous passons devant un des 2 centres funéraires hindous qui se trouvent de chaque côté de la Godavari (les morts n'ont pas le droit de franchir la rivière ... je devrais plutôt dire que la famille n'a pas le droit de faire traverser la rivière au cadavre !).
Un groupe d'hommes habillés tout en blanc se tient devant l'entrée et effectivement une camionnette ouverte diffusant de la musique fait son apparition. Elle contient la dépouille d'un décédé entourée d'une vingtaine de personnes debout à ses côtés.
Arrivés au Ramkund, je suis fasciné par l'ambiance qui règne ici.
C'est à la fois très bon enfant, avec des familles qui viennent se baigner en riant dans l'eau sacrée,
très recueilli pour ceux qui viennent prier aux alentours ou bien au milieu des eaux, en s'aspergeant la tête ou le corps,
et triste aussi lorsque les familles apportent leurs urnes. Pour les familles endeuillées, commencent des prières autour d'une sorte d'assiette métallique dans laquelle est versée une petite quantité de cendres mélangée à des fleurs et des objets de culte.
Les hommes habillés le plus souvent en blanc se sont rasés la tête en signe de deuil. Une fois la prière finie, le chef de famille entourés des siens s'approche de la petite balustrade située au bord du Bassin et verse le contenu de son assiette dans l'eau.
De nouvelles prières sont dites pour libérer l'âme du défunt.
Tout autour du Bassin, les marchands vendent des fleurs et objets pour les offrandes qu'on met à l'eau, mais aussi de quoi manger ou se soigner avec des plantes médicinales traditionnelles.
Plusieurs sadhu qu'on reconnaît à leur grande barbe et leurs modestes habits quémandent leur nourriture ou font l'aumône.
C'est une toute autre ambiance que celle de la nuit. Il y a foule partout car les cérémonies de versement des cendres sont très nombreuses et se succèdent pratiquement sans discontinuer.
De retour à la maison, Michèle doit se préparer pour aller à une party avec Vasanti. Tous les mois, les membres féminins du Lions Club se réunissent pour jouer. L'occasion de manger ensemble tout en jouant et rigolant.
Nous mangeons seuls avec Ashok en attendant le retour de ces dames. Ashok me gratifie d'un bon rôt. Comme ce n'est pas la première fois, j'en déduis que la bienséance indienne ne l'interdit pas.
Ce soir, nous allons fêter notre départ en allant d'abord visiter à Sula une cave vinicole qui produit, nous dit Harshel, un des meilleurs vins d'Inde. Il y a foule pour aller boire un verre dans un bar qui donne sur les vignes. Beau spectacle au coucher du soleil.

C'est Harshel qui nous invite à tester un vin pétillant et un vin doux de la maison. Verdict : le vin pétillant ressemble à de la Clairette de Die et ne risque pas de concurrencer pour l'instant le Champagne. Quant au vin doux, il n'est pas mauvais mais manque singulièrement de parfum, on dirait un peu du jus de raisin alcoolisé.
J'achète néanmoins une bouteille de leur meilleur rouge, élevé en barriques de chêne. On le goûtera de retour en France …
La dernière étape gastronomique se déroule dans le restaurant branché d'un grand hôtel. C'est Harshel qui a choisi le restaurant où nous offrons un dîner à nos amis. Nous pourrons enfin dépenser quelques roupies! En pénétrant dans la cour, la voiture est inspectée y compris dans le coffre et les gardes approchent des miroirs sous la voiture pour voir s'il n'y a pas de bombe. Bonjour l'ambiance ! C'est qu'il y a quelques mois, un attentat perpétré par des islamistes provenant du Pakistan a fait plusieurs dizaines de morts dans un hôtel de Bombay. Alors, au moment où de nouvelles provocations ont eu lieu il y a quelques jours non loin de la frontière indo-pakistanaise, on prend des précautions. Il n'y a pas qu'en France que l'état d'urgence est décrété !
La salle de restaurant est de style très moderne. La musique n'est pas une musique d'ambiance, elle joue à fond. Pas étonnant que Harshel ait choisi ce lieu, lui qui dit que dans sa brasserie-restaurant la musique sera tellement forte que les clients ne pourront pas se parler ... Ici, c'est aussi le cas !
Nous choisissons quelques plats typiquement indiens : un poulet tandoori pour moi (ça me rappelle celui prépare par des étudiants indiens à la Cité Universitaire de Paris où je logeais pendant que je passais mes concours d'entrée aux grandes écoles.) , une viande de mouton cuite à l'étouffée préparée avec de la noix de coco, de la tomate, de l'oignon, et des épices indiennes pour Harshel . Vasanti a pris comme moi une soupe de citron et de coriandre et Michèle un plat de poulet émincé non épicé (difficile à trouver ici). Quant à Ashok, après un whisky, il se limite à prendre un plat de lentilles. Ce n'est pas de la grande gastronomie mais ce n'est pas mauvais. Il suffit de bien aimer manger épicé ou très épicé. Une glace pour finir (très crémeux et pas super).
Ashok m'a offert une cigarette au restaurant, nous sommes allés fumer dans une pièce spécialement pour fumeurs, petite, aérée et non éclairée. C'était une kretek, une cigarette indonésienne aux épices dont le papier est parfumé à la banane. En Inde, fumer est mal vu donc on se cache même s'il y a beaucoup de fumeurs (des hommes la plupart du temps). On ne fume jamais en présence d'autres personnes, sauf s'ils sont fumeurs.
Puisque nous en sommes au chapitre des addictions, parlons de la drogue. Harshel nous assure qu'il n'y en a pas en Inde sauf chez les jeunes des grandes villes comme Delhi où Mumbai. A Nashik, il n'a jamais entendu parler de drogue. D'ailleurs, si les consommateurs se font prendre, ils risquent gros : une amende mais surtout des représailles y compris dans leur travail.
En revenant à la maison, Ashok s'arrête pour nous faire goûter le paan une préparation sucrée avec des fruits secs roulée dans une feuille de bétel. Le paan sert à bien digérer. Nous voilà donc remis d'aplomb ! Défense de penser que le mode de préparation pourrait nous donner une bonne tourista !
Arrivés à la maison, Michèle retrouve son haut de sari tout cousu à ses dimensions et ce n'est pas fini ! Vasanti lui offre un beau tissu de sari et lui montre comment s'en vêtir. Et ça, ce n'est pas donné à tout le monde !
Demain, nous partons vers 11 heures après un brunch que nous préparera Vasanti. Ce soir, nous faisons nos adieux anticipés. Nous remercions chaleureusement Ashok et Vasanti pour leur accueil extraordinaire, Michèle laisse une aquarelle pour la famille qui nous a reçu hier au petit déjeuner et qui lui a offert le haut de sari. Nous invitons Ashok et Vasanti à revenir nous voir en France, à Saint-Jean de Luz qui sait ? Ils invitent toute notre famille et même nos amis à venir chez eux ou dans leur résidence secondaire qui se trouve à 40 kilomètres de Nashik . Quel merveilleux séjour dont nous nous souviendrons à tout jamais ! 


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