samedi 21 août 2010

Le Transibérien – 12 : Pékin (23 juillet 2010)

Nous voici arrivés au terme de notre voyage de 8000 kms en train, à la Gare de l'Est de Pékin. Il est très tôt et il y a déjà affluence. Nous apprendrons vite qu'à Pékin, il y a affluence à toute heure et partout ...

Sur un quai voisin du nôtre, un TGV attend. Une première image qui nous montre que la Chine se modernise très vite, beaucoup plus vite que la Russie.
Petit déjeuner buffet plantureux dans notre hôtel 5*, le Capital Hotel, aussi luxueux que les plus luxueux de nos palaces. Notre guide pékinois, «Vincent» Zhang nous attend pour un tour du centre-ville. Le minibus est heureusement climatisé car il fait une chaleur étouffante, 40°C et 100% d'humidité. Pendant les 3 jours que nous passerons dans la capitale chinoise, nous ne verrons jamais un soleil qui brille, juste un disque jaune qui se profile derrière la brume. Pendant les 3 mois d'été, Pékin vit en permanence dans une sorte de brouillard provoqué par l'humidité d'une part et la pollution due aux très nombreuses usines d'autre part. La Chine est l'Usine du Monde, nous dit avec fierté Vincent, mais il y a un prix à payer. Et encore, les usines les plus polluantes ont été déplacées en province au moment des Jeux Olympiques ...
Notre première visite est pour la Place Tien An Men, la plus grande place au monde, nous dit encore Vincent (880 m sur 500 m). Elle est d'ailleurs tellement grande qu'on peut à peine en apercevoir l'autre bout, caché derrière la brume. On aperçoit le Monument aux Héros du Peuple, le Palais de l'Assemblée du Peuple
Et évidemment la Porte de la Paix Céleste qui marque l'entrée de la Cité Interdite, sur laquelle est accroché un immense portrait de Mao.
Une queue immense serpente sur toute la place: ce sont les visiteurs du Mausolée de Mao Zedong, chinois pour la plupart, qui doivent attendre pendant plusieurs heures avant de pénétrer dans le saint des saints et défiler sans s'arrêter devant la momie.
Contrairement à Lénine dont le Mausolée sur la Place Rouge de Moscou est plutôt déserté, le fondateur de la République Populaire de Chine a encore la cote. D'après le discours officiel du Parti Communiste Chinois, il y aurait 70% de bon dans son bilan, contre 30% de mauvais (comme la Révolution Culturelle) … Un bilan «globalement positif» comme dirait l'autre …
Malgré tout, les abords de la place sont soigneusement contrôlés par la police qui fouille tous les visiteurs chinois. Des véhicules de police sont aussi stationnés sur la place.
Il s'agit évidemment d'éviter que se reproduise ça :
qui est dans toutes les mémoires. Notre guide Vincent que nous interrogeons sur les évènements de 1989 élude; il nous répond finalement qu'il ne les a pas vécus étant trop jeune, et qu'il se sent «libre» en Chine. Ca ressemble à une réponse officielle, mais que peut-il dire d'autre ? Et par ailleurs, beaucoup de Pékinois (est-ce vrai de tous les Chinois ?) ont vu leur sort s'améliorer dans les dernières années … Le dynamisme et la prospérité économique de Pékin, avec ses buildings flambant neufs, ses magasins, ses banques, ses millions de voitures individuelles (désormais pratiquement plus aucun vélo) saute aux yeux. La différence avec la Russie est éclatante. Le niveau de vie moyen du Pékinois, encore très bas, est en train de dépasser celui du Moscovite. Comme quoi prospérité et liberté politique ne vont pas nécessairement de pair. Jusqu'à quand les Chinois devenus un peu plus riches accepteront-t-ils de se sacrifier ? Déjà, les ouvriers de filiales chinoises de sociétés occidentales, comparant avec leurs collègues occidentaux, se sont mis en grève pour obtenir des augmentations substantielles de salaires … Un espoir pour nous qui voyons les bas salaires chinois être la source de délocalisations massives.
Partout où nous sommes, nous nous retrouvons entourés d'une foule immense. A aucun moment, nous ne pouvons être un peu au calme, un peu seuls. Je ressens cela comme une sorte d'oppression, même si les Chinois sont toujours très amicaux avec nous.
A proximité de la Place Tien an Men, le magnifique Opéra de Pékin, terminé en 2007 et dont l'architecte est le Français Paul Andreu, originaire du Béarn.
Peu d'habitations anciennes ont survécu à Pékin. On en voit quelques-unes, pas toujours en bon état d'ailleurs, dans les hutongs, des quartiers constitués de passages étroits et de ruelles plus ou moins salubres.
Seuls les pousse-pousse peuvent s'y faufiler :
Il n'y pas de répit pour le commerce; même quand nous sommes transportés en pousse-pousse, une vendeuse d'éventails nous aborde à vélo.
Le Pont du Lingot d'Argent entre le Lac Qianhai et le Lac Houhai
Déjeuner chez un habitant qui affectionne particulièrement les barbus, comme beaucoup de Chinois d'ailleurs; les Chinois me demanderont très souvent d'être pris en photo avec eux.
Puis, ce sont les visites obligatoires dans les magasins qui proposent les meilleures productions traditionnelles chinoises.
La soie


Le thé
Le soir, Vincent nous propose d'assister au Théâtre Rouge à un beau spectacle d'arts martiaux, «La Légende du Kung-Fu», construit autour de l'histoire romancée d'un enfant qui devient moine, avant d'être distrait par le démon (une femme évidemment), puis de revenir après les punitions qui conviennent vers la voie juste - celle de l'absence des désirs - et enfin remplacer le maître du monastère …


Un petit extrait vidéo du spectacle :

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