samedi 14 août 2010

Le Transibérien – 6 : Irkoutsk (17 juillet 2010)

Je ne sais pas si c'est à cause de la proximité du Lac Baïkal, mais ce matin il y a du brouillard lorsque nous nous rapprochons d'Irkoutsk.
En gare d'Irkoutsk (Иркутск), les citadins sont pressés de monter dans le train qui les mènera à leur datcha ou sous leur tente. Ils portent de gros sacs à dos et même des «bassines à dos» qui leur permettront de ramener des provisions pour la semaine ! C'est que nous sommes samedi, début du week-end.
Les militaires sont aussi de sortie :
La gare d'Irkoutsk se trouve à 5185 kms de Moscou et, comme toutes les gares du Transibérien, affiche ses horaires à l'heure de Moscou, soit avec 5 heures de moins qu'à l'heure locale … Ceux qui ne sont pas au courant ou les étourdis risquent fort de rater leur train !
L'Eglise du Sauveur est une des plus anciennes églises de la ville. C'est aujourd'hui un musée. Une de ses façades est recouverte de grandes fresques.
Devant l'Eglise Notre-Dame de l'Epiphanie, toute proche, les fidèles, beaucoup de femmes, qui viennent d'assister à l'office se signent devant le porche plusieurs fois en touchant le sol.
On trouve aussi dans la ville une petite Eglise Catholique Polonaise car Irkoutsk fut au XIXème Siècle un lieu d'exil pour plusieurs milliers de Polonais qui avaient participé à des mouvements d'émancipation et exprimé leur volonté de se libérer du joug russe.
D'autres exilés, russes cette fois, sont aussi très célèbres ici; il s'agit des Décembristes. En décembre 1825, quelques aristocrates réformateurs tentèrent à Saint-Pétersbourg un coup d'Etat contre Nicolas I, le Tsar de l'époque. L'opération ayant échoué, ses chefs furent exécutés et 80 comploteurs exilés en Sibérie. Une fois leur peine de travaux forcés effectuée, les exilés purent s'installer en Sibérie. L'un d'eux, le Prince Volkonski fut rejoint dans son exil par son épouse Maria. Ils avaient perdu toutes leurs propriétés et leurs titres de noblesse, mais pas toute leur richesse semble-t-il, puisqu'ils firent construire une vaste maison qui devint, sous l'impulsion de Maria Volkonskaïa, le centre de la culture d'Irkoutsk. Ici avaient lieu bals, concerts, soirées musicales ou littéraires.
Comme la maison des Volkonski, il subsiste à Irkoutsk encore pas mal de maisons de bois qui ne sont pas toutes en bon état. Beaucoup sont détruites chaque année par manque de moyens mais les plus belles ont été classées et sont en cours de restauration.
LeThéâtre d'Irkoutsk construit en 1897
Pour la première fois depuis notre départ de Moscou, nous allons passer une nuit hors du train, dans un grand hôtel d'Irkoutsk. Lorsque nous y arrivons, petit problème … Aleksandra a «oublié» de reconfirmer notre arrivée si bien que nous n'avons pas de chambre réservée. Il nous faut attendre près de 2 heures dans le hall avant que quelqu'un libère une chambre vers 13 h. Nous avons quand même de la chance car nous sommes logés dans une grande chambre avec vue imprenable sur la ville et la rivière Angara.
Notre déjeuner a lieu «chez l'habitant», en fait dans une isba située dans une clairière de la forêt des alentours d'Irkoutsk, appartenant à une petite coopérative.
Le repas est simple mais agréable. Vodka pour commencer.
puis crudités, potage de légumes, viande bien cuite (au point qu'on ne sait plus très bien s'il s'agit de porc, de veau ou de poulet) accompagnée de pommes de terre, gateau.
De retour en ville, nous faisons un tour au marché local. On y trouve les concombres sans lesquels un Russe ne peut pas vivre, et un espèce de chewing-gum local, confectionné avec la sève de mélèze.
Les citadins sont nombreux à faire leurs courses en ce samedi après-midi. Aleksandra m'explique d'ailleurs que depuis la libéralisation des années 1990 les magasins sont ouverts 7 jours sur 7 et jusque très tard le soir. Nous croisons un mariage qui emprunte, comme à Moscou ou Saint-Pétersbourg, une limousine extra-longue
et des mendiants qui se prosternent
Les quartiers à la périphérie du centre sont aussi tristes que ceux des autres villes.
avec leurs garages construits dans les années 60 et qui n'abritent que des conserves de fruits et légumes et patates en provenance des datchas …
Le petit tramway de la ville
Le chameau de Bactriane qui sert de décor exotique pour photos d'enfants nous rappelle que nous sommes désormais proches de la Mongolie. Dans la rue, nombreux sont déjà les visages de type asiatique.
mais pas ces joueurs de football qui viennent jouer un match à Irkoutsk et qui ont l'air ravi de passer une soirée dans un si bel hôtel ...

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