dimanche 30 mars 2014

Périple en Amérique Latine (14) : Mapuches, environs de Puerto Varas (11 janvier 2014)

Nous n'irons pas chez les Mapuches ! Inti nous avait déjà mis au courant hier que nous ne pourrions pas aller voir la machi, la chamane de la communauté qu'il avait prévu de nous faire rencontrer. Au sein d'une communauté mapuche, la machi (la, parce qu'il s'agit le plus souvent d'une femme) est une guérisseuse qui a une très bonne connaissance des herbes médicinales; mais elle est aussi une sorte de grande prêtresse qui prévoit le temps, qui est capable d'interpréter les rêves, de conjurer le mal. En fait, elle est le chef spitituel de la communauté.
A la suite des attaques de fin décembre contre les hélicoptères de l'Armée, la machi a été arrêtée par la police chilienne avec sa fille de 2 ans, puis relâchée faute de preuves et son domicile est désormais entouré par la police bien qu'elle n'ait rien à voir avec cette action entreprise par des éléments radicaux. Il semblerait que les forces de l'ordre utilisent régulièrement ce genre de manière pour impressionner les Mapuches ...
Photos d'un site pro-Mapuches
Ce matin, c'est le chef de la petite communauté de Llanquihue qui n'est plus là car il est parti à Santiago récolter les fonds qui ont été collectés pendant un grand concert de soutien au Mapuches donné dans la capitale. Bref, la situation se tend, et Inti ne veut pas nous faire courir le moindre risque. Tout est donc annulé,et il en est très contrarié. Toute la journée, il essaie de voir s'il n'y a pas une autre manière de les rencontrer mais le portable des Mapuches ne répond plus. Par les temps qui courent, ils ont sûrement autre chose à faire que de rencontrer Alain et Michèle ! Nous sommes déçus de ne pas pouvoir vivre une expérience qui aurait été sans doute extraordinaire, mais nous comprenons la prudence d'Inti. Les autorités chiliennes souhaitent que le conflit avec les Mapuches reste intérieur et n'hésitent pas à expulser les étrangers qui approchent des communautés en période de tension ...
Notre programme redevient plus classique : marche à pied dans un petit parc national forestier où on peut observer les restes de la forêt primaire qui occupait la région avant l'arrivée des colons allemands défricheurs. On y voit en particulier des alerces, ces sortes de séquoias d'Amérique du Sud, qui vivent comme leurs cousins de Californie jusqu'à 4000 ans. Par contre leur taille et leur volume de bois sont plus petits.
Quelques toiles d'araignée géantes qui ne sont pas construites comme celles de nos araignées européennes. Leurs propriétaires sont de grosses bébêtes de la taille de la paume de la main : ce sont des tarentules inoffensives appelées araignées-poulets ...Pas trop envie de les rencontrer malgré tout ... Brrrr ...
De belles fougères dont l'une est, nous dit Inti, proche des premières plantes apparues sur la Terre.
 
Le deuxième dada d'Inti, c'est l'archéologie. Nous allons à Monte Verde voir un champ qui ne paie pas de mine mais est sans doute un des hauts lieux de l'archéologie mondiale.
En 1976 en effet, un archéologue américain y a mis au jour un campement d'hommes préhistoriques datant de plus de 14000 ans, ce qui remet complètement en cause la théorie qui prévalait alors jusque-là sur la date de peuplement de l'Amérique. Et encore, des fouilles très récentes auraient mis au jour au même endroit des traces de la présence d'hommes à cet endroit il y a 33000 ans, au moment ou l'Homme de Cro-Magnon vivait en Europe.
 
Comme nos rhumes ne s'améliorent pas, Inti nous proprose de nous accompagner chez le médecin. En fait, c'est aux urgences de la Clinique Allemande de Puerto Varas que nous nous retrouvons. Le cas de Michèle est vite diagnostiqué : laryngite. Quant à moi, c'est un peu plus sérieux, on me fait une radio des poumons : bronchite avec obstruction. Chacun d'entre nous a droit à une séance d'inhalation d'un broncho-dilatateur.
Avec quelques médicaments, tout devrait être en bonne voie d'ici 2 jours ! Et le médecin nous dit que nous avons fort bien fait de venir le voir car dans le Sud où nous allons demain il fait plus froid, plus humide ... sans parler du manque de médecins dans cette région de hautes montagnes ...
En achetant nos médicaments à la pharmacie, Michèle a l'idée d'acheter une petite petite bouteille de lotion de toilette pour l'offrir au fils d'Inti qui fête ses 16 ans ce soir ...
Devant notre auberge, une procession des élèves de l'école voisine se met en place avant de défiler dans la ville. On en arrive à parler avec Inti du rôle de l'Eglise en Amérique Latine.
Inti dit que la hiérarchie catholique est très conservatrice mais que le petit clergé est souvent resté près du peuple. Pendant les dictatures chilienne et argentine, les curés ont joué un grand rôle pour empêcher que la répression soit trop féroce. Quand on lui parle du Pape argentin actuel et de la collaboration qu'il aurait eu, d'après certains, avec Videla, un des chefs de la junte argentine, Inti s'inscrit en faux. Ce Pape là, il ne lui trouve qu'un seul défaut, c'est d'être argentin et pas chilien !

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