mercredi 2 mars 2016

Inde (18) : Arrivée à Ahmedabad

Lever aux aurores pour aller prendre le train d'Ahmedabad. Le départ est prévu à 6h20, et il faut être là 30 minutes avant. Vital et Varsha tiennent à nous raccompagner tous les deux jusque sur le quai. Tous nos compagnons de route sont là avec les familles qui les ont hébergé ici à Mumbai. 
Encore des adieux avec la larme à l'œil.
Le voyage dure plus de 6 heures pour franchir les 490 kilomètres qui séparent Mumbai d'Ahmedabad, la plus grande ville de l'Etat du Gujarat, 7 millions d'habitants tout de même. Le Gujarat, l'Etat qui a vu naître Gandhi, est baigné par la Mer d'Oman. Il jouxte le Pakistan et se trouve à moins de 1000 kilomètres de la Péninsule Arabique.
Notre train est un "rapide" (80 kms/h de moyenne) avec des wagons de première classe. J'essaie de dormir un peu mais c'est difficile parce qu'on nous apporte sans cesse à manger : un thé avec un biscuit, un petit déjeuner complet, un déjeuner avec plat chaud, une glace, ...
 
Par moment le train se met à rouler très vite. Il traverse des gares, dans lesquelles il ne s'arrête pas, à une vitesse folle. Il vaut mieux ne pas se trouver près de la voie quand on est sur le quai!
La voie ferrée traverse d'abord une zone de marécages côtiers. Des pêcheurs ramassent du poisson sur de vieux bateaux qui évoluent dans une sorte de brouillard. Le soleil a du mal à percer.
Les champs sont découpés en petites parcelles où on cultive des légumes et des céréales. 
A la gare d'Ahmedabad, nous sommes accueillis dès notre descente sur le quai par les familles qui nous hébergent. Nous sommes affectés chez Trupti et Chetan. Trupti ne parle pas mal français. 
Notre hôtesse à Ahmedabad, Trupti
Le hall de la gare d'Ahmedabad
Trupti est une femme très dynamique qui a été prof d'anglais pendant 20 ans avant de prendre une retraite anticipée. Son mari est conseiller financier. Ils sont assez aisés sans être évidemment richissimes. Ils ont deux filles qui ont fait des études supérieures et vivent aux Etats-Unis.
La maison de Trupti et Chetan
Trupti et Chetan sont des personnes très ouvertes. Trupti dit que l'amour doit passer au dessus de tout. Dans leur maison, on trouve des images pieuses et des objets de culte de plusieurs religions. Il y a une reproduction de la Cène chrétienne, aussi bien que des sourates du Coran et évidemment des petites statues des Dieux hindous. Comme Ashok et Vasanti à Nashik, ainsi que Vital et Varsha à Mumbai, ils vénèrent plus particulièrement Saï Baba, ce Saint homme qui a prêché la tolérance religieuse. Une idée judicieuse dans cette ville dans laquelle de véritables massacres entre Musulmans et Hindous ont eu lieu en 2002 ...
Dès que nous avons fini de manger - pourtant nous n'avons pas arrêté de grignoter dans le train, mais Trupti se serait vexée si nous n'avions rien mangé - notre maîtresse de maison qui est aussi une maîtresse femme m'invite à devenir immédiatement son amie Facebook et WhatsApp car c'est une vraie geek qui n'a pas peur de l'informatique! Elle installe aussi WhatsApp sur le mobile de Michèle en deux temps trois mouvements et n'hésite pas à essayer tous les réglages ... Et au bout du compte ça finit par marcher! 
En fin d'après-midi, nous sommes invités chez le Président de l'Association locale, Maitree. C'est un avocat fortuné (on voit ça au fait qu'il a une grosse BMW) qui nous reçoit dans son grand jardin. Tout le monde est là: les 12 Francais évidemment, toutes les familles qui nous accueillent aussi et même d'autres amis indiens.
 Avec Trupti et Virendra, un homme très sympathique, ancien Président de Maitree
On nous présente le programme des 10 jours. Plusieurs Français regrettent qu'on doive se lever tôt pendant plusieurs jours. Ce n'est pas mon cas! Cela ne me pose aucun problème de suivre un rythme soutenu pendant quelque temps si c'est pour découvrir des choses intéressantes ou faire de belles rencontres. Et justement, le programme semble alléchant et très varié. Maitree nous remet un petit fascicule fort bien fait qui détaille nos activités. C'est très professionnel.
On nous offre un bon repas du Sud de l'Inde avec différentes préparations à base de riz, des sauces très relevées  - bien que nos hôtes aient prévu d'autres moins piquantes pour nous  pauvres Français ! et aussi quelques gâteries sucrées. Tout ça est excellent mais le piment fort à haute dose commence à me détruire l'estomac.
Tout le monde est bien logé avec des hôtes très sympathiques qui pour beaucoup parlent un peu de français, comme Trupti. Sauf Marie qui apparemment n'a pas de chance ... Elle est hébergée dans une famille qui habite une sorte de HLM dans lequel il y a beaucoup de bruit. Elle n'a pas pu faire la sieste malgré sa fatigue et sa famille l'a un peu laissée tomber ensuite ... Seul le mari parle un peu d'anglais. Marie en est toute retournée. 
Puis il est temps de nous diriger vers les bords du Sarbamati, le fleuve qui baigne Ahmedabad. De gigantesques panneaux aux couleurs de l'Inde (vert, blanc et orange) illuminent la rivière. On célèbre la Fête des Cerfs-Volants, le International Kite Festival.
Sur la grande esplanade au bord du fleuve, des chanteurs se produisent sur une immense scène avec des retransmissions sur grand écran. Une femme à la voix hystérique les présente.
Nous écoutons en particulier un chanteur très célèbre en Inde. Il est venu spécialement de Mumbai où il exerce ses talents dans des films de Bollywood qui comportent tous plusieurs scènes chantées. Par sa physionomie et la sonorité de ses chansons - qui ressemblent à de mélodies arabes - on dirait un peu Khaled. A moins que cet homme ne soit le Julio Iglesias du Gujarat.
Comme nous nous mettons à sautiller en rythme et même esquisser quelques pas de rock, toutes les têtes se tournent vers nous. On nous applaudit, on nous acclame!
Ici, on ne doit pas voir beaucoup d'étrangers. Les parents s'approchent de nous et nous demandent de faire une photo avec leurs enfants. Partout les gens sont gentils et prévenants avec nous.
En voyant ça, on n'imagine pas que dans cette même Inde il y a tant de violence, contre les femmes, contre les Intouchables, que dans cette même ville, il y a moins de 15 ans 2000 personnes ont perdu la vie dans de véritables pogroms entre Hindous et Musulmans ... A un carrefour, il y a une statue qui rend hommage à une femme Jaïn qui a été tuée par un boucher parce qu'elle s'était mise en tête de libérer les vaches ... Retour à la maison après avoir pris un petit jus de fruits naturels.
Comme dans le train je me suis fait un tour de reins en soulevant nos valises pour les mettre dans le filet au dessus de nos têtes, un monsieur qui m'a vu handicapé s'approche et préconise l'application d'une crème. Il part me chercher le tube de crème en suivant à la pharmacie. Et en plus, pas question de le rembourser. Incroyable !



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