mercredi 2 mars 2016

Inde (27) : Ahmedabad, la cuisine des Hare Krishna, et fête de départ


Comme prévu, ce matin, beaucoup de Français sont mécontents. Parce que nous avons dû nous réveiller très tôt. Le rendez-vous au point de départ était à 6 heures. Hier la plupart avait décidé de ne pas venir, ne sachant même pas exactement quel était le programme. J'étais le seul à dire que je faisais confiance aux organisateurs indiens . Bien m'en a pris car cette visite était très intéressante et inattendue. A environ 30 minutes d'Ahmedabad nous arrivons dans une usine, avec à côté un grand temple moderne. Étrange !
Le temple est celui les dévôts de Hare Krishna. Aucun doute là dessus. Dès que nous entrons nous voyons une quinzaine de moines habillés avec des habits amples de couleur orange. Ils sont rasés, n'ayant qu'une petite queue de cheval au sommet du crâne. 
Et ils chantent "Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare,  Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare" en boucle. Dans cette secte, il faut répéter ce mantra 108 fois par jour !
Ils dansent aussi en rythme sur une musique répétitive accompagnée de clochettes. L'un d'entre eux s'approche de la statue d'un saint avec un encensoir. Un autre se couche face contre terre pour exprimer sa vénération de Krishna.
On nous invite à chanter, danser et participer à la cérémonie, on nous coiffe brièvement d'un petit chapeau métallique après que nous ayions fait le tour des statues dans le sens des aiguilles d'une montre. Lord Krishna est souvent représenté sous la forme d'un enfant avec un encensoir ou bien une sorte de petit balai.
Cependant la chose la plus intéressante n'est pas la visite du Temple Hare Krishna. Nous avons d'ailleurs déjà été en visiter un semblable à Mumbai. 
Chetan m'avait parlé de Food Bank mais il s'agit plutôt d'une Cuisine Scolaire Centrale. Le gouvernement indien a décidé en 2003 d'externaliser la fabrication des menus pour les cantines scolaires. La qualité, l'hygiène, et la qualité nutritive étaient auparavant sérieusement défaillantes quand c'étaient des cantines qui préparaient les repas dans chaque école. Le marché a été remporté par la Fondation Akshaya Patra, une ONG liée à la secte Hare Krishna. 
Elle reçoit des subventions gouvernementales ainsi que des dons d'entreprises ou de particuliers pour préparer et distribuer tous les matins aux enfants des repas gratuits. La Fondation a donc construit des usines largement automatisées qui fabriquent des rotis (pains indiens), des légumes (épicés cela va sans dire), du riz, .... Tout est très bien organisé et semble très hygiénique. Avant de visiter l'usine,on nous demande de revêtir des coiffes et des protèges-souliers pour éviter les contaminations. 
La fabrication des rotis (pains indiens)
La cuisson du riz, des légumes et de la sauce épicée
Il y a 24 cuisines comme celle-ci dans toute l'Inde qui fournissent des repas à 1,4 millions d'écoliers et 3 dans le seul Gujarat. Celle d'Ahmedabad que nous visitons ce matin prépare les repas de 120 000 enfants répartis en 670 écoles localisées dans un rayon de 100 kilomètres. Des dizaines de petits camions transportent les plats préparés tous les matins très tôt. Voilà donc pourquoi nous avons dû nous lever de très bonne heure! 
Tout respire la richesse ici, à commencer par le temple dont les sols sont en marbre.  Comme chez nous dans beaucoup d'églises catholiques, l'opulence est la marque de la puissance et a un effet d'aimant sur ceux qui ne possèdent pas grand chose.
Le moine-chef nous accueille dans une salle de réunion qui ressemble plus à une salle de conseil d'administration qu'au local de la Banque Alimentaire de Pau ... 
Suit une réunion où les mérites de la secte sont présentés. Un peu du style Mormons ou Témoins de Jéhovah, mais en plus intelligent. Le moine-chef à une formation d'ingénieur informaticien (ça mène à tout).
Il parle avec calme et il a l'air bien dans sa peau. Les remarques de Philippe qui lui dit qu'en France ceci ne pourrait pas exister (à cause de la séparation des Eglises et de l'Etat), ou bien sa question qui interroge sur la création du monde ne déstabilisent en rien notre moine qui maîtrise sa métaphysique comme pas deux. Il arrive même à faire entonner comme qui rigole par le groupe qui comporte pas mal de mécréants, le chant des Hare Krishna. Ils sont forts en com ces Hare Krishna ! D'ailleurs ils font de la pub pour leurs sites Facebook et Whatsapp !
Retour à la maison de bonne heure. C'est l'heure préparer le repas français pour ce soir. Ce sera déjà la soirée d'adieu avec les Indiens puisque nous quittons Ahmedabad demain très tôt.
Trupti a demandé à son employée et à son mari de venir nous aider dans la corvée de peluche des pommes de terre. En ce qui nous concerne, nous devons préparer un gratin dauphinois, une piperade, et des veloutés d'asperge et de potiron, pour 30 personnes. 
En milieu d'après-midi, nous partons décorer la salle avec les ballons et les affiches que chacun d'entre nous à apportés. 
Les Indiens ont fabriqué un tableau avec les photos qu'ils ont prises pendant notre séjour.
Philippe fait un beau discours en anglais pour remercier nos hôtes et les organisateurs du programme. 
Puis c'est le moment de chanter. Avec Michèle, Nelly et Françoise - les Pyrénéens de la bande - , nous avons choisi "Montagnes Pyrénées".
 "Frère Jacques" est ensuite proprement exécuté, et en canon ! Et l'incontournable "Champs Elysées" que connaissent déjà plusieurs Indiens qui sont venus en France !
Nelly fait courageusement son numéro de danse basque (la kaskarotak) en solo. 
Lily nous joue le Corbeau et le Renard (avec traduction en anglais). Noëlle se lance dans un petit numéro de magie. Plusieurs dansent un peu de polka. Puis, c'est le moment de la tombola où chaque Indien (ils sont 72) reçoit un petit cadeau. Nous en avons en effet apporté pas mal dans nos bagages. Ce soir, ma valise s'est allégée de 5 kilos !
Vient le moment de tester les plats français. Nos amis indiens sont très prudents. Avant d'accepter de remplir leur assiette, ils demandent à tester un petit morceau. Ils doivent trouver notre cuisine très fade, je suppose. 
Les Jaïns sont les plus méfiants: ils ont un régime très strict (sans viande, ni poisson, ni oeufs) et de plus ils ne mangent que la nourriture préparée le jour même. Ils ont d'ailleurs apporté leurs propres plats parce qu'ils devaient se douter que peu de choses leur conviendraient. Notre gratin dauphinois et notre piperade - qui est très épicée la faute au fait que les piments doux que nous souhaitions acheter ont été remplacés par des piments forts - remportent malgré tout un certain succès, ils sont liquidés en très peu de temps !
La soirée se termine assez tôt. Plusieurs d'entre nous ont un avion tôt demain matin. Au revoir à nos amis indiens, au revoir à nos compagnons de voyage français, sauf Lily et Jean-Louis qui vont faire le tour du Rajasthan avec nous.
Dernière soirée avec Trupti et Chetan, nos amis d'Ahmedabad qui nous ont si bien reçus
Les derniers à goûter nos plats français, ce sont les SDF auxquels Trupti a apporté les restes de la soirée ! Ils ont dû trouver cette nourriture bizarre ...




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