mercredi 2 mars 2016

Inde (26) : Ahmedabad, l'Alliance Française, la mosquée

A l'Alliance Française d'Ahmedabad, nous rencontrons des Indiens qui apprennent le français.

Ils sont cinq, de formation et d'emploi très différents : un étudiant en gestion des entreprises originaire du Rajasthan, un salarié d'un centre d'appel anglophone qui voudrait travailler en France, un chef d'entreprise qui veut aider sa fille qui apprend le français, un qui ne s'exprime pas beaucoup, un étudiant en économie. Nous pouvons parler pendant plus d'une heure avec eux. Ils comprennent assez bien ce que nous disons mais ne s'expriment pas encore parfaitement. Deux d'entre eux voudraient partir travailler en France mais ils se rendent bien compte que c'est très difficile d'obtenir un visa. Il leur reste le Québec ... Quand on leur parle de la situation économique de la France, du nombre de chômeurs, du fait que nous hébergeons actuellement quelqu'un qui n'a pas de maison, ils font des yeux ronds et sont très étonnés. Pour eux, l'Europe est un eldorado.
Ils nous demandent ce qui nous a frappé en Inde. Nous leur répondons le système des castes, les mariages arrangés, l'omniprésence de la religion, ce qui ne les étonne pas. Pour eux, la religion, c'est la culture, les mariages arrangés aussi. Il n'est pas possible de faire évoluer tout cela. Quand je leur dis qu'il y a 100 ans en France c'était un peu comme chez eux - quant à l'importance de la religion et de la famille, à l'inexistence du divorce et de la contraception, et que cela a beaucoup changé depuis cette époque - ils sourient, mais je ne suis pas sûr qu'ils approuvent ce type d'évolution. Ils nous disent qu'en Inde, la famille étendue est quelque chose de sacré. Tout le monde vit avec ses parents et ses enfants sous le même toit. Dans ces conditions, il est difficile de divorcer par exemple, cela voudrait dire qu'on abandonne sa famille ou sa belle-famille. C'est difficilement concevable. Pour eux le divorce est une mauvaise chose, et pour nous une liberté. Ils vivent dans une société fermée où l'être humain se doit d'appartenir à une communauté - une caste, une famille - et nous dans une société où l'individu est heureux en jouissant de sa liberté individuelle. Deux conceptions du monde. Ils pensent que les mariages arrangés sont une bonne chose car cela remet de rapprocher deux familles qui n'en font alors plus qu'une. Les trois qui sont mariés n'ont qu'un seul enfant. C'est quelque chose de nouveau en Inde. Voilà une chose qui commence à changer ... Il était temps car l'Inde a maintenant plus de 1,2 milliard d'habitants, et va bientôt dépasser la Chine ... On parle aussi sport. En Inde, le sport-roi - ils disent que c'est une vraie religion - c'est le cricket. Et chez nous c'est un jeu inconnu uniquement pratiqué par les Britanniques.
Nous aurons l'occasion de constater, tout au long de notre voyage, l'influence que peut avoir l'Alliance Française dans la promotion de la langue et de la culture françaises en Inde. Et c'est partout comme ça dans le monde ! Alors, je remercie la Directrice de l'Alliance Francaise, une belle et grande femme qui a longtemps habité en Polynésie ... Décidément les "cultureux" sont quelquefois assez vernis ...
Le déjeuner se passe chez les hôtes de Lily et Jean-Louis. Leurs voisins ont dans leur sous-sol un temple privé magnifique que nous sommes invités à visiter.
Cet après-midi, ce sera la visite du Musée des Ustensiles. Je ne trouve pas ça très intéressant. Les poteries ne m'ont jamais passionné ! Je prends mon mal en patience.
 Une belle statue de Shiva dans la cour
 Un Dieu très entreprenant
Une statue sur un récipient en terre cuite
C'est alors que plusieurs de nos amis voyageurs expriment leur souhait de ne pas faire la ballade de demain matin parce que le départ est très matinal, 6 heures. Ils sont fatigués ... Sur le programme, il est écrit que nous devons aller au Temple ISKCON (Hare Krishna), alors Liliane dit qu'elle a soupé des temples hindouistes ... Lorsqu'on décompte finalement le nombre de personnes intéressées par la visite de demain matin, je suis le seul. Je maintiens mon point de vue parce que je pense aux Indiens qui se sont décarcassés pour organiser cette visite en prévoyant un rendez-vous avec un prêtre (j'apprends plus tard par Trupti que le temple sera fermé aux fidèles pendant note visite). Je ne sais pas si ça vaut le coup mais je veux bien tenter l'expérience. Pour l'avoir fait moi-même, je sais ce que c'est que d'organiser un programme de visites et à quel point cela peut être difficile de l'adapter au dernier moment.  Je m'accroche un peu avec Liliane qui insiste beaucoup pour que nous demandions tous l'annulation de la visite, en lui disant : Que veux-tu en insistant de la sorte ? Que je change d'avis ? Ou bien veux-tu t'auto-convaincre de la validité de ton point de vue ? Que chacun se détermine comme il veut ! En ce qui me concerne, je ferai ce que les Indiens décideront ! Mes questions ont au moins le mérite de mettre un terme à une discussion stérile ... d'autant que les Indiens nous annoncent finalement qu'il est impossible d'annuler car cela risquerait de compromettre leurs relations avec le temple pour de prochaines visites. 
La dernière visite de notre journée est la Mosquée Sarkhej Roza. Tout le monde est bien content car c'est la première mosquée que nous visitons en Inde.
 Les tombeaux de 3 Reines
Tombeaux de saints
Le Corbusier en avait comparé le plan avec celui de l'Acropole d'Athènes. Visite intéressante dans cette mosquée soufie (le soufisme correspond à une interprétation ésotérique et ascétique de l'islam dans laquelle l'amour, amour du Prophète, amour des autres, tient une place centrale).
Il est ici possible de prendre des photos partout, y compris dans les salles de prière. 
Et aussi devant le mausolée dShaikh Ahmed Khattu Ganj Bakhsh, l'ami et conseiller de Ahmed Shah I, sultan du Gujarat entre 1411 et 1442, celui qui a donné son nom à la ville d'Ahmedabad. On lui rend hommage en enfumant sa tombe avec un flot d'encens.
Rencontre avec des femmes qui amènent ici leurs petites filles et avec un groupe de jeunes garçons, espiègles comme tous les enfants de leur âge ...
De retour à la maison, je rejoins Michèle qui a passé son après-midi à faire des courses avec Trupti et a commencé à faire une tarte aux pommes. Je pars avec Chetan acheter les légumes nécessaires au gratin dauphinois et à la pipérade que nous offrirons demain soir lors de la soirée française. Il y a des embouteillages énormes si bien que nous ne revenons que tard le soir. On verra demain pour la préparation d'autant que le réveil est aux aurores !
Trupti a reçu un sms de la part de l'organisatrice indienne demandant aux hôtes d'insister pour que les Français participent à la visite de demain matin. Chetan a qui je dis que je participerai quoi qu'il en soit, me remercie beaucoup de faire preuve de compréhension. Compte tenu de la discussion de cet après-midi, je crains quelques remarques désobligeantes des Français demain matin ... 

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