mercredi 9 mars 2016

Inde (43) : Retour en France


Départ de notre hôtel de Delhi à 9 heures. Notre avion part à 13h10 heure locale, et il faut être enregistré 2 heures à l'avance. A l'aérogare, nous disons adieu à Padam, Gurjeet et Deepak. Padam dit "en Inde, on ne dit jamais adieu, on dit toujours au revoir, car on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve !". 
Nous avons bien fait d'être là tôt car je subis un contrôle très pointilleux de mes bagages cabine. Je dois absolument tout sortir: tablette évidemment, mais aussi appareils photo, chargeurs, adaptateurs, prolongateurs électriques, lampe frontale, ... Le tout est radiographié plusieurs fois. Quand je demande pourquoi on fait tout ça, un employé me dit que ma petite valise cabine présente un risque ... qui n'existait pas quand nous avons pris l'avion entre Delhi et Mumbai ou bien entre Ahmedabad et Delhi ! Par contre, mon respirateur qui avait éveillé les soupçons d'un contrôleur à l'aller ne les intéresse pas ici.
C'est qu'en Inde la bureaucratie est partout, et pas toujours très efficace. J'avais vu ça pour l'obtention de mon visa. J'avais initialement demandé un visa de tourisme de 6 mois. Pour une raison qui m'est inconnue, j'ai obtenu un visa de 3 mois seulement dont la date de fin tombait en plein milieu de notre séjour. Du coup, j'ai dû aller à Bordeaux expliquer mon cas auprès de la société privée charger de réunir les éléments nécessaires à l'obtention du visa indien. L'employé me dit alors de refaire une nouvelle demande, ce que j'ai fait, moyennant un nouveau versement de 100 euros, une deuxième fois. Finalement, j'ai obtenu un visa adéquat ...de 6 mois. Michèle avait eu son visa de 6 mois dès la première demande. Comprenne qui pourra ...
Un deuxième démonstration de la toute-puissance de la bureaucratie indienne, c'est quand nous devions nous enregistrer à l'arrivée dans chaque hôtel. On connaissait ça dans le temps chez nous aussi ... mais les choses se sont corsées à l'hôtel du Mont Abu où nous avons dû poser pour la photo pour alimenter notre dossier de séjour informatisé... et remplir un questionnaire poussé (au moins 15 minutes). Il a fallu 3 heures que notre groupe de 12 personnes ait le temps de tout remplir. En plus, à chaque hôtel sa méthode ...
Mais si le règlement est souvent paperassier, ça ne veut pas dire que les lois votées sont appliquées pour autant. Tout ça m'a l'air d'être assez arbitraire et laissé au bon vouloir du fonctionnaire local ! A moins que ce soit une question de bakchich ...
Une fois les contrôles passés, nous avons juste un peu de temps pour faire quelques emplettes au tax free shop et c'est l'heure d'embarquer.
L'avion n'est pas plein et je me retrouve avec comme voisine une charmante jeune femme indienne de 26 ans. Elle travaille depuis 2 ans à Paris dans une compagnie internationale de vente de vêtements de mode, et elle est dans le e-commerce. Elle parle bien le français. Elle est originaire d'Ahmedabad et me demande comment j'ai aimé sa ville et l'Inde en général. 

Je lui parle de notre périple dans son pays et aussi de notre séjour à Ahmedabad. Elle est Jaïn mais elle a commandé du vin ... nul n'est parfait ! Quand je lui dis que je croyais que les Jaïns ne buvaient pas d'alcool, elle me dit avec un sourire que j'ai raison. Elle me dit qu'elle aime bien Paris, vit dans le XVIIIeme, et qu'ensuite elle aimerait bien continuer à travailler dans une autre ville internationale parce que quand elle sera mariée, elle devra suivre son mari et que c'en sera fini de sa vie professionnelle ... Je lui demande si elle compte faire un mariage arrangé comme 90 % des Hindous. Elle me dit qu'elle préférerait choisir son mari toute seule et que sa famille est ouverte à cette possibilité. Par contre, sa mère ne voit pas d'un bon œil qu'elle reste à Paris parce qu'il est difficile de rester végétarien et qu'elle espère mieux pour sa fille que de se déplacer à pied dans le métro. Elle doit être d'un milieu très favorisé ... ou bien la mère a peur des agressions ou des attentats ? La jeune femme a un ami indien qui vit à Paris et qui, dit-elle, est "80% français et 20% indien". Les parents insistent pour que la jeune femme se marie rapidement, éventuellement avec cet Indien, mais à condition qu'ils ne restent pas à Paris. Apparemment, la France semble aux parents un pays de perdition, contrairement à l'Angleterre ou aux États-Unis où les Indiens peuvent plus facilement vivre en communauté et respecter leurs coutumes religieuses et alimentaires. Intéressant de comprendre ce point de vue. Notre laïcité ne plait pas à tout le monde !

Notre voyage se termine donc maintenant. De tous les voyages que j'ai pu faire, c'est sans doute - si je mets de côté la Papouasie où nous avons rencontré des tribus vivant comme à l'âge de la pierre - le pays dans lequel je me suis senti le plus "étranger". La religion, les coutumes et les rites, la culture au sens large m'ont paru tellement éloignés des nôtres  ! Et même si l'Inde est un pays qui se développe économiquement très vite et qui sait aussi faire preuve de modernité - par exemple en informatique les Indiens font partie des cracks - elle m'a semblé extrêmement attachée à ses racines culturelles mais aussi peu perméable aux idées philosophiques des autres pays. C'est pour moi à la fois une source de perplexité mais aussi de curiosité infinie. Il faudra que nous y retournions pour approfondir notre connaissance de ce grand pays qui sera très bientôt le pays le plus peuplé du monde ... Et en plus, nous avons maintenant beaucoup d'amis indiens qui attendent que nous revenions les voir un jour !

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