vendredi 4 mars 2016

Inde (34) : Rajasthan, Jodhpur

Une nuit agitée. Ma trachéite s'est réveillée, avec un peu de fièvre. Décidément, nous n'en sortirons pas ... Heureusement Jean-Louis me fournit en paracétamol. 
Le matin sur la terrasse de notre hôtel
La Forteresse de Mehrangarh édifiée au XVeme Siècle est dressée au sommet d'un plateau dominant la ville de 135 mètres. C'est un ensemble impressionnant de murailles crénelées surmontant de gigantesques falaises.
Ce sera notre première visite de la journée. Il faut grimper en passant à travers plusieurs portes proches les unes et des autres et disposées en quinconces. Ce système de barbacanes permettait d'éviter que les éléphants des éventuels agresseurs puissent prendre de l'élan et défoncer les portes. On passe à côté de l'endroit où un homme a été emmuré vivant au moment de la construction des remparts. Cet acte plutôt barbare était exigé pour s'assurer de bons auspices ... Un peu plus haut, on observe sur les murs des traces de mains oranges.
Ce sont les symboles des empruntes laissées jadis par des femmes dont l'époux avait été tué à la guerre. Elles se faisaient alors brûler vives sur le bûcher de leur mari pour éviter la déportation et parce qu'elles pensaient que ce sacrifice permettrait de préserver leur famille et leur cité. Décidément, les coutumes indiennes étaient décidément très exigeantes ... 
Sur la route qui monte à la forteresse, des chanteurs interprètent de la musique rajpoute, avec plusieurs instruments: flûte, sorte de violon, harmonium.
Des chanteuses à la voix stridente les accompagnent. L'une d'entre elles a même un bébé (il a du khôl aux yeux) que tout ce bruit n'a pas l'air de déranger le moins du monde.
 
Quelques (faux) sadhus se font prendre en photo pour quelques roupies. Ici un fumeur d'opium.
Le palais des Maharajas a été transformé en musée. On visite les appartements intérieurs, les salles de réception et les endroits où les femmes du Maharaja pouvaient observer les invités sans être vues, derrière des moucharabiehs.
Même lors de la cérémonie du mariage, l'épouse ne  pouvait être vue. Elle était protégée des regards indiscrets derrière son moucharabieh, et reliée à son mari par un grand tissu qui descendait de sa pièce du premier étage jusqu'au trône du Roi situé au rez de chaussée, lui bien visible. La ségrégation physique entre les sexes et l'obligation faite aux femmes de couvrir leur corps et de cacher leurs formes (deux manifestations du purdah) est une coutume, probablement originaire de la Perse, qui s'est progressivement étendue aussi bien en Inde que dans les pays arabo-musulmans. Elle était la règle du temps de l'Empire Moghol et influence encore les coutumes du Nord de l'Inde. 
Dans la cour intérieure, on découvre de magnifiques façades sculptées, avec des moucharabiehs.
Le musée est intéressant. On y trouve des peintures miniatures anciennes, des armes, quelques palanquins ayant appartenu aux Maharajas de Jodhpur.
La visite se termine par les appartements privés du Maharaja.
Les Maharajas de Jodhpur ont abandonné la forteresse au début du XXeme Siècle au profit du Umaid Bawqn Palace, un autre palais qui ressemble au Taj Mahal d'Agra, de style moghol, qu'on  aperçoit dans le lointain.
Ce nouveau palais a été construit dans les années 1930 pour résorber le chômage qui frappait à la suite de la crise économique. Les habitants de Jodhpur continuent de savoir gré à ce Maharaja de Jodhpur - un vrai keynésien ! - pour sa politique de "grands travaux". Les Maharajas n'ont plus aucun pouvoir de décision politique depuis la proclamation de la République Indienne, mais ce sont toujours de gros propriétaires terriens. 
Les cénotaphes de la famille royale ont été élevés à proximité de la forteresse, près d'un petit lac. Le beau temple de marbre blanc élevé à la mémoire de Jaswant Singh II est appelé le "petit Taj". A l'intérieur on trouve les portraits de la dynastie des Maharajas de Jodhpur et quelques photos des contemporains.
Une petite promenade autour de la Clock Tower. On pénètre dans le Sardar Bazar où les petits métiers fourmillent. On y fait preuve d'une activité débordante.
Les femmes hindoues habillées de tissus multicolores côtoient les musulmanes vêtues de noir. Beaucoup sont voilées, qu'elles soient musulmanes ou hindoues.
Le marché de gros des céréales fournit la ville en millet, blé (servant à la fabrication des différents pains), lentilles (noires, vertes, jaunes, roses), riz sous différente forme (dont celle aplatie que nous avons déjà goûtée auparavant), pâtes de toutes les couleurs.
Dans la grande rue qui mène à la Clock Tower, nous allons acheter du thé parfumé pour faire quelques cadeaux à notre retour. Avant de retourner à notre hôtel qui se trouve en plein centre, nous allons goûter le lassi (une sorte de yaourt liquide qui se boit soit salé soit sucré) dans un célèbre petit café proche de la Clock Tower. C'est vrai qu'il est excellent, et n'a rien à voir avec celui qu'on nous sert dans les restaurants. Il est crémeux, aromatisé au citron.
Retour à notre hôtel d'où on a une belle vue sur le Gulab Sagar, un petit lac.
Dîner au restaurant (chic) de l'hôtel, sur une terrasse d'où on aperçoit la forteresse illuminée. Mado et Jean-Paul ont déclaré forfait. Je teste pour la première fois une soupe locale (à base de lentilles) et de l'agneau avec une sauce curry et noix de coco. Pas du tout épicé et très bon !

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