samedi 7 mars 2015

Traversée indochinoise (10) : Nord-Laos, de Nongkhiew à Luang Prabang

Nous voici repartis pour Luang Prabang, la capitale du Nord du Laos. La route est encore longue depuis Nongkhiew, mais elle est en meilleur état que les 2 jours précédents. 
Le matin, le brouillard est toujours présent sur les montagnes et la température ne dépasse pas les 5 à 10 degrés. Au petit déjeuner, les moines se sont emmitouflés et ont mis des bonnets de laine. 
Le long de la route, les habitants des villages sont regroupés autour de feux de bois. Et on devise allègrement dans les vapeurs de gasoil des camions chinois ou dans un nuage de poussière soulevée par les véhicules. Aujourd'hui, c'est le week-end et il n'y a pas travail pour beaucoup, ni d'école pour les enfants ... 

Pendant ce temps là, les Chinois de la  Compagnie PowerChina continuent, eux, de travailler, par exemple en construisant un autre barrage sur la Nam Ou. Le dimanche ne doit pas être chômé pour eux. Ils doivent être un certain nombre puisque tout au long de la route sont apposés des panneaux en chinois vantant les mérites d'un centre d'hébergement ...
On parle avec Yai du fait que les Laotiens mangent les chiens, comme les Chinois et les Viêtnamiens d'ailleurs. D'après elle, la viande de chien serait recommandée pour réchauffer le sang de ceux qui sont frileux ... Mado, à bon entendeur salut .... 
La route traverse de temps à autre des rizières et quelques champs de tabac. Une fois le voile de brouillard levé, un paysage de montagnes abruptes se découvre dominant la Rivière Nam Ou. 
Yai nous dit qu'il s'agit de la Falaise du Renard, puis se ravise en nous disant que c'est la Falaise du Dragon. Comme souvent, nous avons l'impression qu'elle ne sait pas ... et qu'elle invente pour ne pas paraître incompétente. Ses qualités de guide sont très médiocres. Ses connaissances sur l'histoire ou la géographie de son pays sont limitées, et elle ne fait preuve d'aucun dynamisme dans les sujets qu'elle aborde. Lorsque nous lui posons une question, elle traduit immédiatement en lao pour transmettre la question au chauffeur, et c'est lui qui apporte la réponse. Son niveau en français est loin d'être bon. Et en plus, elle est malade en voiture ... Ca doit être un calvaire pour elle ... Mais, elle est gentille et très serviable, et c'est difficile de lui faire comprendre que ses prestations sont beaucoup trop limitées.
Peu avant d'arriver à Luang Prabang, on s'arrête dans un village d'artisans. On y produit et on y vend des articles en soie naturelle, et on y fabrique du papier. L'occasion d'acheter quelques souvenirs.


Nous avons un après-midi complet pour parcourir Luang Prabang et découvrir encore de magnifiques temples.  Malgré la fréquentation de très nombreux touristes étrangers, la ville est très calme. Un havre de paix au milieu d'une végétation luxuriante. 
Au marché de nuit, je marchande et j'achète une petite pipe a opium. Michèle s'achète un petit sac a dos. 
Pour le dîner, nous découvrons un très bon restaurant qui propose des plats sortant de l'ordinaire et très savoureux: porc aux pousses de bambous, panga au gingembre,  tilapia au lait de coco, nems parfumés à la citronnelle. Le patron  nous dit que ce sont les meilleurs de Luang Prabang ! Comme nous sommes de bons clients, il nous offre l'apéritif, le dessert et un verre d'alcool de riz. 

Puisque je parle de panga, il est temps de tordre le cou à une fausse information le concernant. Il serait d'après un article de l'AMESSI (Alternatives Médecines Evolutives Santé et Sciences Innovantes) un poisson asiatique toxique, nourri avec des excréments de porc et d'oie ... et susceptible de transmettre des maladies. Le site Hoaxbuster qui traque les canulars du web rétablit la vérité. Tout en reconnaissant qu'il s'agit d'un poisson sans qualités gustatives et nutritives, le panga est, ni plus ni moins, soumis aux mêmes méthodes d'engraissage que les saumons que nous mangeons sans problèmes. Pas plus, pas moins de pesticides que dans nos poissons d'élevage européens. Il faut souvent se méfier des entreprises de dénigrement des produits issus du Tiers Monde ... Elles ne sont pas toujours exemptes d'intentions moins louables, comme celles de maintenir un certain protectionnisme et d'éviter l'apparition sur nos marchés de produits venant concurrencer ceux proposés par nos industriels de l'alimentaire. Un mécanisme analogue a été employé il y a quelques années contre la perche du Nil dans le film "Cauchemar de Darwin" de Hubert Sauper, comme le révélait Jean-Philippe Rémy du "Monde" Contre-enquête sur un cauchemar ... C'était ma rubrique, je défends l'essor économique des pays en voie de développement ...

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