jeudi 26 mars 2015

Traversée indochinoise (22) : Siem Reap et Angkor Wat

Partant de Beng Melea, nous sommes en une heure à Siem Reap, la grande ville du Nord du pays. 1,5 millions d'habitants. 
A propos de démographie, le Cambodge compte aujourd'hui environ 15 millions d'habitants. Il en comptait 5 millions en 1975 au moment de l'arrivée au pouvoir des Khmers Rouges, et 3 millions 4 ans après ... Depuis, la population a fortement cru et une grande partie de la population est très jeune. Mais, ce n'est pas la seule raison de l'augmentation de la population. On pense que 2 millions de Vietnamiens sont venus s'installer depuis que l'armée vietnamienne a envahi le Cambodge et mis fin à la dictature sanglante des Khmers Rouges. Il y aurait aussi 500 000 Chinois dont beaucoup sont là depuis longtemps. 
Siem Reap grouille de monde. Une grande partie de la ville n'existait pas il y a encore 20 ans. Les grands hôtels de luxe fleurissent et on en construit encore. C'est que Siem Reap n'est qu'à moins de 10 kms du site d'Angkor Wat, le grand temple inscrit au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO. L'année dernière, 3 millions de touristes sont venus visiter Angkor. Cette année, on en attend 4, et l'an prochain 5. Une croissance qui ferait rêver beaucoup d'entreprises et de pays ! Les nouveaux venus sont surtout Asiatiques, Coréens et Chinois.
En attendant notre guide local, nous allons, Mado, Jean-Paul et moi, faire un petit tour à pied dans la ville. A la poste où je vais acheter des timbres, on me répond en français. La postière a, il est vrai, un certain âge et elle a dû aller à l'école avant 1975, date à laquelle les Khmers Rouges ont mis fin à l'enseignement du français, à l'enseignement tout court d'ailleurs ...
L'école anglaise où les enfants sont bien rangés par taille et sexe.
Au bord de la Rivière Siem Reap
Une grande pagode moderne se trouve sur notre chemin. A l'intérieur, beaucoup d'animaux, vaches, cerfs, ... Ici, les pagodes ont une grande pointe au milieu du toit, contrairement au Laos. 
Mais, c'est le Vieux Marché qui nous intéresse le plus. Il est absolument gigantesque, on y vend de tout. La partie alimentaire regorge de produits de toutes sortes.
Les vendeurs et vendeuses sont tous juchés sur leurs étals, assis en tailleur. 
Au rayon boucherie, celles qui officient sont toutes des femmes, voilées, donc musulmanes. Les Chams sont spécialisés dans la viande.
Nous sommes désormais un peu loin de notre petit hôtel, alors on décide pour y revenir de prendre un tuk-tuk, une carriole couverte où nous sommes bien assis, tirée par ... une moto.
Notre guide à Angkor s'appelle Polyn.  Il a 59 ans, est père de 4 enfants, et grand père de 5 petits enfants. Il est guide francophone depuis longtemps, et il a une fille guide qui parle japonais. Ses autres enfants travaillent tous dans le tourisme. Angkor fait vivre Siem Reap et d'ailleurs tout le Cambodge.
Il nous dit rapidement qu'il a vécu pendant 4 ans l'horreur de l'époque des Khmers Rouges. Il avait 19 ans en 1975 ... 7 personnes de sa famille sont mortes à cette époque, dont son père instituteur. Les Khmers rouges avaient décidé d'exterminer tous les intellectuels parce qu'ils avaient de mauvaises idées et pouvaient corrompre les paysans et les ouvriers. Polyn a dû cacher le fait qu'il avait appris le français a l'école, sinon il aurait sans doute été exécuté. Il nous dit cela avec un gentil sourire. C'est très émouvant de l'entendre parler comme ça, simplement, dignement, presque avec discrétion de ce qu'il a, et de ce qu'ont enduré tous les Cambodgiens. Les grandes douleurs sont souvent muettes, tout au moins discrètes.
L'après-midi est consacrée à la visite du Temple d'Angkor Wat. Mais nous devons auparavant aller rencontrer dans une pagode des bonzes qui vont nous prédire l'avenir. Le chef des bonzes de cette pagode, située à la périphérie de la ville, célèbre une cérémonie dans lequel il récite des prières accompagné de 2 moinillons. Puis il nous asperge d'eau bénite.
Et vient le moment où nous devons donner notre date de naissance et notre signe astrologique chinois. Heureusement que notre nouveau guide connaît tout ça par cœur. Il trouve que je suis chat (lapin pour les Chinois) et Michèle tigre. Cela permet à notre chef des bonzes de réciter quelque chose tout en jouant avec ses doigts et de rendre son verdict. Pour Michèle, il faut faire attention pour la santé aux âges dont le numéro finit par 3, 5, 7, 9 et surtout 0. Pour moi, ce sont les âges dont les numéros finissent par 2, 6, 8, 9 et 0 auxquels il faut que je fasse attention question santé ou accident. Ça ressemble aux prophéties de Madame Soleil ... Et en plus, je dois faire très attention quand je vais au Sud.  Pour cette année 2015, impaire, c'est bon pour moi, mais Michèle doit être méfiante.  Et à la maison, il faudra que je fasse attention quand je vais dans le jardin, situé au Sud. Voilà, je résume. La vie du monastère poursuit ensuite son cours.
Muni de ce viatique, je peux partir à la découverte du temple d'Angkor Wat, dédié à Vishnou, le dieu protecteur hindouiste. C'est un véritable choc, d'abord par sa dimension. Il s'étend sur 200 hectares entourés d'une grande rivière. Angkor Wat était la résidence royale du temps des Khmers entre le XIeme Siècle et le XIVeme Siècle. Au centre de l'ensemble se trouve un véritable château à 5 tours monumentales. Il est assez bien conservé entre autres parce que la pierre utilisée, le grès, a pu résister à la végétation qui a prospéré pendant 4 siècles, la période pendant laquelle le temple a été oublié, entre l'invasion siamoise qui a détruit l'Empire Khmer, et sa redécouverte par le Français Henri Mouhot en 1859.
Angkor Wat est une représentation symbolique du Mont Meru, la montagne mythique dans laquelle vivent les dieux hindous.On dit que c'est le site religieux le plus grandiose au monde. C'est en tout cas le l'âme et le coeur du Cambodge, l'emblème national de la nation khmère. Un mur extérieur de 1200 mètres sur 800 mètres, entouré par une douve large de 190 mètres,  protège le temple-palais. Le temple central comporte 4 tours placées au sommets d'un rectangle et une tour centrale. Chaque tour est coiffée d'un dôme en forme de bouton de lotus.
L'ensemble des 5 tours
La tour centrale
Plateforme supérieure
 Le temple, hindouiste à l'origine, est devenu bouddhiste de nos jours. Ici un Bouddha couché.
 
Les sculptures et bas-reliefs sont absolument splendides et beaucoup sont encore en très bon état. Une grande fresque murale représente les victoires du roi accompagné de ses généraux.
Une autre représente la vie sur terre, le paradis et l'enfer où on fait subir aux méchants des supplices en rapport avec leurs mauvaises actions.
Mais, ce sont surtout les sculptures des belles danseuses, les apsaras, qui attirent l'attention. Il y en a plus de 3000, toutes différentes par leurs physionomies, leurs costumes, leurs coiffures, leurs postures.
Des macaques se promènent au milieu de la foule compacte et montrent des dents, qu'ils ont fort pointues, lorsqu'ils sont mécontents ou cherchent de la nourriture.
Très beau coucher du soleil, tout rouge a cause de la brume de chaleur qui s'est levée dans l'après-midi.
Polyn nous propose d'aller voir un spectacle de danses khmères dans un grand restaurant-buffet. Les figures ressemblent étrangement à celles de la danse balinaise. Il est vrai que la culture balinaise est aussi hindouiste à la base.
L'immense salle est remplie de Chinois qui sont venus ici manifestement pour manger un maximum au buffet du restaurant et qui s'échappent alors que le spectacle vient de commencer. Et c'est tant mieux parce les Chinois qui prennent des photos sont redoutables. Ils se plantent debout devant vous, vous empêchant de voir quoi que ce soit. Ils sont souvent d'un sans-gêne sans limite ...

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