lundi 10 avril 2017

Cuba (15) : de Cienfuegos à Viñales

Ce matin Roberto s'est lâché en parlant de la vie à Cuba. Il nous dit que la vie est dure ici, en particulier parce que les salaires sont extrêmement bas. Un médecin généraliste - un métier très bien considéré à Cuba - gagne un peu plus de 40 CUC par mois alors qu'un taxi peut facilement gagner la même somme en un seul jour en transportant des touristes. Le commerce a été en partie libéralisé depuis 10 ans et le mouvement continue. Du coup, certains commerçants gagnent mieux leur vie que lorsqu'ils étaient fonctionnaires.  Par contre, beaucoup de gens ont vu leur niveau de vie baisser par suite de la hausse des prix à la consommation. C'est lié en partie au contrecoup de la hausse du prix de l'énergie après que le Venezuela ait baissé ses livraisons de pétrole pas cher à Cuba (effet de la baisse des prix du pétrole et de la désorganisation qui règne au pays de Maduro). Roberto dit que les deux seules choses qui marchent à Cuba sont la santé et l'éducation. Les Cubains qui ont des difficultés à vivre et à se loger ont moins d'enfants qu'auparavant et il n'y a pas assez de renouvellement des générations. Comme les salaires sont très bas, la plupart des gens ont un deuxième travail pour pouvoir nourrir leur famille. Et beaucoup trafiquent, les premiers étant les membres des CDR. Il y a aussi beaucoup de corruption dans l'administration, chacun essayant de monnayer sa situation. Pas mal de vols aussi, ce qui explique que toutes les maisons soient équipées de grilles de protection. Les CDR qui avaient auparavant le rôle de surveiller les activités contre-révolutionnaires dans tous les quartiers n'on plus ce rôle depuis plusieurs années, du coup ils se transforment en groupes de personnes qui tirent parti de leur proximité avec le pouvoir, en obtenant par exemple des droits de louer des chambres pour les étrangers, ce qui peut assurer un revenu substantiel. Roberto espère quitter au plus vite Cuba et il a un plan pour partir travailler en France. Il ne croit pas que sa situation y sera plus dure que celle qui est la sienne à Cuba. Il parle le français -qu'il a appris à l'Alliance Française et pratiquée avec les touristes qui viennent coucher à la casa particular dont il a la charge - et l'italien et compte apprendre rapidement l'allemand. Roberto admet que la situation s'est améliorée à Cuba depuis que Raul est au pouvoir. Il semble plus pragmatique que son frère Fidel. Cependant, l'évolution est très lente, Roberto pense que le système va évoluer "à la chinoise" (une forme de capitalisme avec un parti communiste qui détient le pouvoir politique). Mais Cuba n'a pas les ressources de la Chine ... Alors ?
La route de Cienfuegos à Viñales dans l'Ouest de Cuba est particulièrement inintéressante. Paysages tout plats la plupart du temps, sauf en ayant passé La Havane où réapparaissent quelques petites montagnes. Toujours de grands espaces réservés à l'élevage de quelques bœufs malingres, de rares rares rizières et champs de tabac. 
Des champs de maïs font aussi leur apparition. La plupart du temps, nous suivons une autoroute, dont la chaussée est en bon état. De façon générale, les grandes routes, sans être excellentes, sont dans un état correct. Ca n'empêche pas les accidents souvent dus à un mauvais état des véhicules.
Le long de la route, des paysans vendent des poulets rôtis ou des fruits.
Arrêt dans un petit café au bord de l'autoroute où on mange un panini jambon-fromage dans lequel on a mis un peu de ketchup et des pickles. Avec une bière de type Corona, voilà qui fait notre affaire. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous sommes à Viñales, un village situé au milieu des mogotes, des formations rocheuses particulières qui bourgeonnent au dessus de la plaine. Le site est classé au Patrimoine de l'Humanité. 
Le petit village de Viñales est littéralement envahi par les touristes. Du coup, on y vend beaucoup d'articles de pacotille. Le Che y tient une place importante, de même que les voitures américaines ou les maracas ... Bref, un concentré de culture cubaine pour touristes en goguette recherchant des souvenirs ...
La présence massive de touristes est sans doute aussi la raison de la présence de ce panneau protestant contre l'embargo qui frappe Cuba depuis 60 ans.
Un petit tour en groupe dans le village nous permet de constater qu'il ne comprend presque que des restaurants, bars, magasins de souvenirs et casas particulares
On prend une boisson dans un bar où on est censé pouvoir écouter un orchestre. Mais ici, la pause syndicale c'est un quart d'heure toutes les 5 minutes, match de football oblige. Pourquoi les Cubains s'intéressent-ils aux matches de la Coupe d'Europe des Clubs Champions, eux qui n'ont pas d'équipe de football digne de ce nom et qui érigent le base-ball au rang de sport national ?

Nous prenons notre diner chez nos hôtes de Viñales. Voici  Mayita qui tient la Villa Rosa de Papel ! Elle nous demande de faire de la pub en France pour sa chambre. Alors,voilà,c'est fait !
Comme d'habitude, pour 12 CUC (12 €), le diner est très copieux : soupe de tomates avec des pâtes, salade de crudités, langouste en sauce tomate, riz blanc avec manioc et haricots noirs, chips de plantain, fromage et crème de mangue. Le tout avec une bonne "bière nationale" Cristal. Ce soir, nous allons bien dormir!

Quelques fleurs et fruits de Cuba

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