jeudi 3 avril 2014

Périple en Amérique Latine (30) : Traversée de la steppe patagone (27 janvier 2014)

Longue journée de bus pour rallier Punta Arenas au Chili depuis El Calafate, en passant par Puerto Natales. Environ 500 kms en 2 étapes, et en traversant à nouveau la frontière de l'Argentine avec le Chili. Au départ, au terminal des bus d'El Calafate, un spectacle étonnant, celui de cet employé qui nourrit de manière très équitable 5 chiens errants (il y en a beaucoup en Argentine comme au Chili), en leur apprenant le respect des autres !
Puis c'est le départ. 5 heures jusqu'à Puerto Natales en comptant les démarches aux douanes.
A la douane chilienne, ils sont très vigilants comme d'habitude sur la présence de produits alimentaires et phytosanitaires et il faut sortir tous nos bagages de la soute et les passer aux rayons X.
La steppe est absolument plate. C'est un paysage très monotone avec de grandes étendues herbeuses entourées de barrières de fil de fer barbelé, très désertiques au début, puis plus vertes quand on arrive près de Punta Arenas. Alors, la densité des moutons augmente au fur et à mesure que la journée avance. Quelques guanacos et nandous se nourrissent de cette maigre pâture. Et un groupe de condors vient sans doute se repaître d'un mouton mort.
A mi-distance de notre voyage, à Puerto Natales, nous nous restaurons à la Mesita Grande, une pizzeria ou tout le monde mange sur une seule grande table.
Un groupe de jeunes chiliens plaisante beaucoup avec 2 couples de français. Et nous, nous nous buvons une petite bière locale, la Austral.
Puis, c'est un nouveau bus qui nous transporte de Puert Natales à Punta Arenas. 3 heures de voyage supplémentaires. La pluie fait son apparition en cours de route,
mais comme le temps change très vite en Patagonie, c'est sous un beau soleil que nous arrivons dans la capitale de la Province de Magallanes. 150 000 habitants, nous dit le chauffeur qui nous amène à notre hôtel. L'architecture de cette ville ne semble vraiment pas extarordinaire.
La Cueva de la Virgin de Lourdes dans la rue : nous ne sommes pas dépaysés. Elle fait l'objet d'un culte plein de ferveur. Un jeune homme s'arrête, se signe et se met à prier sur le trottoir, devant la grotte.
Rien ne vaut un bon petit resto pour se remettre de cette longue journée de voyage. Et La Marmita vaut le détour !
Son chef qui a concocté une lasagne de légumes et de coquilles saint-Jacques est un as de la cuisine ! Avec la soupe au congre (recette de Pablo Neruda), un dessert, et un bon petit vin blanc, on s'en tire à 26 000 pesos chiliens, soit moins de 20 euros par personne. Qui dit mieux ? Et puis, à La Marmita, on a de l'humour. Voyez plutôt :
Vous n'avez pas compris ? Pourtant, même moi qui ne parle pas le castillan, je peux traduire cette fausse-pub pour Nescafé : "Nescafé 100% pur café, pardon ! pur caca" .

Aujourd'hui, c'était aussi le jour où la Cour de Justice Internationale de La Haye rendait son verdict dans le litige qui oppose le Chili et le Pérou à propos d'une zone de souveraineté maritime (assez petite). Ce litige lui a a été soumis en 1998 et la décision, très sensible dans les deux pays, a souvent été reportée. Finalement, la Cour a choisi une option qui accroît un peu le domaine maritime du Pérou, qui en est très satisfait, au détriment du Chili, qui en est dépité. Le sujet passionne des deux côtés de la frontière et nous voyons toute la journée - aux postes-frontière, à la pizzeria de Puerto Natales - les informations qui traitent du sujet et qui tournent en boucle à la télé chilienne. Au Pérou, le Président, les députés, la foule exulte. Au Chili, les réactions sont très mesurées sauf celles de nationalistes excités qui réclament devant la Présidence à Santiago de verser le sang, des autres je suppose, pour venger l'affront. J'espère que cela n'ira pas trop loin car dans quelques jours nous serons dans une région frontalière entre Chili, Pérou et Bolivie. Ce dernier pays n'a pour l'instant pas réagi mais il a aussi un différent frontalier avec le Chili depuis une guerre perdue ... en 1883. Tout cela montre l'existence d'une nationalisme pointilleux dans la plupart des pays sud-américains. Et puis, quand les choses ne vont pas très bien pour le peuple, un bon petit conflit peut toujours détourner l'attention. C'est une leçon que l'on connaît aussi par chez nous, non ?

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