samedi 5 avril 2014

Périple en Amérique Latine (35) : Santiago du Chili (1er février 2014)

Visite du Parque por la Paz qui a été créé après la fin de la Dictature. Il est édifié à l'endroit même où se trouvait la Villa Grimaldi, le principal lieu de torture et d'exécution de la DINA, la police militaire chargée de traquer les opposants au régime d'Augusto Pinochet.
Les militants des partis politiques de gauche et d'extrême-gauche, les syndicalistes ou membres d'organisation de travailleurs ou d'étudiants ayant soutenu le gouvernement de Salvador Allende y étaient conduits yeux bandés, puis séquestrés et "interrogés" par les tortionnaires de la police politique chilienne. Les corps de ceux qui étaient exécutés (il y en a 226 qui sont officiellement recensés mais beaucoup d'autres inconnus sont sans doute morts ici) étaient ensuite attachés à des barres métalliques, transportés en hélicoptère, puis largués en mer. Malheureusement pour l'armée, quelques corps sont remontés à la surface et ont été retrouvés sur des plages ...
 Des fouilles sous-marines effectuées après le retour de la démocratie en 1990 ont permis de mettre à jour quelques restes. 40 000 personnes ont été arrêtées sous la dictature et des milliers n'ont jamais été retrouvés. Ce projet d'élimination des militants "marxistes" - l'Opération Condor - a été mené en pleine coopération avec d'autres dictatures militaires sud-américaines (Argentine, Brésil, Bolivie, Paraguay, Uruguay) sous la houlette des États -Unis du temps de Ronald Reagan et Henry Kissinger, comme l'a montré la commission d'enquête, du Parlement Chilien. Pinochet dût rendre le pouvoir en 1990, sous la pression des gouvernements démocratiques du monde entier et du peuple chilien de plus en plus mécontent du sort que lui réservait le dictateur. Avant la fin de son règne, il ordonna la destruction de la Villa Grimaldi pour effacer toute trace des méfaits de la police militaire.
Sur la base de quelques vestiges, et des témoignages des survivants, le Parque évoque, sur les lieux mêmes des supplices, la vie des prisonniers: les cellules très réduites où les prisonniers étaient entassés et ne pouvaient pas s'asseoir, les coups et les menaces, les salles de tortures de différents types.
Une autre partie est consacrée à la mémoire des morts et disparus. Des familles de femmes détenues ont planté des roses.
Le mémorial avec les noms des exécutés.
 A la mémoire de Patricio Munita, 23 ans, militant du MIR, le premier des torturés et exécutés, 2 mois après la prise du pouvoir par l'armée chilienne
Chaque parti politique y a apposé une plaque pour rendre hommage à ses militants : le MIR (Mouvement de la Gauche Révolutionnaire) qui a versé le plus fort tribut, les Partis Socialiste et Communiste. La présidente nouvellement élue du Chili, Michelle Bachelet, a été détenue avec sa mère à la Villa Grimaldi.
Cette déambulation dans le Parc est extrêmement émouvante et on comprend mieux quel à été le sort de ces persécutés. Un peu dommage cependant que tout ceci ne soit pas mieux mis en valeur, par exemple par des œuvres d'artistes connus qui pourraient attirer plus de monde ... Nous étions les seuls visiteurs du Parc en ce samedi matin d'été et on dirait que l'oubli est déjà en marche ... Parmi les plus âgés, certains Chiliens sont encore partisans de Pinochet et les autres sont peut-être désireux de tourner la page. Quant aux jeunes, ils regardent plus l'avenir et les problèmes actuels du pays. 

Le reste de notre journée se passe chez Veronica qui nous a invité à venir manger dans sa toute petite maison (un peu plus de 50 m2) de Puente Alto. C'est avec grand plaisir que nous nous revoyons. Son mari qui est en congés, sa fille cadette et son petit garçon sont aussi là. Le repas que nous prenons tous ensemble est précédé par une prière dite par le mari de Veronica. Ils appartiennent à l'Eglise Baptiste et sont très croyants. Puis nous apprécions la cazuela, une sorte de pot-au-feu, qu'elle a préparée. Nous regardons les photos que nous avons faites au Chili et aussi quelques photos de famille de Veronica: celles de son enfance, de son mariage, du concours de beauté qu'elle a gagné dans une ville du Nord du Chili. Il y a beaucoup de chaleur humaine chez ces personnes et nous les quittons avec regret. Veronica est aussi très émue de nous voir partir. Peut-être reverrons nous un jour Veronica en France ? Ça serait sympathique !
Musique dans un Centre commercial et dans le métro

 

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