mardi 8 avril 2014

Périple en Amérique Latine (45) : de Sucre à Potosi (11 février 2014)

C'est Christophe, le guide français d'une quarantaine d'années qui est venu nous chercher à l'aéroport de Sucre, qui nous emmène dans son 4x4 à Potosi ce matin. 180 kms et 2 heures de demi de route. Christophe habite Sucre depuis 10 ans et il est marié avec une Bolivienne avec laquelle il a deux enfants. Il connaît bien la Bolivie et déborde d'activités : il a une agence de voyages (c'est à ce titre qu'il est avec nous), il loue des chambres d'hôtes pour des étrangers qui passent plusieurs semaines voire plusieurs mois à Sucre, il est dépositaire de produits pharmaceutiques pour un laboratoire et ... il est consul de France honoraire pour le district de Sucre et Potosi. Il a été il y a quelques années Directeur de l'Alliance Française de Sucre et a organisé des festivals et expositions d'art contemporain. Nous échangeons beaucoup avec lui sur la situation politique et sociale en Bolivie. Christophe n'est pas un partisan d'Evo Morales, c'est le moins qu'on puisse dire .... Il lui reproche d'avoir instauré un régime autoritaire et déséquilibré donnant beaucoup d'importance aux Indiens par rapport aux autres composantes de la société bolivienne. Par ailleurs, la corruption serait très importante avec des ministres qui contrôlent des pans entiers de l'économie quand ce n'est pas du trafic de la cocaïne. La Cour Constitutionnelle bolivienne vient d'autoriser Morales à se représenter à un troisième mandat de Président alors que normalement la Constitution n'autorise que 2 mandats successifs, parce que cette Cour serait toute entière dévouée au Président. Christophe nous parle de l'éducation publique bolivienne qui n'est pas d'un bon niveau et du fait qu'Evo Morales essaie de couper les vivres aux écoles privées. Cependant, l'opposition n'est pas du tout organisée, elle est très divisée et elle essaie plutôt de jouer sur les revendications autonomistes des régions contre le pouvoir central que d'organiser une alternative au plan national. Il faut dire aussi, ce que ne dit pas Christophe, que les partis d'opposition (de droite) ont soutenu pendant des années tous les pouvoirs dictatoriaux en Bolivie qui ont interdit toute expression démocratique, politique ou syndicale, et ont approuvé les choix économiques radicaux de privatisation demandés par le FMI et la Banque Mondiale, qui se sont avérés catastrophiques pour le petit peuple de Bolivie. Depuis, Morales a re-nationalisé les industries des matières premières (dont le gaz, dont la Bolivie est un gros producteur) et permis le désendettement du pays. Christophe reconnaît d'ailleurs que la situation économique de la Bolivie est meilleure depuis quelque temps, même si la population est encore très pauvre. Concernant les Indiens, était-il aussi concevable que perdure éternellement cette situation très inégalitaire et injuste ? Finalement, l'épisode politique actuel, avec ses points négatifs, pourrait être un point de passage nécessaire vers un développement plus équilibré du pays. La France elle-même a traversé beaucoup d'épisodes difficiles depuis 2 siècles avant de s'installer dans des structures politiques plus stables. Et encore, sommes nous si sûrs de notre futur pour donner en exemple notre propre société ?
Pendant que nous refaisons le monde bolivien, et aussi le français, nous sommes presque arrivés à Potosi. La route à traversé l'ancienne cordillère de Fraile puis grimpé sur l'Altiplano.
Potosi nous apparaît enfin.
Le Cerro Rico, la montagne remplie d'argent, domine une ville de près de 150 000 habitants,
dont les environs ne sont guère engageants : maisons avec des toits en tôle ondulée qui ressemblent furieusement à des bidonvilles. Potosi est un mythe en tant que tel, depuis qu'en 1545 les Espagnols ont décidé d'exploiter les mines d'argent du Cerro Rico. L'Espagne toute entière a vécu sur l'argent de Potosi, pendant plus de 2 siècles. Dès le XVIème Siècle, Potosi est devenue une des villes les plus importantes du monde. Elle comptait à cette époque 180 000 habitants, plus que le  Paris ou le Londres de la même époque.
Une fois installés, nous faisons un premier tour de ville à pied, et découvrons d'anciennes rues qui ont été belles. Elles mériteraient d'être sérieusement réhabilitées.
Il y a cependant de très beaux bâtiments qui datent de la période coloniale.
La Casa Nacional de la Moneda où on frappait les monnaies d'argent espagnoles est un musée passionnant qui permet de suivre tout le processus de réalisation des monnaies qui a fonctionné jusqu'en 1951.
Les presses
On y découvre aussi de belles peintures réalisées par des artistes boliviens, comme cette Vierge de Potosi
 Un cheval avec un regard presque humain
Quelques figures locales
Le cordonnier qui m'a rajouté un trou à ma ceinture (car j'ai maigri !)
Les femmes portent des jambières en laine, c'est l'hiver bolivien !
Le coin des mineurs retraités où on peut boire et manger

 

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