jeudi 10 avril 2014

Périple en Amérique Latine (50) : Salar d'Uyuni (16 février 2014)

C'est Freddy qui se présente ce matin à notre hôtel. Nous sommes un peu dans le brouillard. Bien qu'un peu plus faible qu'à Potosi, l'altitude - 3700 m à Uyuni - continue de produire ses effets néfastes: fatigue pour Michèle, difficulté de sommeil pour moi. Et comme, en plus, notre lit était équipé d'une planche en guise de sommier, ma nuit s'est terminée à 1 heure du matin. Mais, à cœur vaillant, rien d'impossible quand il s'agit d'aller voir une des merveilles d'Amérique du Sud, le Salar d'Uyuni.
 
Il s'agit d'un vaste désert de sel tout plat dont la superficie est de 12 000 km2, environ celle de 2 départements français. Mais avant d'y parvenir, il faut passer par le point de passage obligé, le village des magasins de souvenir qui est déjà fréquenté, en ce dimanche matin, par de nombreux 4x4. Notre devoir de touriste solidaire accompli, on peut se diriger vers le Salar, la plus vaste étendue de sel au monde. La "visite du centre de traitement du sel de Colchani" inscrite à notre programme est très vite expédiée: le sel récolté dans le Salar y est amené par camions, déversé par terre entre 4 murs plus ou moins effondrés, et réparti pour être empaqueté puis expédié. On peut dire que le sel d'Uyuni est resté très "nature" !
5 kilomètres après Colchani, nous arrivons au bord du Salar. C'est un choc ! Découvrir une telle immensité de sel blanchâtre devant nous, c'est indescriptible.
Il y a de l'eau qui recouvre le sel à de multiples endroits. Nous sommes encore pendant la saison des pluies, même si ces jours-ci, on commence à en voir la fin. Freddy se résout à faire rouler son 4x4 au beau milieu de l'eau.
Un peu plus loin, la croûte de sel est à peu près sèche et forme des hexagones.
Les  4x4 s'en donnent à cœur joie pour rallier au plus vite l'Hostal de Sal (l'Hôtel de Sel). Il s'agit d'un lieu de restauration entièrement construit avec des blocs de sel, planté là, au beau milieu du Salar. Si ce n'était la température, on pourrait se croire en plein Antarctique !
On y boit une bière sans alcool, la El Inca, histoire de montrer que nous ne sommes pas venus profiter du lieu sans dépenser le moindre boliviano.
Devant l'hôtel, trône une énorme statue de sel évoquant le Dakar 2014.
Freddy continue encore un peu en direction de l'Isla Incahuasî, une île improbable du Salar, recouverte d'une quantité impressionnante de cactus.
 
 Isla Incahuasi (image prise sur Internet)
Mais malheureusement, il y a encore trop d'eau pour envisager d'y aller.
Retour donc vers Uyuni, sans oublier de faire la photo traditionnelle de notre 4x4 comme posé sur un miroir.
Après un déjeuner dans un restaurant populaire d'Uyuni, nous allons voir la seule curiosité de la ville, le Cimetière des Trains.
Étonnant de voir, en pleine campagne, ces vieux - voire antiques - trains à vapeur tout rouillés qui servaient autrefois à expédier les minerais boliviens vers les ports du Pacifique d'où ils étaient exportéś vers l'Amérique du Nord ou l'Europe. Justement, la piste qui nous mène à San Pedro de Quemes longe la voie ferrée encore empruntée pour expédier les minerais vers le Chili, 2 fois par semaine. Les gares du coin ressemblent à celles du Far West !
On passe à proximité d'une usine qui produit du lithium, contenu en grande quantité dans le Salar. C'est une richesse de plus pour la Bolivie. Le lithium est utilisé dans les batteries et les composants des ordinateurs et sera donc un produit chimique largement utilisé dans le futur. Après le désert blanc de ce matin, c'est désormais au milieu d'un désert rouge que nous évoluons.
 Petit à petit, le long de la piste, des bandes de vigognes et de lamas font leur apparition.
Une vigogne
Un lama avec ses pompons aux oreilles qui indiquent qui en est le propriétaire
La piste a été emportée par les flots pendant la saison des pluies et nous nous félicitons d'être dans un beau 4x4... La quinoa est très cultivée dans cette région. Il paraît qu'elle coûte assez cher en Bolivie car l'essentiel de la production est exporté.
Quelques kilomètres avant d'arriver à San Pedro de Quemes, un autre hôtel de sel, mais opérationnel celui-ci.
Notre halte du jour se fait à l'Hostal de Piedra (l'Hôtel de Pierre), construit tout en pierres sèches, comme son nom l'indique. Magnifique vue sur la plaine et la fin du Salar d'Uyuni, ainsi que sur l'antique village qui a été abandonné après avoir été incendié par l'armée chilienne pendant la Guerre du Pacifique. On pourrait d'ailleurs traduire San Pedro de Quemes en français par Saint Pierre des Feux.
Nous partageons notre dîner avec Freddy, ce qui permet de continuer de parler du pays. Il nous dit qu'en Bolivie le divorce existe mais qu'il est très peu utilisé. L'Eglise catholique, très influente dans le pays, y est très hostile. Autre sujet abordé, celui de la politique scolaire d'Evo Morales. Ce dernier a décidé d'attribuer à chaque enfant scolarisé un montant de 200 bolivianos (25 euros) pour couvrir les frais de rentrée scolaire (pour le reste, l'école publique est gratuite en Bolivie). Et, nouvelle mesure d'Evo, les enfants qui réussissent bien à l'école peuvent maintenant toucher 1000 bolivianos (environ 130 euros). Freddy est réjoui, ses enfants travaillent bien!
Et avant de commencer notre repas, il verse un peu de vin par terre, pour la Pachamama. Comme pour se justifier, il nous dit : "Evo, il croit beaucoup à la Pachamama".

Aucun commentaire: